Livre vert sur la jeunesse : un alibi à la précarité... (article NPA)

vendredi 24 juillet 2009.
 

Le livre vert de la commission sur la jeunesse, présidée par Martin Hirsch, a été rendu public le 7 juillet. Il prétend apporter des solutions à l’insertion des jeunes. En réalité, il va généraliser la précarité dans la jeunesse et l’ensemble du salariat.

Les jeunes figurent parmi les premières victimes de la crise. Depuis un an, le chômage des 18-25 ans a augmenté de 32%, pour atteindre 23,5%. C’est presque trois fois plus que les chiffres touchant les 25-49 ans. Une grande partie des intérimaires licenciés ces derniers mois étaient des salariés de moins de 30 ans. Et, à la rentrée, de nombreux jeunes diplômés vont venir allonger les files d’attente au Pôle emploi.

Face à cette situation désastreuse, la commission Hirsch propose le doublement des contrats d’apprentissage d’ici 2015. Déjà, en mars dernier, le gouvernement annonçait le déblocage de 1,5 milliard d’euros pour l’embauche de 100000 jeunes en contrat d’alternance pendant deux ans. Autrement dit, l’Etat finance des jobs sous-payés et les entreprises signant le contrat sont exonérées financièrement. La méthode est classique, mais efficace. Le développement de l’apprentissage est présenté comme le moyen de fournir des ressources aux jeunes durant leur formation. Cela doit être replacé dans le contexte de « professionnalisation » mise en place ces dernières années, visant à rendre les formations professionnelles moins qualifiantes, tout en dévalorisant les diplômes.

Autre proposition de la commission, la création d’une « dotation autonomie » de 4000 euros maximum, afin d’aider au financement de la recherche du premier emploi. Cette dotation serait partiellement remboursable, mais nul ne sait dans quelle proportion. Une éventuelle extension du RSA aux jeunes salariés de moins de 25 ans est également à l’étude. Selon Martin Hirsch, ce « RSA jeunes » ne serait pas un véritable RSA, il aurait des applications différentes dans son contenu et son montant.

Mais là n’est pas la question. Le RSA fait passer de petits contrats (dix heures par mois) pour de véritables emplois. Au-delà de deux refus d’offre d’emploi, le RSA est supprimé et l’allocataire se retrouve sans revenu. Bien que les moins de 25 ans n’aient pas accès aux allocations chômage, l’extension du RSA aux jeunes salariés serait un facteur de développement de la précarité, en généralisant le salariat pauvre et les contrats précaires.

Le livre vert propose également la mise en place d’un livret d’orientation, afin de « valoriser les compétences » acquises par les jeunes durant leur apprentissage : acquisition d’une langue étrangère dans le cadre familial, stages, rencontres… Les annotations du livret de compétences risquent fort de constituer un outil de classification des salariés pour assurer un suivi par l’employeur. Là encore, il s’agit de dévaloriser les diplômes reconnus par les conventions collectives, en contournant celles-ci.

Le gouvernement veut aller vite. Une loi de programmation et d’orientation pour la jeunesse mettant en application les recommandations du livre vert est prévue pour l’automne. Ce que propose Martin Hirsch, c’est un développement généralisé de la précarité, sous couvert de solidarité envers les jeunes victimes de la crise. Face à cela, il faudra construire des mobilisations à la hauteur des enjeux et apporter nos propres réponses. Nous exigeons l’interdiction de tous les contrats précaires, y compris le RSA, et nous voulons l’indemnisation de toutes les formes de précarité, par un revenu égal au Smic (porté à 1500 euros). Nous exigeons l’instauration d’une allocation d’autonomie égale au Smic pour tous les jeunes de 16 à 25 ans permettant de vivre et de se former librement. Non à la « professionnalisation » dévalorisant les diplômes ! Nous voulons des formations reconnues nationalement dans les conventions collectives.

Romain Bleibtreu


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