Intervention de Jean Luc Mélenchon sur le CPE au BN du PS

mardi 21 mars 2006.
 

Il me paraît important de rappeler que la loi dite égalité des chances a été présentée par la droite comme la réponse qu’elle faisait à la situation des banlieues, et notamment à ce qui s’était passé l’hiver précédent. Et je crois que c’est très important pour en comprendre la logique et l’enjeu.

L’enjeu, il faut mesurer le fait que, si nous décidons, et je crois que c’est ce que nous sommes en train de décider, que non seulement la lutte continue, mais que nous allons nous y impliquer encore davantage, ce que nous avons à l’horizon, c’est de faire toucher les épaules au gouvernement. Il faut donc voir le franchissement que cela va être dans l’état d’urgence sociale et politique que connaît le pays.

C’est donc en partant de cette idée qu’on doit étudier les conditions dans lesquelles nous menons cette lutte, car vous voyez, l’occasion d’un petit décalage avec un voyage dans des sociétés en révolution comme celles du Venezuela ou de la Bolivie permet d’apercevoir des choses que peut-être on ne voit pas le reste du temps, et en particulier à quel point notre pays a changé, comment toutes ces années de droite l’a modifié et comment, au fond, nous sommes confrontés profondément à une logique d’apartheid sociale, avec des phénomènes brutaux dans lesquels la paupérisation n’est plus la marche du système, mais son coeur.

La traduction concrète de la mise en place des politiques libérales, c’est la paupérisation, s’étendant et cancérisant toute la société, c’est-à-dire au bout du compte un rapport de force de plus en plus défavorable pour le salariat contre le capital.

Et au fond, le CPE, que nous appelons contrat première embauche, réponse au problème des jeunes, c’est une manière aussi de sociétaliser ce qui est une agression sociale. Ce n’est pas le problème des jeunes qui est posé, c’est le problème de la place du travail dans les rapports sociaux de production. Car, voyez-vous, n’en déplaise à certains journaux qui présentent une vision de la jeunesse qui est socialement extrêmement typée, à 26 ans, la caractéristique, ce n’est pas qu’on est jeune, c’est qu’on est travailleur, c’est que, pour un très grand nombre de personnes, à 26 ans, on est déjà père et mère de famille, on a déjà toutes les charges de la vie qui vous pèsent sur les épaules. On n’est pas seulement un jeune qui a un problème d’insertion dans l’emploi. On est un travailleur qui subit la dure lutte de la lutte de classes quand vous avez le rapport de forces qui vous est défavorable.

Cette logique d’apartheid, c’est la raison pour laquelle je dis à mes camarades, notamment qui interviennent auprès de la jeunesse, qu’il faut bien comprendre que si l’objectif des socialistes est de formuler l’idée qu’il y a eu une unité de la jeunesse dans sa condition face au capital, elle n’est pas donnée. Il ne suffit pas de le proclamer pour qu’elle soit réalisée.


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