USA : le pays des droits de l’homme ? Ou Le pays des droits de tuer ?

mercredi 13 novembre 2024.
 

Le carnage génocidaire du gouvernement israélien s’effectue avec une fourniture d’armes massive Nord – américaines décidée pro activement par les instances politiques dirigeantes des États-Unis. Nous partageons ici un article extrêmement précis de l’excellent site Elucid sur cette question explosive.

https://elucid.media/democratie/der...

Source : Élucid – média

publié le 13/10/2024 Par Marco Cesario

Derrière l’impunité israélienne, un programme de défense militaire américain

Après avoir éventré Gaza dans un génocide toujours en cours, Tsahal bombarde et envahit désormais le Liban. Mais derrière cette impunité israélienne se cache une ancienne doctrine appelée « avantage militaire qualitatif ». En appliquant cette doctrine, les États-Unis ont progressivement transformé le Moyen-Orient en un immense brasier macabre, dont les innombrables « victimes collatérales », les blessés, les évacués ou encore les femmes et les enfants atrocement assassinés n’ont jamais cessé de se multiplier.

Après avoir pilonné et assiégé Gaza en massacrant à ce jour plus de 40 000 personnes dont 16 500 enfants (et sans doute beaucoup plus) en réponse à l’attaque du Hamas, Israël se concentre désormais sur la prochaine cible à détruire, le Liban. Plus de 1 000 personnes civiles ont déjà été tuées en seulement deux semaines d’intensification des frappes israéliennes contre le Hezbollah, et plus d’un million d’autres ont été déplacées.

Outre l’indifférence de la « communauté internationale », il existe une constante derrière l’impunité qui permet à Israël de bombarder lourdement la capitale d’un État souverain, massacrant consciemment des centaines de civils innocents en échange de la vie d’un ou plusieurs dirigeants du Hezbollah : il s’agit d’un programme de « défense » militaire avancé – le Qualitative Military Edge – promu par l’allié le plus fidèle d’Israël, les États-Unis.

Selon ce programme, la survie de l’État hébreu dépend de sa capacité à déployer des moyens militaires supérieurs en efficacité et en quantité à ceux de ces éventuels adversaires régionaux pour « se défendre ». Un exemple : la bombe utilisée par Israël pour tuer le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, à Beyrouth la semaine dernière, était une arme guidée de fabrication américaine.

Non seulement Israël utilise des armements américains pour commettre ses crimes de guerre, mais de hauts responsables de la Maison-Blanche ont déclaré en privé à Tel-Aviv que les États-Unis soutiendraient sa décision d’intensifier la pression militaire contre le Hezbollah, alors même que l’administration Biden a publiquement exhorté le gouvernement israélien, ces dernières semaines, à réduire ses frappes.

Pire, le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a révélé qu’Hassan Nasrallah, avait accepté un cessez-le-feu de 21 jours, que le gouvernement libanais en avait informé les États-Unis, et que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait également accepté cette trêve avant de donner son feu vert à l’assassinat du chef du Hezbollah, moins de 24 heures plus tard.

Lors d’une interview accordée à la chaîne NBC, Mark Kelly, président de la sous-commission Airland du Senate Armed Services, a déclaré qu’Israël avait utilisé une bombe de la série Mark 84 de 900 kg : « Nous constatons une utilisation accrue des munitions guidées, les JDAM [Joint Direct Attack Munitions ou munitions d’attaque directe], et nous continuons à fournir ces armes », a déclaré Mark Kelly.

Qualitative Military Edge : l’obligation pour les États-Unis de garantir la supériorité militaire d’Israël

Ce n’est pas un hasard si cette déclaration émane d’une commission aussi importante que le U.S. Senate Committee on Armed Services (1). Cette commission des services armés joue un rôle déterminant dans l’examen du projet de loi annuel d’autorisation de la défense américaine. Le budget annuel de la défense nationale américaine implique des millions de militaires et de civils, des milliers d’installations et des centaines d’agences, de départements et de commandements répartis dans le monde entier.

Mais quel rapport entre Israël et la défense de la sécurité nationale des États-Unis ? Réponse : depuis maintenant plusieurs décennies, les États-Unis se sont engagés à assurer la sécurité et la prospérité de Tel-Aviv. Le partenariat entre Washington et l’État hébreu est bien établi et la sécurité d’Israël est devenue un intérêt national majeur pour les États-Unis. Nombre de présidents américains, Républicains ou Démocrates, ont promu et financé les intérêts d’Israël en mettant l’accent sur le secteur de la défense.

