Le Krach boursier de janvier 2008 révèle un système financier à bout de course (9 articles sur la crise immobilière et bancaire qui peut devenir une crise tout court)

jeudi 31 janvier 2008.
 

1) Le Krach boursier de janvier 2008 révèle un système financier à bout de course

2) 2008 : Phase de plein impact global de la Très Grande Dépression US (par le Laboratoire Européen d’Anticipation Politique)

3) Destruction imminente de l’économie états-unienne par Paul Craig Roberts, ancien Sous-secrétaire au Trésor de Ronald Reagan

4) Alan Greenspan : "Après 15 ans d’améliorations extraordinaires... ça va commencer à se retourner"

5) Turbulences annoncées en Bourse en 2008 (Le Figaro)

6) La communauté financière doute des Banques centrales

7) 2008 Une année de défis. Au menu, inflation, crise énergétique et faible croissance (Article de Libération)

8) 2008 Le premier trimestre de tous les dangers (Le Figaro)

9) La presse financière anglo-américaine craint un Krach

1) Le Krach boursier révèle un système financier à bout de course. Article de Respublica

L’effondrement boursier du « Martin Luther King Day » n’est pas la cause de la crise, mais sa conséquence. Loin d’une crise boursière, comme lors de la bulle Internet au début des années 2000, nous assistons en fait à une crise globale du crédit. Son cœur se trouve dans les innovations malhonnêtes - au vrai sens du terme ! - des banques dont le but avoué était de réaliser davantage de profit sans prise de risque. Ainsi, les établissements bancaires encaissaient les commissions des prêts octroyés tout en déléguant la gestion des risques à des intermédiaires. Une fois de plus, la dilution des responsabilités est une marque caractéristique de la déréglementation libérale. La cerise sur le gâteau a été cette invention : la dilution des risques dans l’ensemble du système financier, c’est à dire cette fameuse « titrisation » qui consiste à vendre des « packages » financiers mélangeant toute sorte de titres et de dettes (l’objectif étant de dissimuler les risques réels).

Pour en arriver à cette situation catastrophique, il a fallu paradoxalement en finir avec les mécanismes de contrôle des marchés financiers. Il est presque comique de constater que ceux-là mêmes qui n’ont à la bouche que « l’économie de marché » ont en réalité tout fait pour détruire son existence et ces mécanismes de régulation et de contrôle. Dans l’univers post-moderne de la finance, c’en est terminé avec les notations objectives, les contrôles, le bilan honnête (le « hors bilan » devenant de plus en plus important), la régulation disciplinaire du marché, le mécanisme d’autorégulation des risques, ne sachant plus ou ils se trouvent.

Il s’agit bien d’une crise du crédit et celle-ci est directement le résultat d’une politique économique en cours depuis trente ans. Comment en effet conjuguer dans le même temps une diminution de la part du travail dans la répartition du profit au bénéfice du capital (-11 % en vingt ans), et une croissance de la consommation courante des ménages des pays occidentaux ? C’est impossible à moins de provoquer dans un premier temps une réduction de l’épargne et dans un second temps d’inciter à un endettement, puis finalement à un surendettement des ménages lorsque l’endettement a atteint ses limites raisonnable. Par exemple, la banque centrale d’Angleterre a, dans les trois dernières années, tiré la sonnette d’alarme à de nombreuses reprises en affirmant que la plupart des ménages britanniques étaient en réalité en banqueroute. Et il en va de même en Espagne. La politique stratégique du « crédit à tout va » a généré depuis la crise asiatique, il y a dix ans, une gigantesque bulle. Entre juin 2006 et juin 2007, aux États Unis d’Amérique, le PIB a augmenté de 250 milliards de dollars et la dette des ménages des ménages et des entreprises de 2 186 milliards de dollars. La zone euro suit la même voie. Cette logique de l’endettement permet de créer un flux d’argent des plus pauvres vers les plus riches sans créer fondamentalement de richesses ou très peu. L’illusion est que le PIB augmente, mais il augmente sur du vide. La surenchère conduit à des prêt sur des durées dépassant la durée de vie humaine transmissibles aux enfants, sur des endettement mensuel trois ou quatre supérieur au salaire : c’est une course qui ne repose que sur l’illusion que l’on peut endetter sans fin. Depuis des années, l’inflation des liquidités mondiales s’auto-alimentait par la création de valeurs fictives qui, d’une part, garantissaient l’adossement du crédit et, d’autre part, « fixaient » ces liquidités monstrueuses. Les actions mobilières ou les biens immobiliers tels des mollusques accrochés aux rochers, servant de supports pour cette « illusion fiduciaire ».

Il fallait bien que ce système de « cavalerie » s’arrête un jour ou l’autre ; il aura tout de même duré plus de dix ans. Aujourd’hui, nous sommes revenus dans le monde réel où justement la valorisation des actifs va retrouver sa réalité de marché. En résumé, il va falloir comparer la dette à ce qui existe dans la réalité. Et il y a fort à parier que nous allons assister à une destruction de richesse (en fait fictive) à l’échelle de la planète. Comme d’habitude, les plus pauvres, les surendettés paieront les pots cassés par la saisie et la liquidation de leurs biens achetés à (sur)crédit, comme c’est déjà le cas pour les foyers modestes américains victimes de ces « crédits subprimes » qui ne sont ni plus ni moins que des crédits usuraires.

Mais cette crise, qui s’est déjà étendue à l’économie des pays occidentaux, va peut-être montrer les limites du turbo-capitalisme, même aux yeux des profiteurs du système. Dans le seul but de cyniquement sauver l’essentiel de leurs gains, certains d’entre eux commencent à penser et à dire que l’on ne peut plus continuer comme avant. Il faut faire l’effort rendre compatible une paupérisation relative des pauvres avec une augmentation de la consommation (il faut bien qu’il achète pour que les riches continuent à se gaver ! ).

