L’ambassadeur des Etats-Unis au Honduras, Hugo Llorens, admet avoir participé à des réunions où a été préparé le coup d’état du 28 juin 2009 contre le président Zelaya.
Qui est Hugo Llorens ?
Tout simplement un des 14000 enfants arrachés à Cuba lors de l’opération Peter Pan entre 1960 et 1962. Pour mémoire, l’opération Peter Pan (operación Pedro Pan en espagnol), organisée par la CIA, les autorités religieuses catholiques de Miami et des exilés cubains, visait à semer la panique dans les familles de l’île en diffusant de fausses informations selon lesquelles les enfants cubains seraient déportés en Union Soviétique. Pour « sauver » ces enfants, l’opération Peter Pan organisa leur départ de Cuba vers Miami où ils furent en général placés dans des orphelinats ou accueillis dans des familles d’exilés cubains et reçurent tous une éducation strictement conservatrice qui les mena tout droit dans la mouvance de l’extrême droite.
Tout comme Melquiades ’Mel’ Martínez, représentant de l’extrême droite cubano-américaine au Congrès des Etats-Unis ou Eduardo Aguirre, ambassadeur des USA à Madrid, dont il fut l’assesseur, Hugo Llorens est arrivé aux Etats-Unis à l’âge de sept ans. Après une carrière universitaire brillante, il occupe divers postes avant d’intégrer le Département d’Etat en 1981. Dès 1982, il devient le Directeur des Affaires Andines au Conseil National de Sécurité à Washington. Il occupait ce poste lors de la tentative de coup d’état conte Hugo Chávez en 2002…
En juillet 2008, Llorens est nommé ambassadeur au Honduras en remplacement de Charlie Ford, celui-là même qui avait suggéré à Bush la brillante idée de se débarrasser de Posada Carriles en l’envoyant finir ses jours au Honduras. La demande fut présentée au président Zelaya tout fraîchement élu. Malheureusement pour la Maison Blanche, le nouveau président se montra infiniment moins docile que prévu et envoya sèchement promener Charlie et son protégé.
Lorsque Llorens arriva à Tegucigalpa deux mois plus tard, le président Zelaya refusa de recevoir ses lettres de créance, par solidarité avec la Bolivie qui venait d’expulser le représentant des USA pour ses activités d’ingérence. L’ambassadeur US dut attendre une longue semaine avant d’être enfin reçu, et dut écouter Zelaya lui exprimer le malaise de son pays devant « ce qui se passait dans le pays le plus pauvre de l’Amérique du Sud ».
Coïncidence : deux jours plus tard, le 22 septembre, le chef d’Etat Major des Forces Armées du Honduras, le général Romeo Vásquez déclarait à la presse locale que « certaines personnes envisageaient de renverser le président Zelaya ». Or ce général Vásquez n’est autre que celui qui soutient Micheletti, l’homme porté au pouvoir par le coup d’état militaire du 28 juin… A l’époque, ce militaire vertueux affirmait que, bien que le président élu soit « critiqué pour les accords passés avec le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua » et qu’on l’ait « sollicité pour chasser le gouvernement », l’armée était « une institution sérieuse et respectueuse », ajoutant même : « Nous respectons monsieur le Président en tant que notre commandant en chef et nous nous plions à la loi ».
Neuf mois plus tard, c’est ce même général qui a ordonné à ses troupes de tirer sur la foule à l’aéroport de Tegucigalpa ! Depuis le coup d’état, on a appris pas mal de choses. Entre autres, le journal La Prensa révèle que dans la nuit du 21 juin eut lieu une réunion entre des politiciens influents du pays, des chefs militaires et l’ambassadeur Llorens pour « chercher une issue à la crise », la crise étant la consultation populaire décidée par Zelaya sur la possibilité d’un chef d’état de briguer un second mandat. Eventualité inacceptable pour la droite du pays qui voyait glisser à gauche, vers les Chávez, Correa, Morales, Ortega et autres Castro, un président qu’elle avait elle-même porté au pouvoir !
Quant au New York Times, il a confirmé que s’était tenue une autre réunion à laquelle assistaient “le Secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires de l’Hémisphère Occidental, Thomas A. Shanon, l’ambassadeur Llorens, de hauts officiers des forces armées et des leaders de l’opposition » pour « renverser le Président Zelaya, l’arrêter et désigner l’autorité qui pourrait le faire ».
Nous voulons bien croire qu’Obama – qui a condamné modérément le coup d’état- n’était pas au courant.
Jean-Guy Allard
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