2008 Quelques enseignements à propos des élections municipales et cantonales

samedi 22 mars 2008.
 

Les résultats des élections municipales et cantonales appellent quelques commentaires importants pour la suite de la lutte contre Sarkozy et pour une nouvelle force politique à gauche. Bien sûr, il s’agit d’élections locales et donc avec des motivations locales rendant difficile une analyse nationale. Toutefois, certains faits sont particulièrement nets :

- le rapport gauche -droite est favorable à la gauche, un peu moins aux municipales ( 49.7% contre 47 % à la droite), mais très nettement aux cantonales où la Gauche réalise 51% et est donc majoritaire dans le pays et ce à peine 8 mois après la défaite aux présidentielles... Il y a bien eu vote sanction vis-à-vis de Sarkozy !

- une participation plus faible qui pose la question de la fin du cycle de remobilisation citoyenne engagé depuis 2005. C’est la question de l’abstention ! Celle-ci a sans doute plusieurs causes dont deux particulièrement nous semblent essentielles. Une partie de l’électorat ayant voté Sarkozy en 2007 a sans doute voulu manifester son mécontentement ou son désarroi. Il s’agit là d’un signe, les électeurs ne sont pas la propriété d’un camp et une bataille politique de reconquête de cet électorat populaire perdu par la gauche est possible à condition d’être capable de s’adresser à lui ... L’autre enseignement concernant l’abstention est que celle-ci manifeste aussi la difficulté de la gauche à apparaître comme la solution à l’opposition au libéralisme de la droite.

- une troisième leçon est directement liée à cette question : la radicalisation de l’électorat. La bonne tenue du PCF, proche des 10% au niveau national, que d’aucuns à la droite du PS avaient déjà enterré mais aussi les bons scores de la LCR dans un certain nombre de villes en sont le signe. Sur le PCF, en Isère la situation est peu lisible. Le PS dont la fédération Isere a appeler à l’union à gauche et au respect des sortants n’a pas été écoutée. A Fontaine tout particulièrement des responsables PS ont cherché à se faire élire avec les voix de la droite contre la municipalité communiste sortante qui avait pourtant le soutien... de la fédération PS ! A Pont de Claix l’opération a réussi... L’appui de voix de droite pour battre le PC deviendrait-il une nouvelle tactique au PS ?

- enfin il y a la question du Modem et ici plusieurs cas de figure méritent d’être analysé. Tout d’abord là où la gauche était sortante, comme à Grenoble ou Montpellier, l’alliance du PS avec le Modem n’a produit aucune dynamique. Allié au Modem, le PS fait même moins bien dans ces deux villes qu’en 2001. A Grenoble, la liste PS régresse de 51 % en 2001 à 48 % en 2008 (il est vrai que cette liste était largement ouverte à ... droite !) et à Montpellier de 56,3 % à 51,88 %. A Lille, autre ville de gauche sortante, le seul effet réel de l’alliance surprise du PS avec le Modem entre les deux tours semble être d’avoir poussé un nombre croissant d’électeurs dans l’abstention. Elle atteint son record historique dans cette ville ancrée à gauche. Ensuite face à la droite, le Modem n’apporte rien à la gauche : à Marseille, Perpignan, Melun ou Briançon, l’alliance du PS avec le Modem entre les deux tours n’a donné aucune dynamique à la gauche contre la droite sortante. Les listes PS-Modem obtiennent souvent au second tour des scores plus faibles que l’addition de leurs scores du premier tour. L’alliance du PS avec le Modem ne crée donc aucune dynamique pour la gauche. Enfin là où le Modem gagne c’est contre la gauche ... Alliés à la droite, ses listes prennent Mont de Marsan et Saint Brieuc au PS. De même il conserve Arras, Biarritz, Epinay sur Seine et Talence en alliance avec la droite et contre la gauche. Et pour finir quand la gauche gagne, c’est contre le Modem ou sans lui ... Déjà au 1er tour, la quasi-totalité des villes prises par la gauche à la droite l’avaient été sans le Modem et souvent contre lui : Alençon, Rodez, Laval, Rouen et ainsi de suite. Même phénomène au second tour. A Toulouse, Périgueux, Colombes, Vandoeuvre les Nancy, Niort ou Noisy le Sec, la gauche l’emporte contre des listes de droite fusionnées avec le Modem ou soutenues par lui. A Saint Etienne et à Pau, la gauche l’emporte face au Modem et à l’UMP qui s’étaient maintenus séparément en triangulaire. La gauche gagne aussi sans le Modem à Amiens, Strasbourg, Caen, Evreux où le parti de Bayrou n’avait donné aucune consigne de vote. Pour la gauche, le deuxième tour s’est joué sur la qualité des alliances et des reports de voix à gauche. Pour le reste, dans tous les cas de figure, le Modem apparait donc dans ces élections municipales sous sa vraie réalité politique : un parti de droite avec lequel la gauche n’a rien à gagner.

Alain Dontaine, mardi 18 mars


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