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Plus de 60 000 fonctionnaires ont été renvoyés en un mois aux États-Unis, après les coupes budgétaires menées par l’administration Trump. Ils ont soutenu Donald Trump, mais l’élection du président américain leur a coûté leur emploi. Ces derniers jours, les témoignages de salariés fédéraux licenciés quelques mois après avoir déposé un bulletin au nom du candidat républicain dans les urnes se multiplient dans les médias américains, qui se passionnent pour l’histoire de ces employés bousculés par les conséquences de leur choix politique.
En un mois, ce sont plus de 60 000 Américains qui ont dû précipitamment faire leurs cartons, victimes inattendues des brutales coupes budgétaires opérées par Elon Musk et ses équipes. À l’image de James Stancil, un habitant du Wisconsin. Comme tous les lundis, il se rendait à son travail, au Centre médical de Milwaukee. Ce technicien d’approvisionnement devait s’assurer que les médecins et les infirmiers disposaient de tout le matériel médical dont ils avaient besoin. Comme d’habitude, il a enchaîné les tâches, avant que sa journée de travail ne se termine par une « gifle », celle de son licenciement.
L’annonce a pris la forme d’un mail simple et brutal : James doit quitter son poste, ses performances n’étant pas suffisantes. « C’est une gifle qu’on se prend en pleine face », a décrit ce vétéran de 61 ans qui avait pourtant reçu de nombreux retours positifs durant toute sa période d’essai. « Me dénigrer en affirmant que mes performances ne permettaient pas de prouver que mon travail avait un intérêt public. Comment osez-vous ? », a-t-il raconté auprès de la Wisconsin Public Radio.
James Stancil dit ainsi s’être senti « trahi » par Donald Trump. Un mot que prononce également Nathan Hooven. « Je pense que beaucoup de vétérans ont voté de la même façon, et nous avons été trahis », regrette-t-il aujourd’hui auprès de l’Associated Press. En novembre dernier, cet ancien membre de l’armée de l’air a glissé sans hésiter un bulletin républicain. Trois mois plus tard, il se retrouve au chômage, victime de la purge au sein de l’État fédéral.
« J’ai été licencié sans préavis, injustement, sur la base d’un mensonge qui dit que je suis un employé médiocre et peu performant dans mon travail. » Il n’est pas un cas à part. La vague de licenciements a poussé vers la sortie de nombreux vétérans, qui représentent 28 % de la main-d’œuvre du pays. « J’ai l’impression que ma vie et celle de tant d’autres personnes comme moi, qui ont tant sacrifié pour ce pays, sont en train d’être broyées », a jugé celui qui officiait dans un centre médical en Virginie.
Il y a quelques mois encore, Michael Graugnard pensait, lui, sincèrement que Donald Trump était le candidat qui pouvait redresser l’économie du pays. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que son job lui-même allait disparaître dans l’équation. Trois mois après son arrivée au ministère américain de l’Agriculture - le boulot de ses rêves -, on lui demande de rassembler ses affaires. « J’étais dévasté », a-t-il raconté auprès de CNN. Ce poste lui avait demandé certains sacrifices personnels. Il venait d’emménager à Little Rock, dans l’Arkansas, avec sa femme enceinte et son jeune fils. « Je m’attendais à passer le reste de ma vie à faire ce travail. »
Pourtant, Michael assure ne pas regretter son vote. « J’ai voté en toute confiance, avec la conviction que cela [les coupes budgétaires] se ferait de manière technocratique, efficace et un peu plus rationnelle, et ce n’est pas ce qui s’est passé », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Je soutiens toujours tous les objectifs de l’administration, mais je pense que je peux aussi être en désaccord avec la manière dont les choses ont été menées. »
Un avis que partage James Diaz, un vétéran qui a récemment perdu son emploi au sein d’une agence gouvernementale chargée de collecter l’impôt sur le revenu dans l’Illinois (Internal Revenue Service). Là encore, on lui donne la même explication lapidaire : ses performances n’étant pas suffisantes, il doit partir. « Je pense qu’ils se contentent d’utiliser une tronçonneuse au lieu de réfléchir posément et de mener des enquêtes pour voir ce qui mérite d’être coupé ou non », a-t-il indiqué dans une interview à la chaîne américaine.
Républicain convaincu, James Diaz avait déjà accordé son vote à Donald Trump à trois reprises. « Je ne regrette pas forcément aujourd’hui. Même si je pense que les deux options que nous avions en novembre [Donald Trump ou Kamala Harris] auraient pu être meilleures », a-t-il expliqué.
D’autres, en revanche, regrettent amèrement leur choix. C’est le cas de Ryleigh Cooper, 24 ans, qui a perdu son job au Service des forêts des États-Unis dans le Michigan. La jeune femme, rencontrée par le Washington Post, explique avoir voté pour Donald Trump pour sa promesse de rendre les traitements pour la fécondation in vitro (FIV) gratuits.
La jeune femme, qui souffre de ne pas tomber enceinte, espérait que la victoire du Républicain change sa vie. Ce qui est arrivé, mais d’une façon inattendue. Quelques semaines après son vote, Ryleigh a été licenciée. Son évaluation de performance était pourtant jugée « pleinement satisfaisante » par ses chefs, à l’automne dernier. « Mon cœur a sombré », assure-t-elle. En prime, le président n’a pas rendu la FIV gratuite, il a simplement signé un décret en février pour faire baisser son coût. L’amertume est double : « J’ai pris une décision dont, avec le recul, je ne suis pas fière », a reconnu Ryleigh à CNN.
Joseph Prezioso / AFP
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