ELLE EST A QUI LA POSTE ?

lundi 12 octobre 2009.
 

La poste a été le sujet du week-end. Les votations ont connu de gros succès. Partout. Le plus modeste village a eu son urne sitôt qu’il y avait un citoyen conscient et organisé. Les militants du Parti de Gauche de la Vieille Loye, un petit village dans le Jura à côté de Dole, m’ont dit qu’ils ont eu 150 voix contre le changement de statut de la poste et une voix pour ! Jean Christophe Selin, le coordinateur du Parti de gauche à Toulouse me dit qu’il y a eu 80 000 votants en haute Garonne.

De mon côté, je suis arrivé par le métro « Bourse » pour aller voter à la mairie du 2ème arrondissement. Sur la place, il y avait des groupes de jeunes étudiants de l’UNEF qui tractait pour la votation. Un petit bonjour d’encouragement à chacun et hop j’allonge le pas vers la mairie. Sur place, le maire en personne m’accueille, entouré de trois adjointes : communiste, socialiste, et verte. Un tour à l’étage de la mairie pour aller saluer ceux qui font la centralisation des résultats pour toute la France. Puis je suis descendu rue Montorgueil pour aller saluer le bureau installé dans la rue. Là encore bonne ambiance de camaraderie. Cette fois ci c’est encore un responsable du PRG-jeune qui m’accueille, juste comme en bas de chez moi dans la rue La Fayette. Le PRG ! C’est dire que l’heure est grave et la mobilisation large ! Les messages arrivaient par vague sur mon portable. Eric Coquerel me dit que la votation est très importante dans le onzième. Je sens que tout le monde est excité. Bien sur c’est parce que c’était une journée particulière pour nous. Le Parti a édité des affiches sur le thème et nous nous sommes bien mobilisés partout. Et ça vient de loin pour nous.

Qui se souvient de la mobilisation nationale pour la poste de Firmi, en janvier 2007 ? Nous y étions, venus en car jusque dans ce village du bassin minier dans l’Aveyron. Et quand le collectif pour le référendum pour la poste a commencé à se réunir, même si nous étions une poignée à nous retrouver à la Bourse du travail avec Bernard Thibault et quelques autres, on savait qu’on commençait une mobilisation de longue durée. Mais je crois que ce n’est pas seulement cela. Je pense qu’il y a eu un enthousiasme, une émulation. Les gens se sont beaucoup déplacés. La poste est une institution familière et indispensable pour beaucoup. Le collectif qui mène l’action est bon enfant. Les gens sont disponibles.

Ce genre de mobilisation est très spécial. Nous les avions nommés « mobilisations républicaines » pour dire qu’elles combinent lutte sociale et civique. On y trouve plusieurs condiments caractéristiques : l’action syndicale des salariés du secteur, la mobilisation des citoyens de tous horizons, la participation des partis politiques, et l’implication des élus et des assemblées locales. Toute l’action est conduite au nom de l’intérêt général. L’ensemble de ces caractéristiques qualifient une forme particulière de lutte. On peut les nommer « luttes civiques ». Dans la logique de « la révolution par les urnes » elles jouent un rôle spécialement important à nos yeux. Je pense que lorsque la loi organique sera adoptée rendant possible une démarche de demande de référendum d’initiative populaire, nous serons prêts et nous saurons nous en servir.

LES CRIEURS SONT DE RETOUR

N’empêche que rien n’est aussi propice à l’action de terrain qu’un sujet comme celui-ci. Les « crieurs du métro » ont donc repris du service pour défendre la poste en organisant un bureau de vote mobile dans les rames du métro parisien… Voici le récit de Danielle Simonet.

« Vendredi 2 octobre, 9h. Derniers calages au café et la joyeuse équipe militante parisienne du Parti Gauche se lance pour la dernière opération de la semaine « Les urnes viennent à vous ! ». Porte de Montreuil, les militant-e-s entrent dans la première rame. C’est parti, le premier crieur se lance aux côtés d’un autre militant tenant une belle urne transparente, tandis que 4 autres militants se répartissent dans le wagon. « Bonjour, c’est le Parti de Gauche ! C’est pour un sondage matinal, vous êtes contents que Sarkozy privatise la poste ? » « Non !!! » répondent en cœur les compères badgés devant les voyageurs surpris, intrigués et amusés. « Et Sarkozy, il vous a demandé votre avis ? » Non, évidemment. On explique le déroulement du vote et chacun s’affaire à distribuer les bulletins de vote et à présenter les listes d’émargement.

A la différence de la première criée du début de la semaine, certains nous disent avoir déjà voté dans leur entreprise ou sur un marché. Les citoyens semblent beaucoup plus au courant de l’organisation de cette votation citoyenne. L’accueil est toujours aussi sympathique ; les voyageurs parlent entre eux ; ils se prêtent le stylo et ajoutent leur commentaire : « C’est bien ce que vous faites ! » « C’est vrai ce n’est pas normal ! » « Vous croyez qu’on va réussir à l’en empêcher ? »…

3 stations plus tard, l’équipe sort de la rame pour rentrer dans le wagon d’après. On affine de nouveaux arguments. « Vous trouvez pas qu’on attend de plus en plus au guichet à la poste ? Mais vous savez, c’est que depuis 2002 ils ont supprimé 50 000 emplois à la poste ! » « Et en Suède, ils ont privatisé la poste. Résultat le timbre a augmenté de 90%. Vous voulez la même augmentation en France ? » Le « Non ! » des compères est repris par quelques voyageurs. Et ça discute. Une femme nous parle de France Télécom et des conséquences de la privatisation. Quelqu’un dit ne pas avoir d’avis sur la question mais son voisin de strapontin lui parle du rôle de l’Europe et de ses directives libérales dans l’affaire. Et là encore on se raconte l’émission vue sur Arte où l’on voit des postiers refuser de vendre systématiquement les « packs » plus cher en cas de déménagement pour faire suivre le courrier alors qu’un formulaire basique et moins cher existe… Anonyme le métro ? Pas ce matin !

Les citoyens ne s’intéressent pas à la politique ? Faux, dès qu’on leur en donne l’occasion, ils se passionnent pour le débat ! « A voté ! » En une heure de temps, de rame en rame, 140 personnes ont participé à la votation. Si Sarkozy avait organisé un référendum, au vue de l’ambiance dans le métro, le résultat aurait été pour le « Non » de façon écrasante. Pour les militants, ce fut une belle expérience. Une autre façon de militer, d’être en contact direct avec les citoyens qui vont au boulot, de faire un travail d’éducation populaire non sans humour et sur un sujet si essentiel : Un service public comme la poste, c’est ce qu’on a quand on n’a plus rien. Ca nous appartient, ça relève de l’intérêt général. Le sacrifier pour des intérêts privés est scandaleux. Et la poste est à qui » demandent les crieurs ?

« La poste est à nous ! » répondent ceux qui ont suivi l’histoire.


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