Où mène le suivisme à l’égard du FMI, de la BCE, de l’UE ? …au désastre des dirigeants socialistes grecs, espagnols, portugais

dimanche 26 juin 2011.
 

Les « indignés » de la Puerta del Sol à Madrid avaient écrit, sur une grande banderole : « Faites du bruit, les Grecs s’endorment » et sur la place Syntagma à Athènes, les « indignés » Grecs ont répondu « Allons nous continuer à dormir ? » ? Du coup la division de la gauche grecque s’est arrêtée et tous ont défilé ensemble. En Grèce, dimanche, il y a eu 500 000 manifestants dans tout le pays. Dont 150 000 à Athènes. Tous les soirs, il y a des manifestations et le gouvernement de Georges Papandréou est totalement discrédité, isolé : il y a eu moins de 23 % de votants exprimés lors du dernier vote dans un pays où le vote est obligatoire ! Ses ministres ne peuvent sortir en public sans être hués. Le PASOK qui fut un grand parti, est en pleine crise, laminé par la soumission de son chef aux ordres de la finance internationale. Le peuple grec ne supporte pas, à juste titre, que son patrimoine, et 30 grandes entreprises publiques, soit vendus à l’encan, que ses salaires baissent de plus de 20 %, ses retraites de 50 %, que la misère et le chômage se répandent comme une pandémie. Au nom d’une dette qui ne cesse d’augmenter, vu la récession organisée par ses soins, la sale politique du FMI de la BCE et de l’UE Markel-Sarkozy continue de piller les salariés du pays. Pourtant la dette est illégitime : elle est encore constituée de la dette de la dictature des « Colonels » de 1967 à 1974, de dépenses spéculatives des Jeux olympiques de 2000, des dettes des banques consécutives à la crise dite des subprimes… La Grèce est le 2° pays au monde en budget d’armement par rapport à son PIB, croyez-vous que le FMI ait demandé de supprimer ce coûteux surarmement ? Non, le FMI a demandé de supprimer les droits sociaux !

C’est pareil en Espagne : lorsque José Luis Zapatero, le 10 mai 2010, en moins de dix minutes de discours s’est rallié aux ordres du FMI et de la BCE, il a perdu 15 points dans les sondages en quelques jours. Les dernières élections du 22 mai 2011 ont été un désastre, le désespoir frappe la jeunesse réduite au chômage, et l’abstention massive de la gauche a laissé la droite emporter les municipales. Au point que Luis Zapatero assume la déroute et doit quitter la direction de son parti…

Il en est de même au Portugal. Quiconque veut défendre une politique d’austérité « de gauche », de « priorité au remboursement de la Dette », doit méditer ce troisième vote des législatives du 5 juin 2011 : la gauche démoralisée par la politique du dirigeant socialiste José Socratés s’est effondrée. Il n’y a pas eu transfert des voix à droite, il y a eu un raz-de-marée d’abstention à gauche (40 %) qui a suffi à faire gagner la droite de Pedro Passos Coelho. Le quotidien Jornal de Notícias décrit : « Désormais, ce sont donc le PSD et le [parti conservateur de droite] CDS qui remplaceront le PS pour devenir les gouverneurs du FMI, de l’UE et de la BCE et appliquer les plans du ‘marché’ pour le protectorat portugais. … Si notre système électoral prenait en compte les 40 % [qui se sont abstenus], il y aurait près de 90 sièges vides au prochain Parlement. Et les partis auraient le nombre adéquat de députés qui correspond aux faveurs réelles des électeurs, c’est-à-dire à peine plus de la moitié du total actuel. Ce qui, dans le langage des marchés, correspondrait à la note ‘pourrie’. »

Alors que la politique pourrie de Sarkozy est au fond du puits, veut-on ne pas gagner en France en 2012 ? Il suffit de laisser entendre qu’on fera pareil comme Papandréou, Zapatero et Socrates ! Croit-on qu’on va esquiver la question ? L’autre jour, sur France inter, Dominique Seux, affirmait qu’il fallait interroger les candidats socialistes sur ce point. Et en guise de réponse, Pierre Moscovici semblait incliner sur une ligne pro-FMI. C’est justement ce qu’il ne faut pas choisir.

Cela se pose dés maintenant et va dominer la campagne électorale : c’est la ligne de partage. Si on se plie aux diktats du FMI, de l’UE et de la BCE, si on renonce à la retraite à 60 ans, aux 35 h réelles, au Smic à 1600 euros, à bloquer les salaires à 20 fois le Smic, à bloquer les loyers, à redresser et élargir les services publics, on perd la large avance dont la gauche bénéficie actuellement sur Sarkozy. S’il y a ambiguïté, s’il y a hésitation, l’abstention à gauche nous envahira comme à Athènes, Barcelone, Lisbonne. Pour gagner il faut mobiliser, être déterminé, dynamique, annoncer que la Dette est illégitime, qu’on a l’intention de demander des commissions d’enquête, de traquer les spéculateurs et les charlatans des agences de notation, de redistribuer les richesses en faveur des salariés, pas des banksters. Le chantage à la Dette est l’arme de la droite pour enrichir les riches et ponctionner le salariat : refusons ce chantage ! Priorité au social, pas à la Dette !

Gérard Filoche, le 10 juin 2012


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