FOOTBALL : Les équipes du XXIème siècle sont davantage composées par les financiers que par...

lundi 26 août 2013.
 

Depuis 2011, date de leur arrivée au PSG, les Qataris ont ainsi investi 358 millions d’euros en charges de transferts alors que l’ASM de l’oligarque Rybolovlev a déjà dépensé 146 millions d’euros. Le coût des transferts, déjà moralement suspect, est devenu lui-même un objet de communication censé refléter le niveau du joueur et les retombées économiques, voire sportives du «  transféré  ». Sans aucune garantie… évidemment.

Tout, aujourd’hui, dans le football moderne, transpire l’indécence, autant dans les montants des transferts que dans leur principe, affichant le prix du joueur comme on afficherait le prix d’une voiture de luxe. Les salaires gargantuesques attribués à ces sportifs afin qu’ils puissent, à l’occasion, mettre une sphère dans un cadre, dépassent là encore l’entendement.

Les stars étrangères sont dorénavant payées en net, le club se chargeant de payer les impôts alors que le premier jeune inconnu est déjà royalement payé par son club pour éviter toute tentation extérieure. À seize ou dix-sept ans, quelques joueurs de l’élite sont déjà rémunérés au-delà du raisonnable, amorçant la pompe à fric et ses conséquences sur leur comportement de divas. Quelques-uns d’entre eux arrivent au tout début de leur carrière au lycée en berline toisant de loin et de près leurs enseignants médusés. Ces exemples illustrent le monde dans lequel nous vivons où toutes les frontières ont littéralement implosé. L’anormalité est devenue de mise. Elle est devenue un modèle dans lequel le sport le plus populaire au monde se vautre avec indélicatesse repoussant, année après année, les limites de l’absurde.

Pourtant le football et plus largement le sport ont d’évidentes vertus éducatives permettant de découvrir des valeurs de solidarité, d’amitié et de respect des autres. Le poids et la pesanteur du football professionnel ainsi que ses dérives ne peuvent faire oublier, heureusement, l’engagement des milliers de bénévoles et de formateurs qui œuvrent auprès des jeunes licenciés. C’est à la fois la découverte de l’art de mener le ballon et celle de l’esprit d’équipe, de la camaraderie et plus largement de la civilité. Le football, devenu en un siècle le sport le plus populaire au monde, est un sport par nature populaire et mondial. Il est pratiqué sur tous les continents, sur une plaine herbeuse, sur le sable d’une plage, dans une salle, à cinq, dix ou onze, entre hommes ou femmes, entre équipes mixtes, jeunes et vieux confondus. Son image s’est bâtie par l’essor des nations de football, révélée par la naissance des coupes du monde et des championnats nationaux dans lesquels les supporters ont trouvé un amour du maillot et du pays et quelquefois un défouloir, voire un canal à des excès intolérables.

Aujourd’hui dévoré par l’argent roi et la mondialisation, le football professionnel est devenu une caricature et un danger. Une caricature d’un sport qui ne représente plus le même attrait qu’hier alors que les équipes du XXIe siècle sont davantage composées par les financiers que par des présidents de club et encore moins par leurs entraîneurs. La «  machine à cash  » délivrant les bons de sorties pour payer transferts et joueurs a remplacé l’amour du maillot et la fierté de représenter son équipe, voire son pays. Chacun se souvient du comportement d’une bonne partie des joueurs français lors des dernières compétitions internationales. Le football professionnel est même devenu un danger foulant aux pieds la valeur des choses et la valeur de l’argent. Totalement mondialisé depuis l’arrêt Bosman, il a fait de la planète un petit village dans lequel se mêlent, pour le meilleur et le pire, les footballeurs de tous horizons venus d’Équateur ou du Mozambique, par exemple, tenter leur chance jusqu’aux divisions inférieures. Il n’est pas rare ainsi de retrouver dans les championnats départementaux et régionaux ces salariés de la mondialisation footballistique échoués pour la plupart du bateau dans lequel ils ont dérivé. Ainsi donc, aux deux extrémités, se côtoient, de très loin, des jeunes gens aux prises avec un système dans lequel la rare réussite flamboyante frôle toujours des destins plus tragiques. Alors que la grande majorité des Français souffrent, privés de travail ou de juste rémunération, nous souhaitons en finir avec les transferts et les salaires mirobolants offerts à quelques dizaines de privilégiés. Les récents propos de représentants de la Fédération française de football (FFF) et de la Ligue professionnelle de football (LFP) se félicitant chacun de l’engouement des financiers, quelquefois venus d’horizons improbables, pour investir dans les équipes du championnat de France, ne manquent pas d’inquiéter.

Sans revendiquer un retour au pur amateurisme, qui n’aurait aujourd’hui que peu de sens, il nous faut en finir avec cette indécence, et porter l’idée de dépollution du football professionnel. La France pourrait donner l’exemple et offrir un nouveau cadre juridique interdisant définitivement l’achat ou la vente de joueurs, pratique curieuse, ressemblant à la vente d’esclaves, même consentie par le bipède concerné. De fait, nous proposons d’interdire tout transfert onéreux pour, au contraire, intégrer totalement les footballeurs dans les règles existantes du marché du travail. La France pourrait aussi décider d’une limitation des salaires, à l’instar des «  salary caps  » de certaines ligues étrangères. À charge pour la FFF et la Ligue de fixer alors un plafond maximal de dépenses et un salaire ne pouvant dépasser, par exemple, 30 000 euros, représentant déjà plus de 25 fois le Smic.

L’argent qui continuerait à circuler pourra enfin être affecté à d’autres missions que 
la préservation des stars, notamment par 
l’investissement massif dans la formation et dans le soutien aux nombreux clubs amateurs.

Tribune dans L’Humanité

Par Olivier Caremelle, adjoint au maire de Lomme (Nord), porte-parole du Collectif des élus démocrates et républicains à l’éducation (CEDRE). De nombreux médias se sont extasiés sur le nouvel attrait de la Ligue 1, véritable eldorado pour footballeurs, débauchés pour des sommes faramineuses, 64 millions d’euros payés par les Qataris du PSG afin « d’acheter » Cavanni et 60 millions pour le « nouveau Falcao » des Monégasques.


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