Un fait révélateur indiquant l’arrivée imminente de la crise : les milieux financiers ont exprimé la semaine dernière leur défiance devant le plan de relance de 140 milliards de dollars annoncé par le président Bush, au motif qu’il ratait sa cible. Aujourd’hui, il faudrait être idiot pour croire que 140 milliards de dollars vont sauver la situation de la dette aux USA. Des experts financiers proposent d’aider les foyers modestes car ces aides passent directement dans le circuit commercial, contrairement aux réductions d’impôts du plan Bush qui, pour l’essentiel, ne font qu’augmenter le patrimoine des classes aisées.

Soyons optimistes, lorsque, pour sauver leurs peaux, certains financiers commencent à envisager un « new deal » roosveltien, le « front populaire » retrouve parfois de sa vigueur !

Philippe Hervé

2) 2008 Phase de plein impact global de la Très Grande Dépression US : une stagflation en Europe

Il y a un an, LEAP/E2020 annonçait que 2007 marquerait l’entrée des Etats-Unis dans ce que notre équipe avait appelé, « la Très Grande Dépression US ». A l’époque, l’esprit dominant était largement euphorique. Le mot « subprime » était inconnu du grand public et les experts estimaient que la crise immobilière américaine resterait sans conséquence pour le reste de l’économie américaine (les mêmes se refusant à simplement imaginer qu’elle puisse avoir un impact global).

Au cours de l’année 2007, les faits ont pourtant largement démontré qu’une crise systémique globale était bien en train de mettre à bas tous les fondamentaux sur lesquels repose l’économie mondiale depuis 1945. Et, comme décrit dans le GEAB N°17 en Septembre 2007, les sept séquences de la phase d’impact de la crise systémique globale vont bien atteindre simultanément leur pic au cours de l’année 2008.

L’un des aspects, et tout à la fois l’un des catalyseurs, de cette crise systémique globale, est bien l’entrée des Etats-Unis en 2007 dans une crise socio-économique sans précédent (1), touchant durement les ménages (2) via l’explosion de la bulle immobilière et leur insolvabilité croissante ainsi que les opérateurs financiers du fait de l’évaporation pure et simple de la valeur de plusieurs centaines de milliards USD d’actifs.

A ces deux catégories d’acteurs américains, 2008 va ajouter les entreprises qui vont être prises en tenaille entre le « credit crunch » et l’effondrement de la consommation des ménages ainsi que l’ensemble des institutions publiques dont les revenus fiscaux s’effondrent. En particulier d’ici l’été 2008, la crise financière initiée par les prêts immobiliers américains « subprime » va se transformer en une crise de beaucoup plus grande ampleur avec l’implosion du marché des Credit Default Swaps (CDS). Cela marquera un nouveau point d’inflexion de la phase d’impact de la crise systémique globale (voir développements dans la suite de ce communiqué et dans l’ensemble du GEAB N°21 sur abonnement).

Asie, Europe et pays émergents 2008 - Impact direct mais contrasté de la Très Grande Dépression US : Récession, stagflation et prise de contrôle d’établissements financiers occidentaux

Parallèlement cette plongée des Etats-Unis dans la Très Grande Dépression va avoir un impact direct de plein fouet sur l’économie mondiale :

. la zone Euro entrera dans une période de stagflation quand le reste de l’UE (Royaume-Uni en tête) va être quant à lui aspiré dans un processus récessioniste. Le Danemark (et probablement bientôt la Suède) est en train de préparer son entrée dans la zone Euro comme l’a indiqué son Premier Ministre Fog Rasmussen (3) en remettant l’idée d’un référendum sur l’Euro au goût du jour. Ces deux pays savent que l’Eurozone ne posera pas de difficultés à leur entrée (par traité, la Suède devrait en fait être déjà dans la zone Euro car elle s’est engagée par traité de rejoindre la zone Euro à un moment donné) (4).

Ce soudain accès d’amour scandinave pour la monnaie unique ne résulte pas d’une conversion récente aux mérites de l’intégration européenne, mais bien d’une prise de conscience de l’importance des turbulences monétaires, financières et économiques en développement qui risquent d’être fatales aux économies de petite taille non protégées par l’intégration complète à de plus grands ensembles.

A l’Est de l’UE on assiste également à des tentatives de révision à la baisse des délais nécessaires à l’entrée dans l’Euroland. Cependant les différentiels de situation économique sont encore trop importants pour réellement permettre à ces pays d’être à l’abri quand la tempête va frapper de plein fouet en 2008 (d’ailleurs même le Danemark et la Suède sont en retard sur les évènements).

Pourtant la zone Euro n’offrira pas de perspectives très stimulantes dans l’année à venir, avec une croissance autour de 1%. Mais par rapport au reste du monde, elle sera de très loin la zone la moins touchée par l’impact de la crise. Les risques de divergence interne des économies de la zone Euro sont bien entendu réels, et l’équipe LEAP/E2020 a eu l’occasion de développer ses anticipations sur le sujet dans les récents numéros de GEAB, mais le sentiment dominant aujourd’hui dans la zone Euro est de surtout conserver une devise qui semble protéger efficacement les Européens qui l’utilisent des turbulences externes.

