NPA en congrès : "l’émulsion" ne s’est pas faite, Besancenot doublé par Mélenchon (4 articles et interview de Besancenot)

mercredi 16 février 2011.
 

Philippe Raynaud, professeur de Sciences politiques à l’université Paris-II Panthéon-Assas, estime que "l’émulsion" ne s’est pas faite au NPA, deux ans après sa fondation sur les bases de la trotskiste LCR, et pense que Jean-Luc Mélenchon va supplanter Olivier Besancenot.

Question : Quel bilan tirez-vous de deux ans de NPA ?

Réponse : Vous mélangez des jeunes sans expérience à l’idéologie un peu floue à des militants aguerris de la LCR, c’est une vinaigrette dans laquelle le vinaigre se sépare toujours, l’émulsion ne se fait pas. Il faudrait une transformation très profonde des cadres. Sur le fond, il faudrait vraiment chercher à la loupe pour trouver les différences entre le NPA et la LCR.

L’unité avec la gauche dans les luttes et pas aux élections n’est pas audible. Ils avaient aussi l’idée que la crise allait radicaliser l’opinion dans un sens anticapitaliste, c’est une erreur car en France, il y a plutôt une sensibilité antilibérale.

La question du voile qui a divisé entre un antiracisme militant ayant une certaine sympathie pour les mouvements islamistes, et une partie de l’électorat radical à la culture laïque très forte, n’a pas été une erreur dramatique mais une erreur encore.

Q : Quel impact a eu Jean-Luc Mélenchon sur le NPA ?

R : Ils ont été très déstabilisés et fragilisés par l’apparition de Mélenchon. Il y a dans l’opinion française un courant gauche de gauche assez puissant. Quand il est populaire il ne veut pas être purement protestataire mais arriver à peser sur les socialistes en cas de gouvernement. Mélenchon est donc plus mobilisateur que Besancenot qui revient à annoncer que +si la gauche gagne, on sera dans l’opposition+. Il semble impossible de faire candidature commune toujours pour les mêmes raisons : le NPA exige de ses potentiels alliés de ne pas s’engager dans des transactions avec le PS.

Q : Quel avenir pour Olivier Besancenot et le NPA ?

R : Mélenchon piquera la vedette à Besancenot qui ne fera pas le poids parce qu’il est tout simplement moins bon. Mais ne pas présenter Besancenot en 2012 ne serait pas raisonnable pour le NPA. Il y aura une permanence de ce courant LCR, ça ne va pas disparaître. Si en 2012, il tombe en dessous de 3%, ça posera le problème du bilan de l’opération NPA : à quoi ça sert d’avoir liquidé la LCR pour avoir une présence militante pas plus efficace qu’avant et une présence électorale plus faible ?

Propos recueillis par Julie DUCOURAU, AFP

2) Pourquoi le NPA n’est pas devenu une alternative politique

Deux ans après sa fondation, le Nouveau parti anticapitaliste issu de la LCR, s’apprête-t-il à faire de nouveau cavalier seul pour 2012 ? Alors qu’il tient son congrès ce week-end à Montreuil (93), cette ligne défendue par sa direction pourrait toutefois être discutée par les congressistes. En effet, le NPA n’a pas enregistré les succès électoraux espérés ni porté les alternatives promises lors de sa création.

Le NPA tiendra son deuxième congrès à partir de ce vendredi à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, deux ans après la fondation officielle du parti. Issu de l’ancienne LCR trotskiste, il s’est voulu, dans l’esprit de ses initiateurs, un outil capable de dépasser la seule popularité d’Olivier Besancenot lors des scrutins présidentiels et de rassembler des forces militantes au-delà des rangs de la Ligue communiste révolutionnaire. Entre l’après-présidentielle de 2007 où l’idée de ce nouveau parti est lancée et sa fondation officielle, en février 2009, se sont activés les « comités NPA » destinés à créer une dynamique militante autour du Nouveau Parti anticapitaliste et à l’implanter dans les quartiers, dans les entreprises et auprès de la jeunesse. Médiatique et médiatisé, son porte-parole, Olivier Besancenot, aura mis toute sa popularité dans la balance pour la réussite de cette création. « Le cap du grand parti est franchi », avait même annoncé « le Monde » peu avant le congrès fondateur du NPA, en février 2009.

