28 février 1848 : Ange Guépin devient commissaire du gouvernement provisoire à Nantes

mardi 5 mars 2024.
 

Dans l’ensemble, la révolution de 1848 a légué peu de noms méritant vraiment de passer à la postérité. Tel n’est pas le cas d’Ange Guépin, républicain socialiste actif, grand médecin, révolté par la misère ouvrière, pacifiste, franc-maçon, régionaliste...

La Bretagne avait joué un rôle important dans le déclenchement de la Révolution de 1789 puis dans son processus de radicalisation. Ange Guépin naît dans une famille très engagée dans cette Bretagne révolutionnaire...

Son grand-oncle, député, avait signé le Serment du Jeu de Paume ;

Son père Victor Guépin, avait participé à la mobilisation antinobiliaire des jeunes bretons en 1788 1789 puis avait dirigé la défense de Pontivy contre 12000 chouans.

Ange hérite de cette famille les grands acquis de la révolution, en particulier la conviction d’une marche de l’humanité vers le progrès et la souveraineté populaire.

Sous la Restauration, ses idées et la renommée républicaine de sa famille le font rayer de la liste d’entrée à l’Ecole Polytechnique. Il suit alors un cursus universitaire en médecine. En 1827, il anime avec son cousin Morhéry les cercles d’étudiants républicains parisiens qui vont jouer un rôle décisif lors de la révolution de 1830.

Comme médecin, Ange Guérin prouve rapidement de grandes qualités : en 1828 thèse de doctorat intitulée Quelques considérations sur le Cancer ; en 1829, professeur à l’École de Médecine ; en 1832, chirurgien suppléant de l’hôpital de Nantes, il se spécialise dans l’ophtalmologie.

En 1830, il participe à la révolution sur Nantes. C’est alors qu’il entre en contact avec les milieux ouvriers républicains. et poursuit son combat pour l’amélioration des conditions de vie des milieux populaires urbains.

En 1833, il contribue à l’organisation du premier congrès scientifique et philosophique organisé en France.

En 1835 , il fonde la première clinique de l’œil en Europe. Il ouvrira ensuite la première clinique en France pour soigner des travailleurs du bâtiment victimes d’accidents du travail puis le premier dispensaire nantais gratuit pour les indigents. Il est aussi l’un des premiers médecins à opérer de la cataracte.

A l’âge de 30 ans, le voilà engagé dans le combat contre le "paupérisme", c’est à dire les conditions de vie déplorables des familles ouvrières. Pour accéder à un écrit d’Ange Guépin sur le sujet, cliquez sur le titre ci-dessous :

Les conditions de vie des ouvriers en France (par Ange Guérin, 1935)

L’autre grand combat de sa vie sera l’éducation, en particulier en faveur des filles.

Elu conseiller général de Loire Inférieure en 1845, il participe au journal socialiste Le Populaire de Cabet.

Le 28 février 1848, il accepte la fonction de commissaire du gouvernement provisoire dans ce département, puis le 14 mars même poste dans le Morbihan, d’où il est révoqué le 10 juillet.

Il dépose au conseil général un projet de banques départementales de bienfaisance. Il participe en 1849 à la fondation de l’Association des travailleurs de Nantes et de la Fraternelle universelle qui seront dissoutes par le pouvoir en octobre 1850. Il publie la Philosophie du socialisme ou étude sur les transformations dans le monde et l’humanité, qui le fera révoquer de ses fonctions de médecin de la Douane et de professeur. En 1851, il publie un nouveau livre Le socialisme expliqué aux enfants du peuple. Après le coup d’État du 2 décembre 1851, il est placé sous surveillance puis arrêté an 1852.

Engagé dans la franc-maçonnerie, il publie en 1868 une Esquisse d’une philosophie maçonnique.

A nouveau élu conseiller général de Loire-Inférieure en 1865, il travaille inlassablement au développement des écoles publiques avec sa femme Floresca et d’autres amis. Cette action aboutit à la création sur Nantes des écoles municipales de quartier pour les garçons, d’une école municipale de filles, et d’un enseignement professionnel féminin, futur lycée Vial.

Après la chute du Second Empire, il poursuit la diffusion d’idées républicaines et socialistes grâce à son journal L’Union démocratique dans lequel il soutient la Commune de Paris.

Sur la fin de sa vie, il trouvera encore la force de militer au sein de la Ligue internationale pour la Paix et la Liberté qui avance la perspective d’États unis Europe.


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