Cela imposera à la BCE et à l’Eurogroupe de trouver des moyens de coopération plus efficaces pour intégrer les attentes des opinions publiques et des différentes économies. On constate d’ailleurs que les discours politiques contre la BCE (en particulier de Nicolas Sarkozy) ont été mis en veilleuse ces derniers mois. Et comme l’Allemagne va commencer à être également affecté par le taux EUR/USD (qui va franchir prochainement les 1,50 pour s’orienter vers 1,70 d’ici fin 2008), c’est l’ensemble des acteurs du jeu monétaire et économique européen qui sera prêt à évoluer. Selon LEAP/E2020 cela prendra notamment la forme d’une augmentation de 2% à 3% du plafond acceptable d’inflation pour la BCE, donnant de facto une plus grande flexibilité à la fixation des taux d’intérêts par la Banque Centrale Européenne.

LEAP/E2020 Laboratoire Européen d’Anticipation Politique Extrait GEAB N°20

Notes : (1) Ou plus exactement ‘avec un précédent’ auquel désormais la plupart des experts et des médias spécialisés font souvent référence, à savoir la crise de 1929 et la Grande Dépression qui suivit au cours des années 1930. A ce sujet, l’équipe de LEAP/E2020 a montré, dans les précédents numéros de GEAB, que la présente crise est pourtant beaucoup plus grave que celle de 1929.

(2) Si certains doutent encore de la récession aux Etats-Unis, nous les invitons à un exercice très simple : entrer l’expression « december sales down » sur Google et constater la liste impressionnante d’entreprises de tous les secteurs (vente de détails, automobiles, électronique, mobilier, ...) qui ont vu leurs ventes chuter en Décembre 2007, période habituellement fastueuse du fait des fêtes de fin d’année.

(3) Source : Financial Times, 22/11/2007

(4) Source : Commission européenne, DG Affaires économiques et financières

http://newropeans-magazine.org/inde...

3) Destruction imminente de l’économie états-unienne

par Paul Craig Roberts, ancien Sous-secrétaire au Trésor de Ronald Reagan ( traduction Jacques Cossart) Décembre 2007

L’économiste étasunien Paul Craig Roberts, ancien Sous-secrétaire au Trésor de Ronald Reagan n’est pas un économiste hétérodoxe ; il est un des artisans, au début des années 1980, de ce que l’on a appelé les « Reaganomics » qui ont largement contribué à imposer au monde entier le « Consensus de Washington ». Il a créé son propre journal en ligne, Vidare, dans lequel il écrit abondamment. C’est dans ces colonnes qu’il a publié le 27 novembre 2007 cet article que l’on peut lire dans sa version originale sur http://www.vdare.com/ et dans sa version française ici.

Même si plusieurs points de ce papier peuvent être discutés, cette analyse particulièrement sévère à l’égard de la politique étasunienne, venant d’un expert au tel passé ne manque pas d’intérêt.

L’orgueil démesuré et l’arrogance sont trop confortablement installés à Washington pour que les responsables politiques soient conscients du piège dans lequel ils ont mis l’économie étasunienne. Si l’effondrement du prêt hypothécaire à haut risque est moitié moins pire que prévu, de faibles taux d’intérêt étasuniens seront nécessaires pour contenir la crise. Mais si le sort du dollar est moitié moins pire que prévu, des taux d’intérêt élevés seront nécessaires pour que les étrangers continuent à désirer des dollars et pour financer le déficit budgétaire et commercial.

Que sacrifiera Washington, le système financier intérieur et la propriété immobilière surdéveloppée ou bien sa capacité à financer les déficits ?

La réponse semble évidente. Tout devra être sacrifié pour protéger la capacité de Washington à emprunter à l’étranger. Sans la possibilité d’emprunter à l’étranger, Washington ne peut pas mener ses guerres d’agression [1], et les Étasuniens ne peuvent pas chaque année continuer à consommer pour 800 milliards de dollars de plus que n’en produit leur économie.

Il y a quelques années, l’euro valait 0,85 dollar. Aujourd’hui, il vaut 1,48 dollar. C’est une énorme baisse [2] de la valeur de change du dollar. Les étrangers qui financent le budget des États-Unis et ses déficits commerciaux ont connu une énorme perte sur la valeur de leurs avoirs en dollars. Pour les étrangers, le taux d’intérêt sur les obligations du Trésor des États-Unis est loin de compenser la baisse de la valeur du dollar par rapport aux autres monnaies échangées. Les retours sur investissement dans l’immobilier et dans les actions ne compensent pas les pertes dues à la baisse de la valeur du dollar.

La Chine détient plus de 1 000 milliards [3], et le Japon près de 1 000 milliards d’actifs libellés en dollars. D’autres pays ont des sommes moindres, mais toujours considérables. Comme le dollar US est la monnaie de réserve [4], tous les portefeuilles d’investissement du monde en sont surchargés.

Aucun pays ne veut détenir des actifs qui se déprécient, et aucun pays ne veut acquérir davantage d’actifs qui se dévaluent. Afin de se rassurer, Wall Street fait valoir que les pays étrangers sont coincés dans l’accumulation de dollars pour protéger la valeur de leurs avoirs actuels dans cette monnaie. Mais c’est une absurdité totale. Le dollar US a perdu 60% de sa valeur durant l’actuelle administration. De toute évidence, les pays ne sont pas enfermés dans l’accumulation des dollars.

La raison pour laquelle le dollar ne s’est pas complètement effondré, c’est qu’il n’y a pas d’alternative évidente à la monnaie de réserve. L’euro est une monnaie apatride. C’est l’unité monétaire de l’Union Européenne [5], mais les pays de l’Europe n’ont pas abandonné leur souveraineté à l’UE. Par ailleurs, le Royaume-Uni, un membre de l’UE, conserve la livre britannique. Le fait qu’une monnaie aussi exposée politiquement que l’euro puisse augmenter si rapidement en valeur par rapport au dollar US est une grande preuve de la faiblesse du dollar.

