Le 18 juin 1977, la ville du Havre (mairie communiste d’André Duroméa) a invité Michel Fugain et son groupe Le big bazar dans le cadre de la manifestation annuelle "Juin dans la rue".
Michel Fugain est le fils de Pierre Fugain, combattant antifasciste des années 1934 1936. Résistant antifasciste emprisonné dès 1941, évadé, adjoint du chef national du réseau chargé d’espionner les forces ennemies et de transmettre ces précieuses informations à Londres. En 1945 Pierre Fugain part seul en Italie, (juste accompagné par 2 anciens du réseau Reims Coty), arrêter Guy Eclache, collaborateur notoire et tortionnaire de la gestapo. Ramené par Pierre à Grenoble, Eclache sera jugé dans les règles, condamné à la peine capitale et exécuté le 20 octobre 1945. Parlant de la Résistance et de la Libération il disait "Cette révolution n’a pas été faite uniquement contre les Allemands mais aussi contre les façons de penser, de se soumettre. La révolution s’était contre le pétainisme, le fascisme, la soumission. Mais après la guerre, les fascistes, les pétainistes ont continué à exister et existent toujours."
Né le 12 mai 1942, Michel Fugain se trouve donc au Havre lors d’une animation où chaque quartier doit présenter une couleur pour cette grande soirée du 18 juin. C’est dans le quartier de Soquence que naît la célèbre chanson dont on doit les paroles à Maurice Vidalin.
Cette chanson de lutte magnifique sera bientôt entonnée lors des grands mouvements sociaux du Havre (Papeterie Chapelle-Darblay...) et de sa région. Elle gagnera une audience nationale en 1979 pendant la lutte des métallos lorrains contre la fermeture des hauts fourneaux, particulièrement grâce à leur radio libre "Lorraine Coeur d’Acier".
18 décembre 1978 La Lorraine ouvrière entre en guerre sociale contre la liquidation de la sidérurgie
La chanson devient une sorte d’hymne collectif durant les grandes grèves de décembre 1995 contre le Plan Juppé. Je me rappelle particulièrement d’une fin de manifestation à Rodez, salariés de la SNCF et de l’Equipement bras dessus bras dessous, mineurs de Decazeville en carrés autour de leurs immenses camions couverts de drapeaux rouges ; des dizaines de fumigènes illuminant la cathédrale et les paroles du Chiffon rouge s’envolant de milliers de coeurs.
Elle est à présent reprise dans de nombreuses manifestations, par exemple lors du grand mouvement des étudiants québécois au printemps 2012.
Accroche à ton cœur un morceau de chiffon rouge
Une fleur couleur de sang
Si tu veux vraiment que ça change et que ça bouge
Lève-toi car il est temps
Allons droit devant vers la lumière
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Compagnon de colère, compagnon de combat
Toi que l’on faisait taire, toi qui ne comptais pas
Tu vas pouvoir enfin le porter
Le chiffon rouge de la liberté
Car le monde sera ce que tu le feras
Plein d’amour de justice et de joie
Accroche à ton cœur un morceau de chiffon rouge
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Tu crevais de faim dans ta misère
Tu vendais tes bras pour un morceau de pain
Mais ne crains plus rien, le jour se lève
Il fera bon vivre demain
Compagnon de colère, compagnon de combat
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