Où en est le Front de gauche ? Pas si simple (article du Journal du Dimanche)

mardi 27 octobre 2009.
 

Depuis plusieurs semaines, le PCF, le Parti de gauche, le NPA et les alternatifs se réunissent pour tenter d’ébaucher des listes communes indépendantes pour les prochaines régionales. Tout le monde n’est pas d’accord sur l’avancée des discussions.

Coup de sang du PCF lundi. Dans un communiqué, le parti de la place du Colonel Fabien dénonce "les coups de forces médiatiques" du tribun du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, la veille sur France 3. Qu’a donc dit le député de l’Essonne ? Qu’il se félicitait qu’un accord soit quasiment scellé entre le NPA, le PCF et le PG pour les régionales. Et qu’il était disponible pour mener la liste de ce Front de gauche élargi en Ile-de-France. "On a réagi fortement parce ce que ce que dit Mélenchon est loin de la réalité. Pour l’instant, rien n’est tranché dans nos discussions, loin de là", explique au JDD.fr Francis Parny, responsable pour le PCF des discussions avec les partenaires de gauche."La réaction du PCF est disproportionnée parce que franchement, sur beaucoup de points, nos discussions ne reculent pas, bien au contraire", s’amuse Eric Coquerel, du Front de gauche. "Ceci dit, on ne cache pas qu’on pèse de tout notre poids pour aboutir à un accord national et cette discussion fait partie du rapport de force entre partenaires".

Où en sont-elles ces discussions après trois réunions ? "On est d’accord sur la nécessité d’une fusion des forces démocratiques de gauche au second tour pour faire barrage à la droite, ce n’est pas rien", explique le représentant du Front de gauche. Ce n’est certes pas rien, mais c’est loin d’être assez pour les communistes, qui veulent régler la question de la participation des éventuels élus du Front de gauche dans les exécutifs gérés par les socialistes ou les Verts, ce sur quoi tique – c’est un euphémisme – le NPA. "On veut élargir le Front mais avec l’idée de les porter dans l’exécutif, sinon, c’est quoi ? Une candidature de témoignage ?, s’agace Parny. Pour l’instant le NPA dit : ‘Rien avec le PS’, mais dans ce parti, il y a des débats internes…" La position du NPA n’est pas nouvelle, elle avait déjà fait achopper les discussions lors des européennes. Et si au NPA, on ne tranche pas officiellement la question – respect des discussions en cours oblige - Guillaume Liézard, membre du comité exécutif, souligne qu’"on peut tout à fait peser sans être dans l’exécutif". D’autant que "nos idées sont difficilement solubles dans le socialisme de gestion". Ce n’est pas un non définitf, mais cela y ressemble. Pourtant, le PG veut croire qu’un accord reste possible sur ce point. "Le NPA n’en fait pas une question de principe. On a voulu s’en assurer, prévient Eric Coquerel. C’est plutôt du cas par cas, selon les régions, selon les socialistes", dit-il. Ce serait, pour lui, un moyen d’aboutir à un accord national. "L’histoire de la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide"

Mais pour le NPA, la principale question n’est pas là. Elle est plutôt de savoir si oui ou non tout le monde est d’accord "pour se présenter en autonome dans les 21 régions", explique Guillaume Liézard. "Pour l’instant, le PCF ne peut pas nous répondre", ajoute-t-il. Et pour cause, le PCF tient son Bureau national ce week-end, où cette question doit être tranchée. Mais un brin de défiance règne entre le trio principal de la gauche radicale. Le NPA soupçonne que des accords soient en cours de discussion entre socialistes et communistes dans certaines régions… et que cela retarde d’autant toute décision définitive. Et Les ateliers du PCF auquel participe le PS, ou les débats dans le cadre de la ‘Maison commune’ chère à Martine Aubry ne font rien pour apaiser le climat. "Nous discutons avec tous ceux qui nous invitent", tranche Françis Parny, qui (r)assure que son parti se sent plus proche du PG que du PS. "Ce n’est pas dans les débats que nous allons clarifier les choses avec le PS, mais devant les électeurs", prévient de son côté le secrétaire national du PG.

Pire, le Nouveau parti anticapitaliste est également suspicieux sur la gestion de la question du Modem par le PCF, évoquant notamment les dernières municipales lorsque des listes PS-PCF avaient fusionné au second tour avec des élus centristes. "On n’a pas vu un communiste sortir de l’accord , souligne le responsable du NPA. Avec le PG, c’est plus simple. On a moins de désaccords". Malgré tout, Guillaume Liézard reste optimiste."Dans le cadre de la négociation, il faut trouver un cadre de travail commun. Il y a un terrain d’accord ", pense-t-il. Reste que désormais, "le temps file". "Après ce week-end, il va falloir accélérer le mouvement pour discuter du programme, des listes et des têtes de listes", explique le membre du bureau exécutif du NPA.

Finalement, Eric Coquerel le reconnaît lui-même, de nombreux points restent à trancher. "C’est l’histoire de la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. Nous, au PG, on considère qu’elle est à moitié pleine. Et qu’on peut la remplir parce que dans ce pays, il manque une proposition à gauche de la gauche, qui pourrait atteindre un score à deux chiffres", assure-t-il. Qui si elle existe, assure Guillaume Liézard, "ne s’appellera pas Front de gauche, qu’il soit élargi ou pas, car cela signifierait que le NPA se rallie au bloc du Front de gauche"… Mais ça, c’est encore une autre histoire.


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