La boussole de classe de Mme El Khomri

lundi 15 août 2016.
 

L’accord donné par la Ministre du travail au licenciement du délégué syndical d’Air France, M. Vincent Martinez, ne doit pas être banalisé. Avec mes amis, je demande d’ailleurs sa réintégration immédiate.

Les images spectaculaires du début d’année, du DRH à la chemise arrachée ont peut être troublé certaines personnes, mais il est important de rappeler quelques faits. Contrairement à ce qu’avait oser dire Manuel Valls, il ne s’agit pas de « voyous », terme qu’il n’utilise d’ailleurs jamais pour décrire les comportements de patrons délinquants ou pour qualifier celui d’un Patrick Balkany par exemple, mais de salariés et d’honnêtes gens, poussés à bout par un mépris patronal prononcé.

D’abord et le plus important, aucune preuve n’existe pour montrer que Vincent Martinez a participé directement à ce spectaculaire arrachage de chemise. Rien. Aucune image ne l’atteste, au contraire même. Très peu d’images d’ailleurs des nombreuses vidéos de cette célèbre bousculade ne prouvent quoi que ce soit. Prudente, la justice ne s’est pas encore prononcée sur cette affaire (elle le fera les 27 et 28 septembre) et, après examen des faits, l’Inspection du travail s’était opposée à ce licenciement. Le rapport de police reconnaît que : « La confusion est telle qu’il est impossible de distinguer des éventuels auteurs de violences ou de dégradations. »

Qu’importe, Myriam El Khomri autorise ce licenciement et donne raison à la Direction d’Air France. Elle préfère sa version à celle de la police, de la justice (qui n’a encore rien dit), à celle de l’Inspection du Travail. D’instinct, elle a choisi. C’est la Direction qui a raison et les salariés en colère qui ont tort. Seule une boussole de classe peut indiquer une telle orientation. Cet acte restera donc comme une signature après le coup de force pour imposer sa loi. L’ex PDG d’Air France M. Alexandre de Juniac, si méprisant et si peu compétent, peut partir après avoir supprimé 5500 postes et vu sa rémunération augmenter de 65 %, soit un total de 1 062 000 euros par an. Il aura été récompensé pour avoir su sabrer dans la masse salariale.

Tout cela est normal aux yeux de ce gouvernement. Ce qui ne l’est pas, c’est que des salariés explosent de colère quand on leur annonce un nouvel plan de 2900 suppressions de poste. Ce gouvernement a pourtant répété dans les médias jusqu’à l’ivresse que « sa priorité c’est la lutte contre le chômage ». Mais, les faits sont là. Il est inerte face aux plans de licenciements qui se multiplient. Comment reprocher aux travailleurs de chercher eux mêmes à se défendre ? Ils ont raison. Et la colère populaire, quand elle explose, n’est pas toujours des plus distinguées. Peut être. Mais c’est la violence des puissants qui la rend ainsi.

Pour ma part je n’aime pas la violence, mais je sais que la violence d’un Conseil d’administration qui supprime 2900 postes (avec les conséquences sociales qui sont derrière) est bien pire que celle qui déchire une étoffe. Petite anecdote, le DRH maltraité ce jour là a depuis eu une promotion. Il a été embauché par le Groupe Bolloré. Licenciement sec pour les uns, promotion pour d’autre. Qui est la victime ? Qui est le coupable ? A vous de juger. Moi j’ai choisi.


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