Deux ans plus tard, le grand parti n’est toujours pas au rendez-vous. Entre-temps, deux scrutins d’importance ont eu lieu : les élections européennes en juin 2009, les élections régionales en mars 2010. La ligne de la direction du Nouveau Parti anticapitaliste tenue par Olivier Besancenot s’est imposée : pas d’union avec le Front de gauche (PCF, PS, GU), trop suspect à ses yeux de compromissions avec le PS. Bilan de cette stratégie : la scission d’une partie du courant « unitaire » dans le sillage de Christian Picquet au sein de Gauche unitaire, et l’absence de percée électorale lors des deux derniers scrutins nationaux. Aujourd’hui encore, le NPA (qui revendiquait 9 000 adhérents à sa fondation et a contesté toute vague de départs après les élections européennes) reste associé à la popularité toujours intacte de son porte-parole, crédité en moyenne par les sondages de 5 % à 7 % des intentions de vote. En 2007, Olivier Besancenot avait réalisé un score de 4,08 % à l’élection présidentielle. Aux européennes, il réalise au niveau national un score de 4,88 % et n’obtient aucun député européen. En comparaison, le Front de gauche (qui lui avait proposé de faire cause commune) gagnait 4 élus à cette même élection avec 6,05 % des voix.

Aux régionales l’année suivante, les listes présentées par le NPA dans 18 régions de France réalisent un score moyen de 2,85 %... L’échec stratégique du parti dans ce dernier cas est incontestable. Malgré les mains tendues du PCF, du PG et de Gauche unitaire à chaque fois qu’il s’est agit d’organiser le Front de gauche en vue d’une élection, le NPA a finalement toujours refusé soit en invoquant les risques de compromissions au sein d’exécutifs à majorité de gauche, soit en posant des conditions d’alliances inacceptables pour les autres formations du front. Pour 2012, Olivier Besancenot a d’ores et déjà refusé la proposition de Jean-Luc Mélenchon de « figurer dignement » dans le débat. Pourquoi le NPA maintient-il cette ligne qui ne fait pas l’unanimité en dépit des échecs ? Avant les régionales de 2010, les cadres du parti s’étaient divisés en trois tiers, la ligne unitaire atteignant 30 % des avis. Les expériences qui ont découlé de ces positions divergentes interpelleront sûrement les militants du parti. L’année dernière, le NPA avait, par exemple, accepté de s’unir au Front de gauche dans la région Limousin : c’est l’une des deux régions où le Front avait réalisé ses meilleurs scores, se maintenant même au second tour. La réponse vient en filigrane d’Olivier Besancenot, analysant l’échec des régionales : « On assume ce revers », déclarait-il dans «  l’Humanité », en octobre dernier. « Objectivement, le reflux des luttes sociales ne nous a pas aidés, car le NPA est indexé sur la cote de popularité des mobilisations sociales. Au-delà, notre stratégie d’alliance à géométrie variable nous a rendus illisibles. Nous faisions jusqu’alors la synthèse d’une orientation unitaire et radicale. Là, nous avons perdu sur les deux tableaux. Le NPA se cherche encore. »

Et il semble davantage se chercher dans la contestation sociale, radicale, que dans la construction d’une alternative politique qui passera inévitablement par une alliance avec d’autres forces et donc, un compromis. La perspective gouvernementale en se situant au coeur de la gauche n’est pas la partie dans laquelle le successeur de la LCR se sent très à l’aise. D’autre part, dans le cas particulier de 2012, à l’inverse du PCF, le NPA a fait de la présidentielle son fond de commerce électoral considérant que c’est le seul moyen d’exister sur la scène politique. Elle permet en effet au parti, au travers de la personnalité d’Olivier Besancenot, d’être très présent médiatiquement. Reste à savoir si cette stratégie qui conduit à aucune alternative nouvelle pour le NPA et qui handicape un rassemblement à la gauche de la social-démocratie libérale sera reconduite in extenso par les militants lors du congrès de Montreuil.

Diego Chauvet

3) Deux ans après, le NPA déboussolé (L’Huma)

Le parti d’Olivier Besancenot 
a perdu un tiers de ses adhérents depuis 2009. 
Il aborde 
son deuxième congrès, qui s’ouvre aujourd’hui, 
dans une délicate ambiance.