Le Japon et la Chine ont volontairement accumulé des dollars en échange de leur pénétration dans les marchés intérieurs des États-Unis et de leur conquête de ceux-ci. Le Japon et la Chine ont considéré l’augmentation de leur capacité productrice et de leur richesse dans leur économie nationale grâce à leurs exportations comme une contrepartie de la perte de valeur de leurs avoirs en dollars. Pourtant, ces deux pays ont vu l’issue inéluctable, ignorée par Washington et les économistes étasuniens [6] : Par la délocalisation à l’étranger de la production destinée aux marchés étasuniens, les USA n’ont aucune perspective de mettre fin à leur déficit commercial [7]. La production délocalisée des entreprises est considérée comme de l’importation quand elle revient aux États-Unis pour y être commercialisée. Plus la production des États-Unis déménagera à l’étranger, moins il y aura d’exportation et plus augmenteront les importations.

Le Japon et la Chine, en fait le monde entier, se rendent compte qu’ils ne peuvent continuer éternellement à donner aux Étasuniens des biens et des services réels en échange du dollar papier se dépréciant. La Chine s’emploie à transformer son développement intérieur et à compter sur son marché intérieur potentiellement énorme. Le Japon s’attache à l’espoir de participer au développement économique de l’Asie. Le déclin du dollar fait que les étrangers accumulent les nouveaux dollars à un rythme plus lent. Ils continuent encore à accumuler des dollars, mais moins. Comme de nouveaux dollars sont toujours en cours de production à rythme élevé, leur valeur a chuté.

Si les étrangers cessaient d’accumuler les nouveaux dollars, la valeur du dollar devrait plonger. Si les étrangers réduisaient leurs avoirs actuels en dollars, la superpuissance des États-Unis disparaîtrait sur-le-champ.

Les étrangers ont continué à accumuler des dollars dans l’espoir que, tôt ou tard, Washington s’attellerait au problème de son commerce et de ses déficits budgétaires. Mais à présent, ces déficits semblent avoir dépassé le point de non-retour.

La forte baisse du dollar n’a pas arrêté le déficit commercial en augmentant les exportations et en réduisant les importations. La délocalisation empêche la possibilité de réduire le déficit commercial par les exportations, et les Étasuniens sont désormais tributaires des importations (notamment de la production délocalisée à l’étranger), contre lesquelles il n’y a plus aucune alternative de production nationale. Le déficit commercial des États-Unis finira quand les étrangers cesseront de le financer.

Le déficit budgétaire ne peut pas être équilibré par l’impôt sans arrêter le chômage et la pauvreté. Le revenu moyen de la famille étasunienne n’a eu aucune augmentation réelle au cours du 21e siècle. Et qui plus est, si on retire des statistiques du revenu les énormes primes versées aux dirigeants des entreprises, pour la délocalisation de leurs sociétés de production, et à Wall Street, pour le marché des produits dérivés des prêts immobiliers à haut risque, les Étasuniens ont une baisse des revenus réels. Certaines études, comme Economic Mobility Project (projet de mobilité économique), trouvent sur le long terme une réduction du revenu moyen réel chez certains groupes de population des États-Unis et le déclin de l’ascension dans l’échelle sociale [NDT : c’est-à-dire le déclin de la promotion sociale, par exemple, dans les entreprises avec l’ancienneté].

La situation pourrait même être plus désespérée. Les récents travaux de Susan Houseman [8] concluent que les systèmes de statistiques [9], qui ont été mis en place avant l’avènement de la délocalisation, recensent certaines productions étrangères comme une partie de la productivité des États-unis qui joue pour la croissance du PIB, ce qui par conséquent surestime la performance réelle de leur économie [10].

La chute du dollar a poussé le pétrole à 100 dollars le baril, ce qui, à son tour, fait monter d’autres prix. La chute du dollar signifie que les importations et la production délocalisée, dont dépendent les Étasuniens, vont voir leur prix augmenter. Ce n’est pas une recette pour engendrer la montée des revenus réels aux États-Unis.

Au 21e siècle, l’économie étasunienne a été alimentée par des consommateurs s’enfonçant plus profondément dans la dette. La politique du taux d’intérêt faible d’Alan Greenspan, le président de la Réserve Fédérale, a fourni la plus grande impulsion à la consommation alimentée par l’augmentation de l’endettement. Greenspan a dissimulé les effets négatifs de la délocalisation sur l’économie étasunienne en manigançant le boom de l’immobilier. Ce boom a créé des emplois dans la construction et dans les sociétés financières, et il a fait monter les prix de l’immobilier, créant ainsi des capitaux disponibles pour les consommateurs afin de maintenir leur demande en augmentation.

Cette source de croissance économique est épuisée et en implosion. Toutes les conséquences des faillites immobilières sont encore à venir. Les consommateurs étasuniens, qui manquent de revenus disponibles, ne peuvent payer des impôts plus élevés qu’en réduisant leur consommation. Les activités de services, qui ont apporté la seule source de nouveaux emplois au 21e siècle, connaissent déjà une diminution de demande. L’augmentation des impôts entraînerait la saisie généralisée des biens.

Comme John Maynard Keynes et ses partisans le précisent, l’augmentation des impôts sur une récession économique est la recette pour faire chuter les recettes fiscales aussi bien qu’augmenter la misère économique.

