- Besancenot (LCR) pour "un service bancaire unifié" contrôlé par les salariés

jeudi 9 octobre 2008.
Source : AFP
 

Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR,a estimé lundi qu’au lieu de "nationaliser les banques qui sont en train de tomber", victimes de l’économie de marché, il faut créer "un service bancaire unifié" placé "sous le contrôle des salariés, des usagers, des consommateurs".

"Aujourd’hui on propose de nationaliser les banques qui sont en train de tomber dans le cadre de la guerre de l’économie de marché. Plutôt que de nationaliser ces banques-là, ce que je propose c’est de (les) réunifier dans un seul et même pôle public, un nouveau service bancaire unifié, non pas sous le contrôle de l’Etat mais sous le contrôle des salariés, des usagers, des consommateurs", a déclaré M. Besancenot sur France-Inter. Selon lui, "au passage il faudra qu’on lève le secret bancaire, commercial, industriel pour savoir où va l’argent".

Les mesures décidées par les responsables européens pour sauver les banques de la faillite ne sont que "la bouée de sauvetage d’un système qui est en train de s’écrouler", a aussi estimé M. Besancenot jugeant que la crise financière "profonde durable" touche "le coeur de la bête". "Le plus gros des difficultés économiques, sociales est devant le gouvernement", a-t-il ajouté appelant à "ne pas sous-estimer que l’exaspération sociale est toujours là".

"La musique de Sarkozy consiste à dire il y a le méchant capitalisme financier et le gentil capitalisme industriel" mais "quand Sarkozy parle du capitalisme entrepreneuriale tout le monde sait que c’est de la flûte : ses copains, Bolloré, Bouygues et tous les autres, sont des capitaines de grandes firmes qui mènent aussi bien l’activité financière que l’activité industrielle", a-t-il dit.

Crise : des altermondialistes veulent une nationalisation générale du crédit (AFP)

Une nationalisation de l’ensemble du crédit, "et pas uniquement des banques au bord de la faillite", serait plus efficace face à la crise financière que des plans de "colmatage" comme celui du gouvernement américain, affirment des altermondialistes français interrogés par l’AFP.

Alors que les dirigeants européens divisés tentent d’harmoniser ce week-end leurs positions face à la crise financière, les altermondialistes, comme le mouvement Attac, critiquent le plan de sauvetage américain des banques, adopté vendredi par la Chambre des Représentants, en jugeant qu’il va "entretenir la spéculation".

"Aujourd’hui on est en train de nationaliser partout dans le monde les banques qui font faillite ou qui sont sur le point de faire faillite. La collectivité ramasse donc les pertes", déclare à l’AFP le co-président d’Attac, Jean-Marie Harribey.

Après notamment celle de l’assureur américain AIG, les "nationalisations" bancaires s’enchaînent en Europe avec celle mardi, de la franco-belge Dexia, dans le sillage de celles du néerlandais Fortis et de la britannique Bradford & Bingley.

Attac, qui a toujours dénoncé la dérégulation financière, réclame aujourd’hui "une nationalisation dans l’urgence, pas exclusivement des banques qui sont au bord de la faillite ou qui ont déjà fait faillite, mais des secteurs clé". "On a besoin de contrôler la circulation monétaire et financière dans le monde" ajoute M. Harribey.

Selon lui, cette nationalisation permettrait, à moyen terme, de "contrôler les flux de capitaux qui n’ont aujourd’hui plus rien à voir avec l’économie réelle (...), avec les nécessités de l’économie productive et du commerce de marchandises".

Pierre Khalfa (Solidaires) préconise de commencer par "la création de pôles bancaires publics européens. S’il n’est pas possible de le faire au niveau européen, il faut le faire au niveau national".

"Ca protègerait les épargnants, ça casserait net la spéculation et ça mettrait ces banques au service de l’économie réelle", selon lui.

Un plan de "colmatage" comme celui du secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson est dans une toute autre logique : "faire payer par le contribuable le comportement erratique de la finance. Qui plus est, ce plan va entretenir la spéculation financière (car) des bons du Trésor américain vont être mis sur le marché", ajoute M. Khalfa.

Ces critiques font échos à celles du prix Nobel d’économie 2001, Joseph Stiglitz, qui a estimé jeudi que le plan américain de sauvetage du système bancaire était aussi inefficace que de "procéder à une transfusion sanguine massive à une personne souffrant d’une grave hémorragie interne".

Il a lui aussi préconisé l’option suédoise de nationalisation des banques, adoptée après la crise bancaire du début des années 90 due à une forte spéculation immobilière après la dérégulation du crédit en 1985. L’Etat avait alors injecté de l’argent dans les banques qui paraissaient pouvoir s’en sortir et laissé les autres s’effondrer. Deux banques avaient été nationalisées et l’Etat avait étendu ses garanties aux créanciers d’autres banques, mais pas aux actionnaires.

Damien Millet, du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers monde (CADTM), cite lui l’exemple de la Malaisie qui, après la crise de 1997, a été le seul pays d’Asie du Sud-Est à refuser d’appliquer les mesures préconisées par le Fonds monétaire international (FMI), instaurant notamment un contrôle sur le mouvement de capitaux : "C’est le pays qui est sorti le plus vite de la crise", affirme-t-il.


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