Les pays naguère les plus culturels du monde sont à présent rongés par une tumeur maligne. C’est le néolibéralisme, qui sous couvert de soi-disantes réformes dévalorisent progressivement les services publics, la culture, les relations humaines, la qualité de la vie, le milieu naturel. Il s’attaque à la communauté des hommes, à l’équilibre écologique, c’est-à-dire aux conditions mêmes de la survie de l’humanité. L’hyperbourgeoisie, qui possède les monopoles supranationaux vole non seulement les pays du tiers monde, mais aussi les pays qui l’ont vue naître. Dans les Etats envahis par les métastases de la tumeur néolibérale, la grande bourgeoisie s’octroie la baisse des impôts, elle place les milliards détournées dans les paradis fiscaux qu’elle a elle même crées. Et ce sont les habitants des pays agressés qui gardent les dettes publiques. Avec le soutien des gouvernements néolibéraux. Les déficits ainsi crées servent de prétextes à d’autres restrictions présentés comme nécessaires, sans tenir compte de la dégradation de la qualité de vie des gens. Le chômage et la misère se répandent partout dans le monde.

Il faut tout faire pour empêcher ces prétendues réformes, qui remettent en cause l’égalité des chances, et qui favorisent le démontage de ce qui reste de l’Etat social, de sorte que notre société se transforme petit à petit en jungle. L’éducation ne doit pas être le privilège des riches. La mise en place de normes hors-standard au sein du système de la santé publique ne doit pas remettre en question la qualité des soins pour tous. La mise en place d’un prétendu second pilier prévu par la réforme des retraites affaiblirait forcément le premier pilier du modèle standard, et aurait pour conséquence une baisse draconienne des retraites des citoyens qui ont cotisé toutes leurs vies à ce système, et qui par conséquent n’ont aucun intérêt à contracter les assurances privées. Celles ci doivent être pleinement volontaires, et non volontairement obligatoires, comme le préconise l’actuelle coalition gouvernementale.

Nous voulons rétablir l’impôt progressif sur le revenu, nous voulons favoriser les activités économiques locales, nous voulons combattre d’une manière implacable les entreprises sans scrupules, d’où qu’elles viennent.

L’Etat néolibéral s’est déchargé de sa responsabilité pour l’intérêt général.C’est précisément pour cela que l’Etat, les régions, les villes,les localités doivent retrouver leur place dans l’intérêt général, c’est notre premier objectif. Les sociétés ne peuvent exister sans liens de solidarité entre les hommes.La lutte pour la dignité de tous les êtres vivants est durable, et ne doit en aucun cas être abandonnée. Pour que la communauté humaine puisse survivre, il faut aller hardiment au-devant des libéraux, avant que la désorganisation ne devienne irréversible. Le principe de solidarité, avec le principe de liberté et d’égalité dans la dignité, est ce vers quoi convergent toutes les valeurs d’une société démocratiquement et socialement avancée. Le célèbre « principe moral supérieur. »

Nous voulons unir tous nos efforts pour promulguer la loi sur les référendums. Il est scandaleux que nous l’ayons pas encore, c’est contraire à la Constitution de la République ,et cela entrave les activités citoyennes, quelles qu’elles soient. Garantir le fonctionnement normal de l’Etat de droit et de la société fondée sur la solidarité et la responsabilité, voilà la tâche pour tous ceux qui n’ont pas renoncé aux vertus civiques. Nous sommes pour plus de participation civique dans le domaine aussi bien politique qu’économique. L’Etat doit appartenir aux citoyens, il ne doit pas appartenir à l’oligarchie financière !

Le néolibéralisme ne peut plus faire semblant de jouer avec la liberté, qu’il veut pour les plus riches seulement, et qu’il considère comme le droit d’acheter n’importe quoi librement et le droit d’opprimer n’importe qui librement. Après les privatisations et les restitutions, c’est maintenant le retour de la misère, qui est telle que seuls les vieux peuvent s’en souvenir vaguement du temps de leur jeunesse. La corruption sans précédent progresse irrésistiblement, et il en sera ainsi tant les voleurs et les politiciens installés par ces mêmes voleurs auront la possibilité de cacher l’origine de leur fortune. Il arrive parfois que même les sommets de la police et de la justice couvrent la corruption qui s’étale. Nombreux sont ceux qui soutiennent ces activités criminelles, car leurs carrières en dépendent.

La tumeur néolibérale et ses métastases qui envahissent la politique économique et sociale doivent être extirpées. L’intérêt général doit être à nouveau soumis au contrôle du public. Les médias publics doivent être au service de l’information objective, et les informations importantes ne peuvent être cachées à l’opinion, comme c’est le cas aujourd’hui. On ne peut plus continuer ainsi. Il faut que cela change. Nous voulons que cela change dans nos lieux de naissance, dans nos régions, dans notre République, et aussi dans l’Union Européenne, dont nous nous réclamons.

Le néolibéralisme mène inévitablement les pays européens, les Etats-Unis d’Amérique et leurs habitants à la régression économique, sociale et morale. Résistons ! Ce qui est à redouter, c’est que le néolibéralisme, avec ses prétendues « réformes » d’austérité, finisse par gommer les principes fondateurs de solidarité et de coopération européens. Nous sommes pour une Europe authentiquement démocratique, pour une Europe de justice sociale, pour une Europe des citoyens libres, qui participent à toutes les décisions clé de l’agenda européen. L’Europe des élites, des agences de notation, du capital financier égoïste et irresponsable, cette Europe des corporations supranationales rapaces, on n’en veut pas. Nous refusons le règne européen des oligarchies financières, à défaut d’une Europe intégrée des citoyens des régions et des Etats qui coopèrent entre eux. Nous, membres d’Alliance Travail et Solidarité, défendrons la communauté des hommes vivant des fruits de leur travail, nous les protégerons du néolibéralisme et des ses métastases.

Nous nous efforçons de trouver des alternatives. Un autre monde est possible.

Porte-paroles

Jan Kavan

Milan Neubert

Ilona Švihlíková

Traduction du tchèque Karel Kostal

République Tchèque. Ce 17 novembre 2011, commémoration contestataire pour le vingt-deuxième anniversaire de la Révolution de velours