La superpuissance étasunienne est un bateau fou refusant l’évidence de son état critique. Bien que la délocalisation détruise ses perspectives économiques, les « économistes du libre marché » en chantent ses louanges. Bien que la guerre impose des coûts faramineux au pays en faillite, les néo-conservateurs appellent à plus de la guerre, et Républicains et Démocrates affectent des fonds de guerre qui ne peuvent venir que d’emprunts à l’étranger.

En focalisant les États-Unis sur la guerre au Moyen-Orient, dans le but d’assurer l’expansion territoriale d’Israël, la branche exécutive et législative, avec les médias, ont laissé échapper la dernière opportunité de remise en ordre dans leurs finances. Nous sommes arrivés au point où il n’est plus effronté de dire que rien ne peut être fait à présent. À moins que le reste du monde décide de couvrir notre redressement économique, les éclats tomberont là où ils pourront.

Paul Craig Roberts, le 27 novembre 2007

Cet article a été publié le 27 novembre 2007 par http://www.creators.com/opinion/pau...

Note : La référence au 21e siècle est bien de l’auteur lui-même.

Notes [1] http://www.vdare.com/fallon/060919_...

[2] http://www.vdare.com/buchanan/07110...

[3] http://www.vdare.com/roberts/050704...

[4] http://www.vdare.com/roberts/041116...

[5] http://www.vdare.com/roberts/europe...

[6] http://www.vdare.com/roberts/060507...

[7] http://www.vdare.com/roberts/061202...

[8] http://www.vdare.com/roberts/070909...

[9] http://www.businessweek.com/magazin...

[10] http://www.upjohninst.org/publicati...

4) Alan Greenspan : "Après 15 ans d’améliorations extraordinaires... ça va commencer à se retourner"

Alan Greenspan, ancien chef de la Réserve Fédérale américaine (Fed) de 1987 à 2006 et principal promoteur des instruments financiers « créatifs » que nous voyons défaillir les uns après les autres depuis l’été, a confié à la veille du Nouvel An que « quelque chose d’inattendu » allait bientôt se produire et que ça nous « mettra par terre ».

Lors d’une interview sur la radio publique étasunienne (NPR), Greenspan a déclaré « je dois prévoir que quelque chose d’inattendu va arriver et nous mettra à terre (...) Je pense que les chances pour que ça arrive augmentent, car nous entrons dans des zones vulnérables ».

Puis il a ajouté « Ce que je veux soulever c’est que nous sommes dans une phase de changement, et que les améliorations extraordinaires de l’économie mondiale ces 15 dernières années sont transitoires, et ça va changer (...) Donc je pense que ce tout ce processus va commencer à se retourner ».

Les taux d’intérêt, a t-il dit « sont déterminés par les flux d’investissements mondiaux ; c’est une force bien supérieure aux efforts concertés des banques centrales, Fed incluse (...) Nous, ainsi que toutes les autres banques centrales, perdons le contrôle des forces qui accroissent les prix ».

Alan Greenspan a ensuite admit son piteux palmarès en tant que prévisionniste, alors qu’il fut le directeur de la Fed pendant 20 ans : « Le palmarès des prévisions, non seulement que j’ai faites et des entreprises que j’ai développées, mais aussi pour toute la profession dans son ensemble, n’est pas vraiment spectaculaire ». « J’ai fait des prévisions depuis le début des années 50. J’étais aussi mauvais alors que maintenant »

Article extrait de http://www.alterinfo.net

5) Turbulences annoncées en Bourse en 2008 (Le Figaro) Carole Papazian le 2 janvier 2008

Jacques Attali avait jeté un froid à la fin de l’année dernière en estimant que l’économie était au bord de la récession.

Il a par ailleurs prédit une crise de 1929 « si les banquiers continuaient à paniquer ». Des propos de nature eux aussi à faire paniquer les épargnants, puisque lors de la fameuse crise de 1929, les actions américaines avaient perdu plus de 80 % tandis que les Bourses européennes s’enfonçaient de quelque 40 %. Cette mise en garde est-elle prise au sérieux par les gestionnaires d’actifs ? Pour le savoir, nous avons demandé à une vingtaine d’établissements à quels niveaux ils voyaient les principaux indices boursiers (CAC 40, Eurostoxx 50, S & P 500 et Nikkei) fin 2008.

Les gestionnaires prudents

Rarement les prévisions des stratèges boursiers auront été aussi contrastées. Certains voient le CAC 40 s’envoler jusqu’à 6 500 points fin 2008, tandis qu’une maison l’imagine s’enfoncer à 4 700, nettement en dessous de son niveau de fin 2007. Dans un cas, un gain de plus de 15 %, dans l’autre une baisse elle aussi d’environ 15 %. Il y avait longtemps qu’aucun prévisionniste ne s’était hasardé à prédire une telle baisse des indices. Fait nouveau également, plusieurs sociétés de gestion tablent sur une année blanche pour le CAC 40 avec des indices européens proches de leur niveau actuel.

Pourquoi de telles divergences alors que pour tous le constat de départ est le même, un ralentissement de la croissance et des profits des entreprises en 2008 ? Le scénario des pessimistes, c’est celui d’une récession aux États-Unis. Avec un effet domino : la crise financière débouchera sur une baisse des prix de l’immobilier américain, qui n’est que limitée pour l’instant, entraînant une chute de la consommation sur fond de tensions inflationnistes. La contagion gagnerait alors les Bourses mondiales et les marchés émergents eux-mêmes plongeraient. L’économiste Marc de Scitivaux se fait le chantre de cette vision noire allant jusqu’à lancer « si vous avez aimé la crise du subprime, vous aimerez celle des pays émergents ». Or, une récession se traduit généralement par une baisse d’environ 20 % du cours des actions.