L’enthousiasme avait alors enveloppé Leïla Chaibi, Yann Cochin et tant d’autres nouveaux adhérents du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). « C’était l’euphorie totale, la grosse patate », se remémore la jeune militante. « Il y avait un vrai engouement », souligne le syndicaliste. Et puis, progressivement, à mesure que se dessinait l’orientation inavouée de la direction, la déception s’installait. Au point d’entraîner le départ d’au moins un tiers, voire la moitié des effectifs. Au moment où s’ouvre son deuxième congrès, ce week-end, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), la formation d’Olivier Besancenot revendique 6 000 membres, dont 4 500 à jour de cotisation, sur 9 300 lors de sa création en février 2009.

Isolement critiqué

Les causes de la désaffection sont certes multiples, mais elles trouvent souvent leur origine dans la position « isolationniste » défendue bec et ongles lors des élections par la direction de cette organisation, qui a su, à sa naissance, séduire des jeunes, parfois novices de la politique. Elle a également pu conquérir des syndicalistes, comme « dans le secteur de l’énergie, où je travaille », assure Yann Cochin. « C’est du gâchis. Il y avait vraiment l’espoir d’un rajeunissement de la politique et d’un ancrage populaire », déplore-t-il.

C’est essentiellement ce corps militant, particulièrement attaché à l’union de « la gauche radicale », qui a, par vagues successives, déserté les rangs du NPA. Certains, tels Yann Cochin ou Leïla Chaibi, prendront leurs « responsabilités » à l’issue du congrès. D’autres, comme l’altermondialiste Raoul-Marc Jennar, sont partis sur la pointe des pieds. Ces départs ont forcément affaibli le courant « unitaire ». De 31,5 % au moment de la consultation interne sur les régionales, sa position en faveur d’une alliance avec le Front de gauche passe à 27,2 % à l’issue des assemblées locales préparant le congrès.

Direction minoritaire

La direction du NPA, si elle réalise un score supérieur (40,8 % au lieu de 36,5 %), demeure néanmoins minoritaire au sein du parti. « Nous n’avons pas encore trouvé le point d’équilibre entre la radicalité et l’unité », explique Pierre-François Grond. Proche d’Olivier Besancenot, il affirme que la position « relativement majoritaire » de la direction est de « défendre la nécessité d’un rassemblement politique, mais il y a une vraie difficulté à trouver des partenaires ». Un argument que rejette le courant unitaire  : « La fondation du Parti de gauche puis celle du Front de gauche ont interpellé le NPA, or il n’a pas su comprendre le processus et l’apprécier à sa juste valeur, comme le début d’un rassemblement auquel on pouvait participer, qu’on pouvait renforcer », regrette Danielle Obono. Elle note que « le parti reste divisé ».

Nullement inquiet, Pierre-François Grond sait qu’« il y aura une majorité » au sein du parti pour une candidature NPA au scrutin présidentiel, si le « test » de la « candidature de rassemblement » échoue d’ici juin. « Il n’y a qu’à faire les comptes », lance-t-il, le regard tourné vers le courant dit « identitaire », qui plaide ouvertement pour que le parti fasse cavalier seul à chaque élection. Avec cette tendance, dont la position a recueilli 28,2 %, la direction n’a affectivement aucun problème à présenter Olivier Besancenot en 2012, pour la troisième fois.

Mina Kaci

4) L’isolement du NPA

Libération du lundi 7 février 2011

Par Cédric Durand L’hypothèse qui a présidé à la création du NPA il y a deux ans était simple. Et fausse. Entre l’anticapitalisme que le nouveau parti se proposait d’incarner et le social-libéralisme désormais hégémonique au Parti socialiste, il n’y a plus rien. Le réformisme pratiqué autrefois par la « vieille » social-démocratie européenne a été balayé par la mondialisation néolibérale, l’affrontement n’est plus dès lors qu’entre deux gauches : l’une d’opposition frontale au capitalisme, l’autre une variante teintée de « social » du néolibéralisme. Entre les deux, le vide absolu.

Deux ans plus tard, l’erreur est éclatante. Si éclatante que la direction du NPA a les plus grandes peines à la reconnaître, et à réajuster sa stratégie en conséquence.

L’espace qui sépare l’anticapitalisme du social-libéralisme est aujourd’hui le plus encombré du spectre politique. Les organisations et sensibilités y prolifèrent : Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, Parti communiste, Fase (Fédération pour une alternative sociale et écologique), gauche des Verts, même la gauche du PS a repris des couleurs, ne serait-ce qu’au plan du discours (mais en politique, les discours comptent). Des associations comme Attac ou la Fondation Copernic, chevilles ouvrières avec les équipes syndicales du puissant mouvement de l’automne contre la réforme des retraites, se situent elles aussi à cet endroit du champ politique. Si cette mobilisation a suscité la radicalisation de secteurs significatifs de la population, l’anticapitalisme n’y était certainement pas hégémonique.

