LE CHEMIN SANS RETOUR DU SOCIAL-LIBERALISME DE HOLLANDE

lundi 20 janvier 2014.
 

Lors de sa conférence de presse, le président de la république s’est lancé dans un concours avec N. Sarkozy pour savoir lequel aura le plus choyé le patronat et baissé les dépenses publiques. Il pourrait aussi ajouter le contournement du débat démocratique : création d’un conseil stratégique de la dépense publique se réunissant tous les mois autour de lui (mais à quoi servent alors le ministre du budget et les commissions des finances du parlement ?) et annonce de l’engagement au printemps de la responsabilité du gouvernement sur le pacte de responsabilité.

Tous ceux qui à la gauche du PS et chez EELV pensaient qu’ils pourraient exiger des contreparties sont refaits. D’ailleurs, le président du Medef, après s’être félicité de ces cadeaux, s’est empressé d’ajouter qu’il n’y aurait aucun engagement écrit en échange. Que Hollande vante un compromis social historique relève alors de l’humour noir surtout au moment où les syndicalistes sont victimes d’acharnement judiciaire comme pour les 5 de Roanne ou les 2 de Villefranche (poursuivis pour distribution de tracts en 2010 à un péage d’autoroute !), où les élections et les tribunaux prud’hommaux sont menacés de disparition et où le travail du dimanche est imposé par décret.

Hollande a donc décidé d’emprunter le chemin sans retour du social-libéralisme. C’est un choix idéologique et non une question de pragmatisme. Sa réaffirmation de la primauté de la politique de l’offre et la nécessité d’une croissance vigoureuse ont du faire sursauter plus d’un écologiste. Pour lui, le principal problème de l’économie française est l’insuffisance de la production car l’offre crée la demande ! Absurde. Aucune entreprise ne produit plus si elle n’est pas assurée de vendre plus et si vous n’avez rien dans votre porte-monnaie vous ne consommerez pas. Pour masquer le flirt avec le patronat, la rhétorique social-libérale est sans limite et a beaucoup plu à la CDU allemande qui s’est empressée de saluer « un clair changement ».

L’idéologie de la baisse des dépenses publiques concerne aussi les collectivités locales. Leur structuration sera dorénavant à géométrie variable, volontaire, ou imposée aux récalcitrants au moyen de la modulation des dotations. On nous dit qu’il ne faut pas mélanger politiques locales et nationales : qui ira alors expliquer que les inégalités découlant de ce démantèlement de l’unité territoriale, n’ont rien à voir avec la politique nationale ?

Les régions vont donc être dotées « de nouvelles responsabilités » et du pouvoir « d’adaptation locale des lois ». Visiblement la catastrophe des constructions en zone inondables autorisées par certains maires est déjà oubliée. Mais avec un gouvernement qui assouplit par décret du 31 décembre les procédures de création ou d’extension des porcheries, plus rien ne peut nous surprendre. A ce stade, la question n’est plus de peser pour faire bouger le curseur. L’heure est au regroupement de tous ceux, Front de Gauche, socialistes et écologistes, qui ne veulent pas cautionner un tel cours libéral dont nous savons, pour en avoir vu les conséquences dans d’autres pays, combien il est désastreux pour les peuples qui le subissent. Puisque Hollande a choisi d’abandonner la gauche, notre responsabilité est claire : construire l’opposition de gauche.

Martine Billard, co-présidente du Parti de Gauche


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