La question du changement climatique place la communauté internationale face à ses pires contradictions (Aurélien Bernier)

lundi 19 janvier 2009.
 

Les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine sont responsables de perturbations qui s’annoncent gravissimes. Les scientifiques appellent à une division par deux des rejets mondiaux d’ici 2050 pour éviter la catastrophe, en prenant comme référence la situation de 1990. En 1997, lors de la finalisation du protocole de Kyoto, les pays riches – sans les États-Unis – s’accordaient pour réduire leurs émissions de 5,2% avant fin 2012. Cet objectif qui peut paraître timide est en fait une escroquerie, puisqu’il était presque atteint dès 1997 suite à l’effondrement des économies d’Europe de l’est.

Mais depuis, les choses ne font qu’empirer. D’une part, les émissions des pays riches continuent de croître. Les Etats auraient tort d’en éprouver des complexes, puisque le dispositif Kyoto ne prévoit pas la moindre sanction. D’autre part, les chiffres explosent dans les pays en développement, qui accueillent à bras ouverts les délocalisations d’usines polluantes. Au final, les émissions mondiales ont grimpé de 35% ces dix dernières années.

Face à cette situation dramatique, la communauté internationale est totalement discréditée. Après trente ans de dérégulations menées sous l’impulsion du GATT puis de l’OMC, le libre-échange est devenu la valeur suprême. Les mesures environnementales sont considérées comme des « obstacles techniques au commerce », et les multinationales peuvent pratiquer le chantage à l’emploi pour échapper à toute contrainte politique.

Ceci explique pourquoi Kyoto est un accord si ridicule, qui a surtout permis de lancer le marché des droits à polluer, futur eldorado de la spéculation pour la finance internationale. Les rencontres de Bali en 2007, puis Poznan en 2008, n’ont permis aucune réelle avancée. Fin 2009, la conférence de Copenhague doit en théorie fixer un cadre pour l’après-2012. Mais rien ne progresse, à part les déclarations qui n’engagent que ceux qui les croient. Ainsi, les États-Unis de M. Obama promettront bientôt de réduire leurs émissions. Avec la crise financière, il est même probable que les rejets mondiaux baisseront en 2009. Mais il est également certain qu’elles repartiront à la hausse à la première occasion, puisque personne n’aura voulu s’attaquer au cœur du système.

L’espoir se trouve donc ailleurs. Dans la prise de conscience par les citoyens que la mondialisation n’est pas une fatalité, mais une stratégie au service des grandes puissances économiques, qui détruit l’environnement comme elle broie les hommes. À l’heure des vœux pour 2009, il reste à souhaiter que l’écologie devienne enfin politique. Elle doit se fonder sur une critique radicale de la mondialisation, du néolibéralisme, et de sa pierre angulaire, le libre-échange.


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