Osons le féminisme… Tou(te)s ensemble (par Marie-Christine Vergiat, députée européenne Front de gauche)

dimanche 21 juin 2009.
 

* Les inégalités entre les hommes et les femmes persistent, voire s’aggravent, et ce n’est guère étonnant dès lors que les femmes constituent l’essentiel de l’emploi précaire.

* Les écarts de salaire demeurent bien que les femmes soient aujourd’hui plus diplômées que les hommes.

* L’image de la femme dans la publicité est en pleine régression et je ne me priverai pas de dénoncer l’affiche scandaleuse que l’on voit fleurir sur les kiosques parisiens pour inviter les Franciliens à participer au Grand Prix de Diane puisque l’on y voit une femme nue cachée pudiquement derrière la barrière de départ de la course hippique. Sans doute qu’un publicitaire amateur de second degré a voulu symboliser une très belle « pouliche » mais cela donne envie de hurler et l’on ne peut que se demander quel est le rapport avec le Schmilblick.

* Les rayons de jouets deviennent effarants de sexisme et sont de parfaits outils de construction des genres.

* La répartition des tâches domestiques reste quasi invariable.

* Les violences faites aux femmes persistent mais… elles semblent aujourd’hui résumer l’essentiel du combat pour les droits des femmes.

Même si le bilan peut sembler amer, doit-on pour autant se priver du plaisir de dire que les choses évoluent et que la situation des femmes a bien changé si on regarde ce qu’était la vie de nos grand-mères et même celle de nos mères. Je ne le crois pas, et j’ai envie de dire : ne nous laissons pas piéger par le syndrome de la bouteille à moitié vide. On doit au contraire s’appuyer sur ces acquis pour continuer d’avancer et c’est bien ce que nous avons fait dans le cadre de la campagne du Front de gauche en portant la proposition de la clause de l’Européenne la plus favorisée.

Il faut aussi aller plus loin et reprendre le débat de fond. Et ce débat, c’est bien celui de l’égalité. Il en va là comme dans toutes les luttes contre les discriminations. Il ne s’agit pas de tout mettre sur le même plan mais d’avancer ensemble en luttant contre les stéréotypes de toute nature, en respectant les particularismes de chacun, en s’appuyant sur ce qui nous est commun.

Les identités sont de plus en plus multiples. On peut être femme et se sentir beaucoup plus proches de certains hommes que de certaines femmes et avoir envie de construire de façon nouvelle ce « vivre ensemble » là en refusant de se laisser piéger par les différencialismes et autres communautarismes. Nous avons fêté l’année dernière le centième anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir, ne devrait-on pas en profiter pour remettre en avant son fameux « On ne naît pas femme, on le devient » et dire aussi qu’il en va de même pour les hommes. Il nous reste beaucoup de chemin à parcourir dans la déconstruction socioculturelle des genres mais, oui, aujourd’hui encore :

osons le féminisme… tou(te)s ensemble.

Marie-Christine Vergiat


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