Résultat des courses : l’hypothèse sur laquelle repose le NPA n’est pas la bonne. Sa direction se trompe tout simplement de période historique. Est-ce à dire que l’anticapitalisme est (déjà) bon à jeter ? Loin de là. A observer le monde qui nous entoure, l’opposition de principe au capitalisme est la seule position rationnelle. Il n’y a rien à réformer dans le capitalisme, même si toute son histoire montre l’incroyable capacité de ce système à survivre à ses crises et à se réinventer. Le capitalisme se nourrit de l’injustice, il consiste même en l’« organisation de l’injustice », selon l’expression pénétrante d’Alain Badiou. La catastrophe ininterrompue que constitue la crise et l’accélération de la destruction de la biosphère devraient conduire toute personne tant soit peu pragmatique à rejoindre les rangs de l’anticapitalisme. Une hostilité diffuse au capitalisme a d’ailleurs incontestablement progressé au cours de la dernière décennie, et davantage encore depuis 2008.

Ce qui manque au NPA depuis deux ans, c’est d’abord une bonne dose de modestie. S’imaginer qu’un seul courant de la gauche radicale, si clairvoyants soient ses représentants, allait à lui seul réinventer le « socialisme du XXIe siècle », après le désastre qu’a représenté celui du XXe, manque de sérieux. Partout où la gauche radicale se recompose, en Europe et ailleurs, elle le fait autour de plusieurs courants de l’ancien mouvement ouvrier. Bien entendu, cela accroît considérablement la complexité de ces processus, et soulève des problèmes politiques innombrables. S’imaginer qu’on fera l’économie de cette complexité est toutefois une erreur majeure. Le NPA en fait les frais, puisqu’il a perdu une partie importante des 10 000 membres qu’il avait su rassembler lors de son congrès de fondation.

Ce que n’a pas su accomplir le NPA jusqu’ici, c’est faire de la politique au plein sens du terme. Antonio Gramsci disait du parti des opprimés qu’il doit assumer trois fonctions : organiser, éduquer, expérimenter. Le NPA ne dispose pas de la taille critique qui lui permettrait de réaliser les deux premières, et il s’est jusqu’ici refusé à se livrer à la troisième.

Expérimenter devrait lui permettre d’entrer en rapport avec des personnes et des organisations qui se situent précisément dans l’espace qui le sépare du social-libéralisme, afin de les attirer sur ses positions. A leur contact, il subira forcément lui aussi des mutations, dont il faudra veiller à ce qu’elles ne le conduisent pas à gérer le système plutôt qu’à le transformer. Cohérent dans son engagement contre toutes les oppressions, riche de la jeunesse et de l’implantation sociale de ses militants, le NPA a tout à gagner à une confrontation politique constructive vis-à-vis des autres courants de la gauche radicale.

L’alternative à cette stratégie d’ouverture, nous l’avons sous les yeux : c’est le splendide isolement d’un parti qui perd en influence jour après jour, et dont l’utilité pour la construction d’un autre monde diminue d’autant.

5) Interview d’Olivier Besancenot

Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste, aborde l’épineux sujet de la présidentielle. Dont sa formation doit débattre en congrès ce week-end.

Recueilli par Lilian Alemagna

Avant même le congrès du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) qui débute vendredi, Olivier Besancenot, de retour de Tunisie, envoie une fin de non-recevoir à la proposition de rassemblement du leader du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon et souhaite une candidature du « mouvement social ».

Alors, cet « apprentissage » de la révolution en Tunisie ?

Les travaux pratiques valent souvent la théorie ! Jusqu’alors, le militant révolutionnaire que je suis militait dans un monde sans révolution. A Tunis, j’ai pu apprécier un peuple lorsqu’il fait irruption dans l’arène sociale et politique.

Jean-Luc Mélenchon fait le parallèle avec la « révolution citoyenne » qu’il appelle...