Pour l’heure, ce scénario n’est pas pourtant pas celui qui prévaut sur le marché. Axa estime par exemple à 30 % seulement la probabilité qu’il se réalise. La plupart des stratèges préfèrent tabler sur une première partie d’année difficile, mais faire confiance au savoir-faire de la Fed pour sortir tout le monde de l’ornière. La baisse des taux, le niveau peu élevé des marchés constituent à leurs yeux des facteurs de soutien suffisants pour autoriser au final une hausse des indices européens de 5 à 7 % en ligne avec la progression attendue des bénéfices. Ce qui amènerait alors le CAC 40 à 6 000 points.

6) La communauté financière doute des Banques centrales

Dans sa colonne du 23 décembre, le chroniqueur financier du London Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard, expose clairement l’incompétence des Banques centrales à faire face à la crise du système financier. Evans-Pritchard cite « un concert d’économistes », prévenant que « les Banques centrales mènent la mauvaise guerre, et courent le risque de commettre une erreur d’ordre historique ».

Si Evans-Pritchard ne mentionne pas les politiques adéquates pour réorganiser le système bancaire qu’a proposé Lyndon LaRouche, pour étayer sa thèse, il cite Anna Schwartz, une disciple de Milton Friedman, Peter Spencer, l’économiste en Chef de l’ITEM club (branche d’analyse et de prévision financière d’Ernst & Young), Paul Tucker, le directeur des marchés à la Banque d’Angleterre, et Tim Giethner, le chef de la Réserve Fédérale de New York.

Parmi eux, le plus apocalyptique est Peter Spencer : « Les Banques centrales perdent rapidement le contrôle. En ne coupant pas assez ou assez vite les taux d’intérêts, ils permettent aux marchés de dicter leur politique. (...) Ils ont encore quelques mois avant que tout explose. La situation est très instable et peut très vite basculer. Je ne pense pas que les Banques centrales vont faire une erreur majeure de politique, mais s’ils le font (ils l’ont déjà fait en injectant des masses de liquidités - ndlr) ça ferait passer 1929 pour une promenade au parc ».

Article extrait de http://www.solidariteetprogres.org

7) 2008 Une année de défis. Au menu, inflation, crise énergétique et faible croissance Article de Libération

Après une année 2007 secouée par la crise des subprimes américaines, la flambée des matières premières (pétrole en tête) et le boom des pays émergents, notamment de la Chine et de l’Inde, 2008 s’annonce riche en coups de stress et en rebondissements. Passage en revue des petits et grands bouleversements qui nous attendent.

Les subprimes vont-elles faire exploser la planète finance ?

Récession, risque systémique : le pire est toujours évoqué à propos de la triple crise de l’immobilier, du crédit et de la finance qui sape l’économie des Etats-Unis depuis le printemps. La « bad debt » (« mauvaise dette »), comme disent les Américains, est tapie un peu partout dans le système et ne peut que grandir en 2008. En octobre, 16 % des 1 300 milliards de dollars de prêts hypothécaires subprimes, qui sont à l’origine de la crise, étaient en défaut de paiement. En 2008, près de la moitié de ces prêts vont à leur tour passer à des taux d’intérêts si élevés que la plupart des propriétaires ne pourront faire face, augmentant ainsi les défauts de paiements.

Aux Etats-Unis, cette débâcle a déjà eu des répercussions importantes sur le prix de l’immobilier - il a chuté de plus de 6 % en moyenne après une forte hausse les années précédentes -, sur la consommation, sur la solvabilité des détenteurs de cartes de crédit et surtout sur les banques d’affaires. Une quinzaine de géants de Wall Street, qui avaient imprudemment converti les hypothèques immobilières américaines en titres boursiers, ont annoncé des pertes faramineuses (14 milliards de dollars pour Citigroup, 8 milliards de dollars pour Merrill Lynch). Ces gouffres, qui ne peuvent que se creuser davantage en raison de l’accentuation des défauts de paiements attendus dans l’immobilier, ont pour l’heure été colmatés par la Chine, Singapour et des investisseurs des pays arabes qui ont racheté des parts, parfois importantes, de ces piliers de la finance américaine. Et cette crise continuera sûrement d’avoir des effets de ce côté-ci de l’Atlantique. D’abord par ricochet. Quand Wall Street s’enrhume, la Bourse de Paris, possédée en large partie par les fonds anglo-saxons, tousse. Mais aussi parce qu’il n’est pas impossible que de nouveaux cadavres apparaissent dans les placards. A l’image du Crédit agricole - qui a révélé récemment que la crise des subprimes allait lui coûter au moins 1,6 milliard d’euros -, la Société générale ou BNP Paribas ne sont pas à l’abri de nouvelles dépréciations de leur portefeuille d’actifs. Reste que les montants en jeu sont sans équivalent avec les pertes des banques américaines, et que les établissements français ont, pour l’instant, les épaules suffisamment larges pour supporter ces chocs.

L’énergie va-t-elle devenir un luxe ?

Allez, un petit effort et on atteint les 100 dollars le baril de pétrole cette année ; on les dépasse, et on va vers les 200. En ce début 2008, les conditions ne sont pas vraiment réunies pour calmer les marchés de matières premières. La croissance de la Chine et de l’Inde, qui soutient la demande, n’est pas prête de s’arrêter. Comme le note l’Agence internationale de l’énergie, dans son étude annuelle, « l’évolution de la situation énergétique en Chine et en Inde est en train de transformer le système énergétique mondial sous l’effet de leurs tailles immenses et de leur poids grandissant dans les échanges internationaux de combustibles fossiles ».

