10 mars 2012 Forum du Front de Gauche du Sport

lundi 12 mars 2012.
 

Dans le contexte d’une crise qui aggrave les inégalités et l’insécurité sociales, où des priorités en matière économique, écologique et démocratique doivent être clairement énoncées, quelle place accorder à la pratique sportive ? Faut-il la réduire à un simple divertissement auquel accéderaient uniquement celles et ceux qui en ont les moyens ? Faut-il se contenter d’en pointer les dérives liées au sport-spectacle ? La réponse du Front de Gauche est claire : le sport est une nécessité.

Les activités physiques et sportives participent à la formation de la personne et leur accès relève d’un droit pour chacun, quels que soient ses capacités physiques, conditions sociales, profession, genre, apparence corporelle, âge, culture ou lieu de résidence. Elles constituent en effet un formidable outil pour comprendre et préserver son corps, entretenir et développer ses aptitudes physiques, s’approprier son environnement, découvrir, vivre et partager des émotions, développer ses capacités d’analyse, d’observation, d’adaptation, de coopération, d’innovation, construire son identité, développer son estime de soi… La pratique sportive permet de s’éprouver, de se transformer et, l’expérience le montre, elle contribue, tout au long de la vie, à un meilleur bien-être physique, moral et social indispensable à toute émancipation, essentiel à la capacité d’agir de chacun(e) et à sa relation aux autres. Sa pratique dans un cadre associatif contribue à la formation du citoyen. Nous l’affirmons : le sport ne se réduit pas à un ensemble de techniques à maîtriser, il est un élément fondamental de l’éducation populaire, de la culture et de la vie sociale, il est un bien public.

En faire un droit nécessite d’agir sur l’organisation du travail pour permettre la conquête du « temps libéré ».

Six ruptures pour une alternative à la marchandisation du sport

Le Front de Gauche, dans son projet pour le sport, propose d’engager 6 ruptures radicales avec les politiques libérales qui ont permis la marchandisation du sport en Europe et France :

1) Le sport n’est pas une marchandise, c’est un droit !

La spécificité du sport comme activité créatrice de l’être humain doit être réaffirmée, nous devons sortir définitivement le sport des logiques de la concurrence marchande par une nouvelle loi cadre renforçant le service public du sport. Le budget de l’Etat consacré aux activités physiques et sportives doit être immédiatement doublé et progresser à 1%.

2) Le sport ne peut pas se réduire à un instrument des politiques de cohésion sociale ou de promotion de la santé

Le sport ne doit pas être dilué dans la cohésion sociale ou dans la santé publique. Sa démocratisation exige une politique nationale qui s’adresse à toute la population et à tous les niveaux de pratique. Au-delà de sa fonction préventive, comme toute culture, le sport doit rester un outil d’éducation, de libération, permettant à chacun(e) de développer ses capacités inventives et créatrices, sa liberté. Nous défendons une politique sportive qui permette à chacune et chacun de se développer et de progresser pour accéder au plus haut niveau possible.

3) La vie associative doit être un des piliers fondamentaux du modèle sportif français

La vie associative est un pilier essentiel de l’organisation du sport en France. Les clubs constituent autant d’espaces de formation citoyenne. Elle doit être préservée de toutes dérives et concurrences commerciales et soutenue au regard d’objectifs éducatifs et démocratiques par une intervention publique forte et une valorisation du bénévolat. Nous nous engageons à lui redonner toute sa place dans un service public du sport rénové et proposons d’inscrire l’encouragement de l’engagement associatif dans la constitution de la 6ème République en insistant sur la représentation des associations dans toutes les instances de concertation à tous les échelons de la vie démocratique.

4) La démocratie doit devenir constitutive de la vie sportive

L’objectif de citoyenneté passe par la démocratisation et la maîtrise collective des structures d’organisation et de gestion du sport (clubs, fédérations, comités olympiques et sportifs, services publics, entreprises…). L’avenir du modèle sportif français mérite un grand débat démocratique, avec les hommes et les femmes du mouvement sportif, avec les parlementaires, avec les élu-e-s locaux, avec les partenaires sociaux concernés.

5) Promouvoir une nouvelle éthique

Le sport professionnel, ses manifestations et leur traitement médiatique (championnats, spectacles, événements sportifs nationaux et internationaux), le recrutement des jeunes et leur charge de travail, l’appel aux joueurs étrangers doivent viser des objectifs humanistes de progrès pour toutes et tous. L’ensemble des richesses créées par la haute performance sportive, quelles soient culturelles, économiques ou technologiques… doivent participer au développement du sport pour l’ensemble de la population.

6) L’Europe doit être un territoire déterminant pour défendre la spécificité éducative du sport et lutter contre sa marchandisation

L’arrêt Bosman en 1995 et l’orientation libérale de l’Union européenne ont accru le caractère marchand et dénationalisé du spectacle sportif ainsi que la privatisation des services sportifs. Malgré une reconnaissance de la dimension sociale et éducative du sport, le traité de Lisbonne impose de fait la libre concurrence et la destruction des services publics en Europe, y compris dans le domaine des activités physiques et sportives. Dans les systèmes scolaires européens, on observe une externalisation progressive de l’EPS au profit d’un « sport à l’école » dans la tradition anglo-saxonne. Leur objectif est double : ne conserver que les matières scolaires jugées « utiles » pour l’économie et abandonner à la discrétion du mouvement sportif l’éducation par le sport, au détriment d’une éducation physique et sportive obligatoire pour toutes et tous.

S’affranchir du traité de Lisbonne sera indispensable pour préserver le sport de la marchandisation et construire une autre politique sportive européenne.

L’émancipation sera au cœur de notre politique sportive, l’humain d’abord !

Avec Jean-Luc Mélenchon et les premiers signataires :

Marie George Buffet, Députée de Seine St Denis, Ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative de 1997 à 2002 ; Patrick Braouzec, Député du Seine St Denis, Président de la fondation du football ; Lydia Martins Viana, Dirigeante nationale du sport français ; Nicolas Bonnet, Responsable de la commission sport du PCF ; Eric Coquerel, Secrétaire national du PG, conseiller de Jean-Luc Mélenchon ; Béatrice Barbusse, Universitaire, Présidente d’un club professionnel ; William Gasparini, universitaire ; Jean-François Davoust, syndicaliste ; Jean Lafontan, syndicaliste ; Claude Lernould, syndicaliste ; Denis Langlois, athlète de haut niveau ; Alain Vernon, journaliste sportif ; Gilbert Trouvé, dirigeant d’une fédération sportive ; Philippe Robin, Président d’un club omnisport ; Philippe Marchegay, Président d’un club de pleine nature en Corrèze…


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message