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Troisième des quatre guerres de Louis XIV, la guerre de neuf ans (1688-1697) ou guerre de la Ligue d’Augsbourg fut aussi la plus longue et la plus dure, par sa nature quasi-planétaire.
Cette guerre opposa la France de Louis XIV à une coalition comprenant le Saint Empire romain germanique, les Provinces-Unies, l’Angleterre, l’Espagne, la Savoie, la Suède et le Portugal. Deux facteurs ont joué dans le déclenchement de ce conflit : la répression des protestants par Louis XIV et son ambition hégémonique traduite par la politique des « Réunions ».
Yoann Taieb Martin Desjardins : L’Hérésie détruite. Médaillon en bronze commandé le 9 mars 1685 pour le piédestal de la statue de Louis XIV place des Victoires à Paris, détruite par les révolutionnaires. Agrandissement : La Religion terrassant l’hérésie, Jean Hardy, 1688, Paris, musée du Louvre.
En 1598, l’Édit de Nantes instaura la tolérance religieuse en France et mit fin aux conflits religieux. Des tensions ressurgirent, notamment en 1629 lors du siège de la Rochelle sous le règne de Louis XIII. Mais, peu à peu, les protestants rentrèrent dans le rang.
La France des premières années du règne de Louis XIV était une monarchie plus tolérante qu’auparavant et dans laquelle les protestants avaient droit de cité. Dans l’entourage proche du roi, son ambassadeur à La Haye, auquel il avait juré par une lettre écrite qu’il protégerait les protestants, l’était lui-même ainsi que le ministre Colbert qui menait une politique très favorable à leur égard, compte tenu de leur rôle prépondérant dans le commerce. Des personnages influents dans les cercles de la Cour, comme le maréchal de Turenne ou les peintres Jean-Baptiste Tavernier et Jean Petitot étaient également protestants.
Interdiction des prêches et arrestation des protestants à Paris après la révocation de l’Edit de Nantes, Gourdon de Genouillac, 1886. À l’automne de sa vie, cependant, le roi acta sa rupture avec les réformés. Dès 1661, des mesures furent mises en place à leur encontre, telles que l’interdiction des chants en public ou seulement à voix basse et, en 1678, l’interdiction de l’accès aux emplois et aux écoles.
En octobre 1685, Louis XIV émit l’édit de Fontainebleau, révoquant l’édit de Nantes. Cette nouvelle mesure interdit toute pratique de la religion protestante et toute émigration des protestants. Les pasteurs furent contraints de se convertir ou de partir dans un délai de quinze jours. Cette révocation conduisit à des départs clandestins vers des pays d’accueil et à de nombreuses conversions, sincères ou non.
L’exaspération contre le roi se manifesta par des pamphlets, des libelles et beaucoup d’écrits injurieux le qualifiant de « scélérat », de « démon de l’enfer », d’ « antéchrist », « bête de l’apocalypse ». Beaucoup en profitèrent pour critiquer le fonctionnement « tyrannique » de la monarchie française, une exception en Europe.
En plus de la politique de répression à l’égard des protestants, ce furent les ambitions guerrières du roi qui effrayèrent l’Europe. Louis XIV était décrit comme hautain, superbe et assoiffé de conquêtes tels Alexandre et César.
Les traités de Nimègue de 1678-1679 portent le royaume à son apogée et valent au roi à peine quadragénaire le surnom de « Grand ». Mais Louis XIV ne s’en satisfait pas. Il met en place plusieurs « Chambres des Réunions », des tribunaux spéciaux qui s’appliquent à justifier l’adjonction à la France de plusieurs places frontalières, dont Strasbourg.
Ces annexions feutrées irritent l’Europe. Elles prennent fin avec la trêve de Ratisbonne, le 15 août 1684, entre l’Autriche et la France.
Godfried Schalken, Allégorie de la Paix de Nimègue de 1678, musée Het Valkhof, Nimègue, Pays-Bas. Agrandissement : Romeyn de Hooghe, Allégorie sur la ratification de la Paix de Nimègue le 20 septembre 1678. Au centre une colonne avec la Paix, les armoiries de l’Espagne, de la France et de la République.
Malgré cette trêve et les promesses de Louis XIV, les monarchies européennes décidèrent de s’organiser concrètement.
La Suède, les Provinces-Unies, rapidement rejointes par l’Empereur germanique et son cousin, le roi d’Espagne, formèrent une alliance visant à contraindre Louis XIV à restituer ces territoires réunis, donnant naissance à la Ligue d’Augsbourg le 9 juillet 1686.
À ceux-ci s’ajoutèrent au fil des ans les princes allemands, les électeurs de Bavière, de Saxe et du Palatinat, Selon le marquis de Sourches, témoin du règne du roi à Versailles, « jamais la France n’avait eu sur les bras tant d’ennemis à la fois. »
En 1688, Louis XIV est le roi le plus puissant d’Europe. Son pouvoir est renforcé avec ses succès dans les guerres de Dévolution (1667-1668) et de Hollande (1672-1678) ainsi que dans sa conduite des politique des Réunions (1683-1684), et l’éclat de la culture française atteint son apogée.
Son influence connut toutefois un net recul en Europe tandis que celle de son rival Léopold Ier ne cessait de grandir après sa conquête de la Hongrie et ses victoires contre les Ottomans. À Versailles, dans l’entourage du roi, chacun sentait que le moment fatidique approchait. La guerre européenne semblait inéluctable. Louvois, principal ministre de Louis, conseilla alors de mener une guerre préventive, rapide et violente, destinée à impressionner les adversaires de la France.
Lire la suite (Amis d’Herodote.net) Publié ou mis à jour le : 2024-02-18 14:18:37
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