Or, la dynamique du partenariat solide entre les États-Unis et Israël est dictée par le principe du Qualitative Military Edge (QME, Avantage Militaire Qualitatif). Cette doctrine stratégique a été institutionnalisée en tant que politique officielle en 2008, établissant une obligation légale pour les États-Unis de garantir la supériorité militaire d’Israël sur ses adversaires potentiels au Moyen-Orient. Afin de garantir l’avantage militaire qualitatif d’Israël, le Congrès est tenu d’établir un rapport quadriennal sur les ventes d’armes, afin de déterminer si les accords militaires conclus avec des États de la région n’ont pas d’incidence négative sur Tel-Aviv.

D’où vient cette doctrine ? Le concept de QME remonte à la Guerre froide. En évaluant l’équilibre des forces en Europe, les planificateurs de guerre américains insistaient souvent auprès des législateurs sur le fait que les pays du Pacte de Varsovie avaient un avantage numérique sur les forces américaines et alliées stationnées en Europe, et que les États-Unis devaient maintenir un « avantage qualitatif » en matière de systèmes de défense.

David Ben Gourion, premier Premier ministre israélien, avait établi les principes de base de la défense de l’État hébreu en 1953, parmi lesquels figurait l’idée qu’« Israël est et restera inférieur en nombre au monde arabe et que, par conséquent, pour contrebalancer cette situation, Israël doit développer un très fort avantage militaire qualitatif ».

Après le déclenchement de la guerre des Six Jours (1967), le récit américain est devenu celui d’une bataille entre une démocratie et une coalition arabe soutenue par l’URSS. Un an plus tard, en 1968, avec le soutien du Congrès, le président Johnson avait approuvé la vente de chasseurs-bombardiers F-4 Phantom à Tel-Aviv, marquant ainsi le début de l’engagement américain en faveur de l’avantage militaire qualitatif d’Israël, une doctrine qui a ensuite été activement mise en œuvre à la suite de la guerre du Kippour en 1973.

Dans ce contexte, en février 1987, les États-Unis ont accordé à Israël le statut de MNNA – Major Non-NATO Ally (2). Ainsi, comme l’explique un rapport du Congressional Reserve Service (CRS), depuis des décennies, les administrations américaines, en collaboration avec le Congrès, ont pris des mesures de plus en plus fortes pour maintenir le QME d’Israël de différentes manières.

Par exemple : dans la pratique, la politique américaine en matière de vente d’armes a traditionnellement permis à Israël d’avoir le premier accès régional à la technologie de pointe de défense américaine. Dans les cas où Israël et un État arabe utilisaient la même arme américaine, Israël a reçu soit une version plus avancée de la même arme, soit la possibilité de « personnaliser » le système de base américain pour le diversifier et l’adapter à son ennemi.

Les Américains font des affaires avec n’importe qui, mais n’oublient jamais le principe de la supériorité militaire d’Israël dans la région. Dans les cas, par exemple, où Israël s’opposait à la vente d’un article de défense majeur à une armée arabe (par exemple, la vente en 1981 d’avions AWACS – Airborne Early Warning and Control System – à l’Arabie Saoudite), le Congrès a parfois préconisé et imposé des conditions sur l’utilisation et le transfert de ces armes avant ou après la vente.

Enfin, les États-Unis ont offert à Israël des paquets d’armes « compensatoires » ou une aide militaire lors de la vente d’autres articles de défense majeurs américains à un rival militaire du Moyen-Orient.

Israël, premier bénéficiaire de l’aide étrangère américaine

Il ne faut pas oublier qu’en soutenant l’État hébreu les États-Unis promeuvent leur intérêt national au Moyen-Orient. Israël n’est que le fer de lance militaire des États-Unis dans l’une des zones les plus turbulentes du monde. Le conflit avec l’Iran, la lutte contre le terrorisme international et la défense des intérêts économiques dans la région ne sont que quelques-unes des raisons qui lient inextricablement Washington à ce qu’ils nomment la « seule démocratie du Moyen-Orient », affirmation battue en brèche par de nombreuses ONG.

Les États-Unis se sont engagés à garantir l’avantage militaire qualitatif d’Israël en lui fournissant des armes, des formations et des technologies capables de contrer ses adversaires au Moyen-Orient. Comme l’indique un rapport du Council on Foreign Relations (CFR), Israël est le plus grand bénéficiaire cumulé de l’aide étrangère américaine depuis sa création, recevant environ 310 milliards de dollars (corrigés de l’inflation) d’aide économique et militaire totale. Rien que depuis le 7 octobre, l’aide militaire s’est élevée à environ 17 milliards de dollars.