Une hausse de la demande peut être comblée par une augmentation de l’offre. L’Opep, le cartel des pays producteur d’or noir, organise une réunion extraordinaire pour le 1er février à Vienne. D’ores et déjà, le ministre algérien de l’Energie Chakib Khelil, qui présidera l’Opep les six prochains mois, a affirmé ne pas exclure une augmentation de la production. Mais cela aura-t-il la moindre influence ? Pour beaucoup d’économistes, le niveau du baril a principalement été porté en 2007 par la spéculation des hedge funds (les fonds spéculatifs). « L’équilibre offre-demande est toujours très tendu, avec à peine plus de deux millions de baril par jour de capacité excédentaire, note Jacques Chaussard, du Crédit agricole. Mais la volatilité du marché est exploitée, et amplifiée, par les spéculateurs dont l’activité n’a jamais été aussi intense. » Pétrole cher ou pas, les énergies non fossiles devraient continuer à être tendance en 2008, préoccupation environnementale oblige. L’éolien est le premier concerné. Et les rares entreprises encore indépendantes risquent de faire l’objet de surenchères de la part des gros producteurs d’électricité. Sur la lancée de son grand retour en grâce de 2007, le nucléaire devrait aussi faire l’actualité. On attend pour 2008 ou 2009 des annonces de construction de centrales en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Le processus est lancé, il ne devrait pas s’arrêter.

L’inflation va-t-elle faire son retour ?

Partout, les prix s’envolent. De l’Afrique du Sud (qui flirte avec les 8 %) au Japon (+ 0,4 % sur un an, un record en dix ans). L’inflation de la zone euro a atteint son plus haut niveau depuis six ans et demi : + 3,1 % en rythme annuel, selon Eurostat. La France a battu en novembre un record depuis trois ans : les prix de détail ont augmenté de 2,4 % sur l’année, selon l’Insee. Pire, en Allemagne, les prix ont progressé de 2,2 % en 2007. Dans ce pays traumatisé par l’hyperinflation des années 1920, le seuil symbolique des 2 % n’avait pas été dépassé depuis 1994. Outre-Atlantique, les prix de gros ont augmenté de 3,2 % en novembre, un record depuis 1973 ! Les prix à la consommation ont, eux, progressé de 0,8 % le même mois, hausse la plus forte depuis deux ans.

Sur toute la planète, la même mécanique est à l’œuvre : flambée des prix des matières premières, des denrées agricoles au pétrole. Blé, maïs, colza, lait... ont battu des records cette année. Dès la rentrée, ces hausses se sont répercutées sur les prix alimentaires. Ainsi, Danone France aura monté ses prix de 30 % au premier semestre 2008 par rapport à l’année précédente. Cette année, tout le monde sera suspendu au niveau des prix : les consommateurs inquiets de leur pouvoir d’achat, les investisseurs craignant une hausse des taux d’intérêt et, par là, une atrophie de l’activité économique, déjà mise à mal par la crise des subprimes. Cette hausse des matières premières pourrait passer pour une aubaine pour les agriculteurs et les pays en développement... sauf que la réalité de l’accès à la nourriture s’annonce plus périlleuse que jamais. La sécurité alimentaire est compromise par cette hausse sans précédent des cours des produits agricoles provoquée à la fois par des stocks mondiaux à leur plus bas niveau historique, des sécheresses et des inondations dues au changement climatique, les cours élevés du pétrole et la demande croissante de biocarburants. Un cocktail alarmant pour la FAO, l’agence de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation, qui estimait début décembre que 37 pays démunis sont affectés par la crise alimentaire...

La croissance va-t-elle dégringoler ?

L’insolente expansion mondiale a du plomb dans l’aile. Au mieux, ça planera vers le bas pour tenter d’atterrir en douceur. Au pire, ça pourrait virer au krach. Pour se draper dans une vision optimiste, mieux vaut avaler quelques pilules roses. Car après une période sans précédent, le rythme de croissance annuel n’atteindra pas les 5 % de moyenne.

Les moteurs de la croissance se sont déplacés hors de nos frontières. Exit les Etats-Unis, l’Europe ou le Japon, qui ont passé le relais... Bienvenue au Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine). Même pénalisés par le boom des matières premières et alimentaires, les grands pays émergents (contrairement aux plus démunis) devraient jouer les locos de la croissance, alimentés par une forte demande intérieure et une explosion de leurs exportations. Bémol : le degré d’implication des places financières, notamment asiatiques, dans la crise de subprimes, qui pourrait entraîner un resserrement des conditions de crédit. Et la surchauffe singulière de la bulle chinoise, qui, entre bourse-casino, inflation galopante, et crise énergétique, menace de voler en éclat. Une menace quand on sait qu’en 2007, l’Asie a pesé autant que les pays du Nord dans la création de richesses, soit 1800 milliards de dollars...

L’OCDE vient de revoir à la baisse les prévisions pour les pays du Nord, à 2,3 % de croissance contre 2,7 % auparavant. Les Etats-Unis sont pour l’instant crédités d’un 2 %. Mais des analystes estiment à 40 % les chances d’une récession. Le dollar pourrait continuer sa chute et les fonds souverains réduire leur exposition aux bons du trésor américains. Dans les pays développés, l’inflation a été de 3 % en 2007, et en 2008, la croissance ne sera pas là pour compenser. Pas plus que les salaires, pris dans l’étau de la concurrence mondiale. Et voilà que l’on ravive la menace de la stagflation (inflation + stagnation). Un spectre qui alimenterait le retour massif du chômage.

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8) 2008 Le premier trimestre de tous les dangers (Le Figaro)

Goldman Sachs l’a prédit, l’économie va « continuer de payer les pots cassés de l’année 2007 ».

