Guillaume Kasbarian : après la casse du droit au logement, la destruction de la fonction publique

vendredi 4 octobre 2024.
 

Samedi, nous apprenions la nomination de Guillaume Kasbarian au ministère de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique. Son dernier fait d’arme ? Comme ministre du logement sous Gabriel Attal, ce très proche d’Aurore Bergé a été l’auteur d’une loi anti-locataires. Une loi qui considère les mal-logés comme des délinquants susceptibles d’être incarcérés. Pour quel bilan ? En 2023, 23 000 ménages, soit environ 47 000 personnes, ont été expulsés sous l’action de Guillaume Kasbarian.

Comment sa loi a t-elle été adoptée ? Par le vote du RN que le ministre « assume et revendique », alors qu’elle protège des logements vides quand leur réquisition est plus que jamais nécessaire. En France, 330 000 personnes vivent à la rue, dont 3 000 enfants et 4,2 millions sont mal logés. Rien d’étonnant donc à ce que ce ministre aux propositions lepénistes trouve sa place dans ce nouveau gouvernement qui résulte d’un pacte entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Que réserve le nouveau ministre à la fonction publique ? Après les expulsions de locataires, les expulsions de fonctionnaires ? Sa dernière formule annonce déjà la couleur. Il faut, selon lui, « débureaucratiser » la fonction publique. Comprendre : la dépecer et donc saigner à blanc les services publics déjà saccagés, comme ces hôpitaux où décèdent chaque mois 150 patients faute de prise en charge, faute de moyens. Notre article.

« Loi anti-squat » et expulsions à la chaine

Guillaume Kasbarian s’est fait connaitre fin 2022 en donnant son nom à la « loi anti-squat » dont il était le rapporteur. Alors simple député de l’aile la plus à droite des macronistes, il défend ardemment la loi « visant à protéger les logements contre l’occupation illicite ». Plus d’un an après sa promulgation, plus que protéger les logements, cette loi a surtout pénalisé les plus vulnérables et mené à des centaines d’expulsions.

Dans nos colonnes, nous avions évoqué la situation de cette locataire expulsée pour 60 euros de loyer manquants. En effet, en réduisant le droit des locataires, la « loi anti-squat » permet l’expulsion et la condamnation, parfois à de la prison ferme, d’individus n’ayant que de petits retards ou quelques dizaines d’euros manquants. Depuis sa promulgation, le nombre d’expulsions a triplé, alors qu’en France, 330 000 personnes vivent déjà à la rue, dont plus de 2 000 enfants, parmi lesquels 500 ont moins de 3 ans en 2024. En plus, elle installe un cercle vicieux, puisque les expulsés se retrouvent sans domicile et sont tentés de se tourner vers les squats, se confrontant à d’autres volets de la loi tout aussi durs.

Lors de son étude à l’Assemblée, cette loi avait été pointée du doigt par la Défenseure des droits, l’accusant de « criminaliser » les plus pauvres. La Commission nationale consultative des droits de l’homme et les rapporteurs spéciaux de l’ONU ont également dénoncé une loi trop défavorable aux locataires.

Une fois de plus, le camp macroniste défend les siens : les patrons, les propriétaires, les riches. Ce n’est donc pas sans ironie que Gabriel Attal nomme Guillaume Kashbarian ministre délégué du Logement, le 8 février 2024. Cette décision fait alors grand bruit dans le secteur, qui la vit comme une provocation.

Le programme de Kasbarian pour la fonction publique : un saccage en règle à venir

Alors que réserve un macroniste pareil à la fonction publique ? Déjà dans son discours de passation, il salue la réforme « ambitieuse » portée par son prédécesseur, Stanislas Guerini. Ce projet de loi visait à rendre plus « efficace » la fonction publique, notamment en remettant en question l’emploi à vie et en accentuant la rémunération au mérite. Pour Guerini, le licenciement des fonctionnaires est un « tabou » qu’il faut lever. Le projet est donc assez simple et parfaitement cohérent avec le programme macroniste : saccager la fonction publique, en lui imposant les règles du secteur privé.

Les déclarations du nouveau ministre Guillaume Kasbarian vont dans ce sens également. Il annonce vouloir « débureaucratiser à tous les étages ». S’il pleure ensuite sur le sort des pauvres fonctionnaires contraints de remplir des questionnaires plutôt qu’exercer leur « métier de cœur », on sait ce que cache en réalité une telle formule. Il s’agit de faire pareil avec moins d’argent, d’exercer des coupes dans les budgets et les effectifs, de travailler dans des bâtiments insalubres et d’abandonner les déserts administratifs à leur sort. Des recettes néolibérales, qui malgré leur échec cuisant depuis des années, sont toujours plébiscitées par les macronistes, pour le plus grand malheur de chacun.

Par Niels


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