En Tunisie ou en Egypte, ce ne sont pas des révolutions par les urnes. Le peuple, au-delà des échéances électorales, refuse toute délégation de pouvoir. La révolution est compatible avec le suffrage universel, mais elle ne saurait être une promesse électorale. La classe politique française parle du « risque de vide politique » après Ben Ali ou Moubarak. Ce n’est pas le vide qui les effraie, mais le peuple ! Là-bas, ce « vide » est rempli d’effervescence démocratique : une assemblée générale improvisée à chaque coin de rue, un militaire entouré d’une cinquantaine de Tunisiens en train de discuter, au café la serveuse vous tend un tract... Toutes proportions gardées, il y a des points communs avec les mouvements qu’on a connus en Europe.

C’étaient des manifestations, pas des révolutions...

Exact. Mais 7 à 8 millions de personnes qui manifestent ou font grève contre la réforme des retraites, ça laisse augurer de la force du nombre ! Les modèles n’existent pas. Pourtant, en France aussi, il nous faudrait une bonne vieille révolution. La liberté d’expression existe, mais nous subissons notre propre dictature : celle de la finance. Un nouveau cycle s’amorce dans le sillage de la crise économique : celui de la mondialisation des révoltes, des révolutions.

Le peuple tunisien nous montre la voie de la dignité retrouvée.

Pour vous, Mélenchon n’est « pas un candidat de rassemblement anticapitaliste ». Pourquoi l’écarter si vite ?

Il n’est pas mon adversaire et a le droit d’être candidat. Son courant correspond à une réalité politique.

Mais il interpelle le NPA sur sa candidature...

Ce qu’il nous propose, c’est un ralliement, pas l’unité. J’ai le plus profond respect pour les militants du PCF, du PG et de LO. Je n’aurai donc pas la prétention de leur dire :« Ralliez le NPA et on va vous rassembler. » L’unité, c’est fédérer des militants d’horizons et de cultures différents, ce n’est pas un tête-à-tête entre partis. A son congrès, le NPA pourrait proposer de fédérer les forces anticapitalistes qui s’activent au sein du mouvement social, et travailler à une candidature de rassemblement. Mélenchon se revendique toujours des années Mitterrand et de la gauche plurielle.

Il laisse la possibilité entrouverte d’appliquer, demain, son programme avec le PS. C’est une différence entre nous. De plus, le chef de file d’un parti politique, quel qu’il soit, n’est pas le mieux placé pour représenter les autres partis. Si Jean-Luc Mélenchon croit au rassemblement, envisage-til de ne pas être candidat et de faire campagne pour quelqu’un qui incarnerait la radicalité du mouvement social ? Moi oui.

Mais qui ? En six mois de manifestations, aucune personnalité n’a émergé !

Le qui, on le verra après avoir discuté du comment.

Mais vous avez des noms à proposer ?

Je ne vais pas jouer au jeu du casting... Des personnalités « luttes de classe », capables d’incarner la radicalité, ça existe. Il faut voir si d’autres que nous au sein de la gauche sociale et politique partagent ce projet.

Si vous ne trouvez personne, vous repartez pour un tour ?

Si cette proposition de rassemblement ne trouve pas d’écho, nous désignerons une candidature du NPA au mois de juin.

Que faut-il attendre de votre congrès ?

On n’a pas cherché à masquer nos débats et nos difficultés après le revers électoral des régionales.

A l’occasion de ce congrès, nous allons adopter une orientation politique et un programme faisant des propositions pour une rupture anticapitaliste.

Vous allez laisser le porte-parolat ?

La nouvelle direction élira en son sein de nouveaux porte-parole, probablement deux. Ensuite, il faudra discuter si je fais partie de ce tandem ou si je bascule sur les questions européennes.

L’internationalisme me tient à coeur.

Quel regard portez-vous sur vos dix ans de porte-parolat ?

Cette période a connu ses hauts et ses bas. Il y a eu des combats victorieux - comme le CPE ou le référendum européen - et des moments de reflux politiques. J’ai commencé à militer après la chute du mur de Berlin où l’anticapitalisme était un gros mot. J’ai été désigné porte-parole en 2001 avec le mouvement altermondialiste lorsqu’un « autre monde redevenait possible ».

Aujourd’hui, les révolutions le redeviennent. Ces changements de situation doivent savoir aussi s’incarner dans nos rangs.

Et côté bilan ?

On a longtemps été les seuls à porter certaines thématiques. Aujourd’hui, beaucoup parlent d’« anticapitalisme », d’« interdiction des licenciements », de « partage des richesses »... Je savoure avec délice ! La bataille pour l’hégémonie politique, c’est aussi populariser des majorités d’idées.

Reste à gagner la crédibilité stratégique.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message