Un énième programme d’aide de 8,7 milliards de dollars, pour soutenir ses efforts militaires en cours et maintenir un avantage militaire qualitatif dans la région, a été octroyé le 26 septembre dernier. Ce programme comprend 3,5 milliards de dollars pour des achats essentiels en temps de guerre, qui ont déjà été reçus et affectés à des achats militaires critiques, et 5,2 milliards de dollars destinés à des systèmes de défense aérienne, notamment le système antimissile du Dôme de fer (3), le système « Fronde de David » (4) et le système d’interception des lasers à haute énergie Iron Beam (5).

À ce jour, les États-Unis ont fourni près de 3 milliards de dollars à Israël pour les batteries du Dôme de fer, les intercepteurs, les coûts de coproduction et l’entretien général. Développés par les Israéliens seuls, les droits de propriété sur la technologie du Dôme de fer appartenaient uniquement à Israël. Mais lorsque les États-Unis ont commencé à soutenir financièrement le développement de ce projet en 2011, ils avaient pour projet, à terme, de devenir partenaires de la production.

Depuis que le Congrès a demandé le partage de la technologie et sa coproduction avec les États-Unis, la société américaine Raytheon est devenue le partenaire de la société israélienne Rafael Advanced Defense Systems. En 2020, les deux entreprises ont formé une coentreprise constituée aux États-Unis sous le nom de « Raytheon Rafael Area Protection Systems (R2S) ».

En août 2008, Israël et les États-Unis ont officiellement signé un « accord de projet » pour codévelopper le système David’s Sling, un système à courte/moyenne portée conçu pour contrer les roquettes à longue portée et les missiles de croisière à vol plus lent tirés à des distances comprises entre 40 et 300 kilomètres, comme ceux que possèdent l’Iran, la Syrie et le Hezbollah au Liban. Depuis 2006, les États-Unis ont contribué à hauteur de 2,4 milliards de dollars pour le développement de David’s Sling.

En juin 2018, les États-Unis et Israël ont signé un accord de coproduction pour la fabrication conjointe de l’intercepteur Stunner. Certains composants de l’intercepteur sont construits à Tucson, en Arizona, par Raytheon.

Les États-Unis, premier fournisseur d’armes d’Israël

La supériorité militaire d’Israël passe également par la vente des armes américaines de dernière génération, telles que les armes automatiques et les armes dotées d’IA. Par exemple, le fabricant américain Skydio a envoyé des centaines de drones de détection intelligents capables de fournir des informations précises aux militaires israéliens. Ils sont équipés de caméras thermiques radiométriques et visuelles modulaires à haute résolution, et sont opérationnels de nuit avec une imagerie thermique inégalée. L’intelligence artificielle dans ces drones est intégrée, ce qui réduit « la charge cognitive » des opérateurs pour une prise de décision plus rapide.

Les munitions flottantes de haute technologie ont été incluses parmi d’autres capacités que les dirigeants israéliens ont explicitement demandées à leurs homologues américains. Fabriquées par l’entreprise de drones AeroVironment, les Switchblade 600 sont conçues pour détruire des véhicules blindés et d’autres cibles dans le cadre d’opérations multi-domaines Autrement dit, les systèmes militaires dotés d’intelligence artificielle fournis par les États-Unis à Israël, en multipliant la vitesse de repérage de cibles potentielles, ont généré une véritable usine d’assassinats de masse.

Aujourd’hui, les États-Unis sont de loin le premier fournisseur d’armes d’Israël et il n’y a pas de raison que cela change. Ils ont même aidé à construire l’une des armées les plus sophistiquées et meurtrières au monde sur le plan technologique. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), les États-Unis ont représenté 69 % des importations israéliennes d’armes conventionnelles majeures entre 2019 et 2023.

En décembre dernier, l’administration Biden a rendu publiques deux ventes urgentes à Israël, après avoir utilisé l’autorité d’urgence pour éviter l’examen par le Congrès. L’une portait sur 14 000 munitions pour chars d’assaut d’une valeur de 106 millions de dollars, tandis que l’autre concernait des composants pour la fabrication d’obus d’artillerie de 155 mm, d’une valeur de 147 millions de dollars. Le Washington Post a rapporté en mars que l’administration avait discrètement effectué plus de 100 autres ventes militaires à Israël depuis le début de la guerre, la plupart d’entre elles n’atteignant pas le montant en dollars qui nécessiterait une notification formelle au Congrès. Il s’agirait de milliers de munitions guidées avec précision, de bombes de faible diamètre, de bombes anti-bunker et d’armes de petit calibre.

