Le choc de l’élection cantonale aura effondré un nouveau bout du décor branlant de la Cinquième République (article national PG)

lundi 4 avril 2011.
 

Il n’y a plus rien qui tienne solidement dans ce théâtre ! Cette fois c’est son aile droite qui s’est écroulée en lambeaux après des années de rafistolage. L’UMP subit l’une des plus cuisantes sanctions qu’ait connu un pouvoir un place depuis cinquante ans. C’est surtout un genre de gifle que seule la gauche jusqu’à présent avait connue, notamment en 1993. Une baffe venue de son propre camp. En effet, à y regarder de près la gauche ne progresse pas par elle-même. Si le rapport de force gauche-droite s’améliore nettement en faveur de la gauche, c’est presque uniquement l’effet de la chute de la droite.

L’abstention la décime, comme le montre sa poussée dans les bureaux bourgeois. Coiffé d’un parti unique au sommet, elle éclate électoralement à la base. Car elle a perdu son leadership. Le refus des sortants d’utiliser l’étiquette UMP, trop associée à un président de la République largement rejeté, était déjà un signal de fin de partie. En confirmant le fait que Sarkozy n’est plus la solution mais le problème pour la droite, ces élections précipitent sa crise. Car la droite politique repose sur l’autorité d’un homme. C’est un effet de culture politique comme des institutions qu’elle a voulues. C’est aussi que le leadership d’un seul est l’antidote à l’éclatement auquel la promet l’ampleur des contradictions politiques qui la traversent. Et notamment de sa contradiction fondamentale : la droite française ne peut pas mener la mue néo-libérale à laquelle l’enjoint le capital financier transnational tout en gardant une majorité durable dans le pays.

Voilà ce à quoi l’extrême-droite prétend répondre. Avec le succès du FN dans les urnes, une alternative de direction à Sarkozy émerge au sein de la droite. Certes le personnel politique du Front national n’est pas encore au niveau de cette ambition. Mais ils ont déjà gagné la bataille des idées. En appliquant les thèses fondatrices du club de l’Horloge de la fin des années 70, qui appelaient à placer le débat politique sur le terrain des 3 « i », identité, insécurité, immigration, Sarkozy vérifie la prédiction qui en faisait le moyen de leur ascension.

Bien sûr la gauche est mieux en point. Mais ce n’est pas sa force qui la protège. C’est son flou ! De ce côté-ci du théâtre il n’y a pas encore de leadership présidentiel à effondrer. Les primaires socialistes et écologistes n’ont pas commencé. Ce n’est pas le chef qui cache les contradictions mais son absence ! Absence de programme pour le PS et EELV, absence d’identité politique claire pour une Joly ou un Hulot, voire absence pure et simple du territoire pour Strauss-Kahn ! Même pas une petite pointe sur lequel la foudre pourrait s’abattre. Malgré le retard, c’est au Front de Gauche que nous sommes les plus avancés. Constatons que notre petite pointe à nous a attiré une énergie positive. La nette progression du Front de Gauche était loin d’être acquise. Si l’on compare nos 850 000 voix acquises sur la moitié du territoire qui renouvelait les conseillers généraux, soit l’équivalent de 1 700 000 voix au plan national, avec le résultat des dernières régionales, cela représente un gain équivalent à 500 000 voix. Avec le FN, le Front de Gauche est la seule force politique à progresser dans ce contexte. Signe que la recherche d’une alternative à gauche a aussi commencé.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message