Il faut sauver la Poste (par Gauche Unitaire)

dimanche 27 septembre 2009.
 

Au cœur de la contre-révolution conservatrice engagée par la droite sarkozyenne, est inscrite la liquidation de tout ce qui entrave la marchandisation et la généralisation de la concurrence de tous les aspects de la société. C’est sous ce signe qu’est inscrit le projet de loi relatif au changement de statut de la Poste, selon lequel celle-ci, actuellement établissement public à caractère industriel et commercial, deviendrait société anonyme.

La crise a certes reporté de quelque mois la concrétisation de la feuille de route débridée de la politique gouvernementale sur cette question, en outre inscrite depuis des années dans les logiques européennes de déréglementation des activités postales et de destruction des monopoles publics. Mais il ne s’agissait que d’une petite manœuvre dilatoire et la détermination de Sarkozy à faire payer aux salariés la facture de la crise du système ne pouvait qu’immanquablement, un jour ou l’autre, remettre sur le tapis la privatisation de la Poste. Et les discours attrape-gogos sur la « reprise », le « bout du tunnel » et autres fables de fin d’été servent entre autre à justifier cette entreprise de destruction du service public postal.

Outre la véritable motivation qui relève exclusivement du projet politique de la droite, soulignons que la méthode employée par le gouvernement – et les « managers » de la Poste – pour justifier la privatisation consiste à agiter le spectre de la dette de 5,8 milliards d’euros de l’entreprise publique. Celle-ci mettrait en péril l’avenir du service public postal. Fallacieuse méthode que d’extraire de son contexte un résultat sans s’attacher aux causes de celui-ci ! Il s’agit en réalité là d’une des conséquences du désengagement de l’État que ce soit dans le financement de l’activité de service public (environ 800 millions par an restent à charge de la Poste), ou par les prélèvements sur l’actif opérés pour boucler le budget de l’État, notamment en 2006 lorsque que ce dernier demandé que lui soit reversé 2 milliards d’euros au titre du remboursement de la pension civile des personnels fonctionnaires. Bref, en plus des investissements, l’entreprise a dû contracter pour cette seule année un emprunt à hauteur de 1,8 milliards… Les autres caractéristiques de cette dette sont du même acabit. A l’instar de l’ensemble des services publics, la Poste est donc une victime des politiques libérales qui aboutissent à rapter une part toujours plus importante de la richesse produite au profit du capital, donc au détriment des salaires, et d’abord de leur part socialisée.

L’autre escroquerie intellectuelle et politique qu’il convient de combattre vigoureusement est que la privatisation, au contraire de ce que les chantres du libéralisme sauvage ressassent à qui veut l’entendre (et le croire !), est celle qui prétend que la privatisation est la réponse quasi-naturelle à la dette. Et sur quoi les actionnaires se paieront leurs dividendes ?

Le chemin pour une politique résolument à gauche est donc tracé en négatif, à l’exact opposé de celle prise par le gouvernement mais également des solutions intermédiaires ne s’attaquant frontalement à la logique marchande. En effet, nul doute que la privatisation aura pour conséquence un recul important de la présence postale, une qualité de service dépréciée, une augmentation des tarifs, et des conditions de travail encore plus dégradées pour les salariés (l’exemple de France Télécom en fournit une tragique illustration pratique). Ce sont ces motifs qui expliquent le succès de la grève des postiers le 22 septembre avec 40 % de grévistes.

Parce que la Poste est au cœur du service public français, un collectif unitaire regroupant nombre d’organisations, de fédérations et de confédérations syndicales, la majorité des partis politiques de gauche, ainsi que beaucoup d’associations, s’est constitué il y a un an maintenant (www.appelpourlaposte.fr). Naturellement, la jeune Gauche Unitaire en est partie prenante.

Parce que la seule mobilisation des postiers sera insuffisante pour relever à la hauteur nécessaire le défi de l’épreuve de force que le gouvernement a choisi d’engager, parce que l’avenir du service public postal concerne aussi au premier chef les usagers eux-mêmes, une votation citoyenne sur l’avenir de la Poste. Cette initiative a pour but d’enraciner dans la population le combat pour la défense du service public postal. Elle naît en outre d’une exigence démocratique simple qui consiste à refuser de laisser les mains libres aux casseurs de l’État social et participe de la construction du meilleur rapport de force.

Un peu partout dans le pays, des comités locaux regroupant organisations syndicales, politiques, élus et usagers ont vu le jour, des conseils municipaux ont formulé des vœux pour soutenir cette initiative… Bref, la mobilisation se construit. Elle doit prendre la plus grande ampleur possible.

Cette votation citoyenne se déroulera du lundi 28 septembre au samedi 3 octobre (1).

Alors, votez et faites voter !

(1) Tout le matériel relatif à cette votation citoyenne est téléchargeable à cette adresse :

http://www.appelpourlaposte.fr/spip...


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