Les actions concertées des banques centrales à la fin de l’année dernière ont eu beau faire, la crise de confiance née l’été dernier des défauts de paiement de ménages américains modestes et de la diffusion de ce risque dans l’économie n’est pas terminée.

Les marchés craignent d’au­tres mauvaises surprises ces prochaines semaines dans les bilans bancaires. Ils redoutent aussi un « credit crunch », c’est-à-dire un assèchement des crédits. « Le retour à la normale sur le marché monétaire est d’une importance capitale », souligne Patrick de Fraguier chez Crédit agricole asset management.

La volonté des banques centrales est là, mais la transparence n’est pas encore au rendez-vous. Le calendrier politique pourrait pourtant aider les marchés. « 2008 est une année électorale aux États-Unis et on peut s’attendre à ce que tout l’arsenal à disposition pour enrayer le ralentissement économique soit déployé » remarque Yves Bonzon, directeur des investissements chez Pictet. Les entreprises ont des bilans sains, leurs prix ne sont pas trop élevés en Bourse et les banques centrales sont aux aguets. Ce qui donne un certain seuil de résistance aux marchés.

9) La presse financière anglo-américaine craint un Krach

Après que les banques centrales aient décidé pour la énième fois d’injecter des liquidités pour faire face à la crise financière internationale, l’hystérie est en train de s’emparer d’une bonne partie de la presse anglo-américaine. Plusieurs articles de journaux du 16 décembre en rendent compte, et même si leur analyse est biaisée, ils témoignent tous d’une compréhension que la crise est plus grave qu’ils ne le pensaient au début, et que les banques centrales n’ont aucun plan de sauvetage.

L’éditorial du Washington Times, intitulé « Desperate Times », explique que « la dernière fois que les marchés financiers internationaux étaient menacés de paralysie généralisée », c’était en 1998 lors de l’implosion du fonds LTCM. Mais dans la situation actuelle, toutes les actions entreprises par la Réserve Fédérale n’ont pas suffi à enrayer le vent de panique qui s’est abattu sur le monde la finance. L’effondrement du marché des subprimes a entraîné des pertes pour les plus grandes banques, à hauteur de 75 milliards de dollars. L’auteur de l’édito prédit que les pertes liées aux subprimes pourraient bien aller jusqu’à 500 milliards étant donné que « les acteurs des marchés ne savent pas combien de déchets toxiques chaque banque détient ». Et il conclut : « Il n’y a aucune certitude que les efforts désespérés entrepris par les plus grandes banques centrales du monde suffisent. »

Un article du Washington Post par David Ignatius s’intitule : « Ce que craignent les banquiers. » Il raconte comment la nervosité des banquiers centraux les a amenés à inonder les marchés de liquidités. Le but n’est pas d’éviter la récession économique, mais d’en mitiger les effets. Mais le vrai problème est que les banques ne se font plus confiance, et personne ne sait quoi faire, car « personne ne connaît réellement la valeur de certains titres financiers adossés à des hypothèques, que tout le monde possède ». Les banques ne trouvent plus de financements, et elles ne prêtent plus. Trop d’acteurs financiers sont vidés et ne savent plus vers qui se tourner. « Les marchés devront sombrer encore un bon moment, hélas, avant que les vautours n’emportent les débris et qu’on puisse entreprendre un processus de reconstruction. »

Un autre article du Washington Post s’intitule : « Tout va bien dans l’Etat de Déni » ; il nous informe que dans le comté de Prince George, Maryland, les maisons restent en moyenne plus de trois mois sur le marché avant de trouver preneur, et le nombre de maisons invendues a doublé depuis 2006. En août dernier, les deux-tiers des personnes qui avaient versé un accompte pour l’achat d’une maison ont finalement abandonné les démarches. A Washington D.C., au cours du troisième trimestre 2007, 79 maisons sur 10 000 se sont faites saisir, contre 11 sur 10 000 pour la même période en 2006. Les élus des comtés de Loundoun et de Fairfax ont dit que leur budget serait réduit de 200 millions de dollars l’an prochain, à cause de la chute des prix de l’immobilier.

Dans le Financial Times, un article de Wolfgang Munchau nous prévient : « Tenez-vous bien, les banques centrales n’ont aucun plan. » Quand les banques centrales sont arrivées avec leur plan d’injection de liquidités la semaine dernière, « le but était de rassurer les marchés, mais ça a eu l’effet inverse. Il s’est avéré que les acteurs des marchés ne sont pas stupides à l’infini ». Les banquiers et les investisseurs sont « au bord de la faillite, certains ne tiennent plus que par le petit doigt. Mais les banques centrales ne proposent rien qui puisse nous sortir de cette crise de solvabilité ». Le verdict est sans appel : « Attendez-vous à un des tensions continues sur les marchés financiers pour la plus grande partie de l’année prochaine et peut-être au-delà. Attendez-vous à (...) ce que l’économie réelle soit touchée ».

Pendant ce temps, Alan Greenspan , l’homme qui a tout fait pour créer cette hyperinflation quand il dirigeait la Réserve Fédérale, demande à continuer de balancer de l’argent sur les marchés. Interviewé dans l’émission This Week sur ABC News, il a dit qu’il fallait aider les propriétaires ayant des problèmes avec leurs hypothèques, mais « sans affecter les marchés ». Pour cela, il faut « utiliser l’argent du gouvernement ». Il ne faut pas que le gouvernement touche aux taux d’intérêt ou au prix des maisons, il doit se contenter d’injecter du cash, même si ça aura quelques répercussions sur les impôts...

Aucun doute, rien de tel pour sauver les spéculateurs.

http://www.solidariteetprogres.org


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