LGV Paris Toulouse : Intervention de Guilhem Serieys au Conseil régional Midi Pyrénées au nom du groupe FG

jeudi 3 mars 2011.
 

Monsieur le Président,

Chers collègues,

Vous connaissez l’implication des élus du Front de gauche pour le transport collectif, pour le rail, comme élément central de la planification écologique, seule méthode pour assurer la transition vers un mode de développement alternatif au tout libéral et préservant l’environnement.

Notre région s’est fortement impliquée pour rattraper notre retard d’infrastructures de Transports. En témoigne notre plan rail, le plus important de France.

Un consensus s’est développé ici, il y a quelques années, contre un second aéroport et autour de la perspective de la LGV Toulouse-Paris comme élément de substitution à la voiture et à l’avion.

Nous n’abordons pas la question de la LGV en soi car elle ne peut résumer les enjeux qui sont les nôtres aujourd’hui. Nous ne sommes pas des LGvistes béats. Nous abordons la question de la LGV dans le cadre d’une bataille politique globale pour le transport collectif.

Pour la première fois, nous est soumise pour discussion et vote la convention de financement du tronçon Tours-Bordeaux. Il est une chose de payer en partie à la place de RFF et de l’Etat des infrastructures qui relèvent de leurs compétences. Il en est une autre, d’accepter un mode de financement en Partenariat Public Privé où les collectivités payent et un groupe financier s’engraisse. Le concessionnaire participe au financement à hauteur de 29% puis bénéficierait pendant 44 ans des péages d’utilisation de l’infrastructure.

Nous ne voterons pas ce protocole, nous nous abstiendrons en affirmant notre opposition au PPP, déclinaison de la construction libérale de l’Europe du Traité de Lisbonne. Nous sommes pour l’extension du service public ferroviaire, nous sommes pour renationaliser ce qui a été filialisé en 1996, c’est-à-dire RFF, nous ne mettrons pas un doigt de plus dans la privatisation du rail. Et pour la partie Bordeaux-Toulouse, nous souhaitons une position claire de la majorité régionale contre un financement en PPP.

Je le dis concernant la perspective Bordeaux-Toulouse. Nous poserons dans les discussions d’autres éléments précis.

La LGV ne prend du sens du point de vue de l’intérêt général que si elle permet une extension du service ferroviaire, pas si elle implique une diminution du service global. Il est urgent d’avoir des réponses précises de l’Etat et de la SNCF.

Par exemple, quels sont les engagements de la SNCF concernant l’utilisation de la voie actuelle Bordeaux-Toulouse ? On sait bien qu’il est difficile de faire tout coexister sur la voie actuelle avec des TER à 6O km/heure de vitesse commerciale. La LGV prendrait du sens avec en parallèle une grande politique du frêt. Mais quel avenir au Frêt public national et quelle planification concernant le fret des trains longs sur l’axe Bordeaux-Toulouse-Marseille ?

C’est la réponse à cette question, entre autres, qui permet de mesurer l’impact écologique de la construction d’une autre voie même si une étude plus précise doit être réalisée sur l’impact environnemental direct de la LGV.

Autre question : Quelles garanties sur le maintien et le développement des autres liaisons avec Paris ? Quel avenir pour Bézier-Neussargues ? Quel avenir au POLT ? Liaisons nationales ou addition de TER ? Quand on voit la quasi absence du POLT sur les centrales de réservation, on peut être inquiet.

Si la rentabilité de la LGV nécessite la diminution du reste du service ou un coût des billets exorbitant, nous devons au plus vite réajuster notre positionnement.

Est-ce la LGV contre le reste du réseau, ou la LGV pour le reste du réseau ? Seuls des engagements contractuels avec l’Etat et la SNCF peuvent y répondre.

Les élus du Front de Gauche prendront leurs responsabilités en fonction de ces engagements.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message