Israël bénéficie également d’un accès privilégié aux exportations de défense américaines, y compris un financement anticipé, des périodes d’examen accélérées par le Congrès et l’utilisation des stocks américains de missiles, de véhicules blindés et de munitions d’artillerie situés à l’intérieur d’Israël. Les entreprises de défense américaines ont des liens historiques étroits avec l’industrie de défense israélienne et des accords de coopération de plusieurs milliards de dollars dans le domaine de la défense qui s’étendent à l’avenir.

Amnesty : «  Israël utilise des armes américaines en violation du droit international »

Mais il s’avère – sans grande surprise – que les armes américaines vendues à Israël sont utilisées pour massacrer les peuples du Moyen-Orient lors de boucheries aveugles et de destructions massives de zones entières densément peuplées (comme à Gaza ou dans les quartiers de Beyrouth tenus par le Hezbollah). Tout ceci constitue à l’évidence une violation flagrante du droit international, des droits de l’Homme et même du droit étasunien.

Dans un nouveau rapport de recherche soumis au gouvernement des États-Unis, Amnesty International USA décrit en détail les morts et les blessures de civils causées par des armes fabriquées aux États-Unis, ainsi que d’autres cas qui mettent en évidence un schéma général d’attaques illégales de la part des forces israéliennes. Le rapport dénonce également des pratiques qui bafouent les normes internationales établies pour atténuer les dommages causés aux civils, et fournit des exemples clairs d’utilisation abusive d’armes de défense, d’usage de la torture et de recours à une force létale illégale. Enfin, le rapport détaille également le blocage de l’aide humanitaire à la population civile de Gaza. La directrice nationale des relations gouvernementales à Amnesty International USA, Amanda Klasing, conclut :

« Les preuves sont claires et accablantes : le gouvernement d’Israël utilise des armes fabriquées aux États-Unis en violation du droit international humanitaire et des droits de l’Homme, et d’une manière qui n’est pas conforme au droit et à la politique des États-Unis. »

La doctrine du Qualitative Military Edge a donc poussé Washington bien au-delà des limites de la légalité et de la moralité. Pour respecter leur engagement mortifère envers Israël, les États-Unis sont allés jusqu’à contourner leur propre Constitution et leur approbation parlementaire, le tout en ignorant tout respect des droits de l’Homme et même de leurs propres intérêts : conçu à l’origine pour assurer la sécurité d’Israël, le Qualitative Military Edge a fini par devenir un blanc-seing pour qu’Israël fasse autant de dégâts que possible à ses adversaires, sans se soucier des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis sur les peuples du Proche et Moyen-Orient...

**

Notes

(1) La Commission des services armés du Sénat supervise le département de la défense et l’administration nationale de la sécurité nucléaire. Elle met à jour la politique de défense des États-Unis, principalement en rédigeant la loi annuelle sur l’autorisation de la défense nationale (National Defense Authorization Act).

(2) En l’absence d’un accord de défense mutuelle entre les États-Unis et Israël, les partisans d’Israël avaient plaidé pour qu’Israël reçoive un « traitement égal » en ce qui concerne certains avantages militaires spéciaux (tels que la possibilité de soumissionner pour des contrats de défense américains) que les alliés de l’OTAN recevaient de la part des États-Unis.

(3) Le Dôme de fer est un système anti-roquettes, anti-mortiers et anti-artillerie à courte portée (portée d’interception de 4 à 70 kilomètres) développé par la société israélienne Rafael Advanced Defense Systems et produit à l’origine en Israël. Israël peut déplacer les batteries du Dôme de fer en fonction de l’évolution des menaces (il existe également une variante maritime du Dôme de fer). Israël a déployé au moins dix batteries Dôme de fer dans tout le pays, chacune étant conçue pour défendre une zone peuplée de 60 milles carrés.

(4) Le David’s Sling est un système complet de défense aérienne et antimissile à moyenne et longue portée qui peut constituer le niveau supérieur d’un dispositif de défense multicouche. Il s’agit d’un composant intégré de la défense aérienne et antimissile multicouche d’Israël.

(5) Le système israélien d’interception des lasers à haute énergie (Iron Beam) suit d’abord la trajectoire d’une roquette, d’un engin d’artillerie ou d’un mortier (RAM) ou d’un drone en approche, puis tire deux lasers à haute énergie d’origine électrique sur la cible, la détruisant à une distance pouvant aller jusqu’à 4,3 kilomètres.

** Annexe

Le poids du lobby pro israélien aux États-Unis.

Source : Le Monde diplomatique. Août 1989

https://www.monde-diplomatique.fr/1...


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message