Xavier Mathieu : la criminalisation des syndicalistes, c’est le vieux groin de droite qui est de retour sans masque (5 articles)

vendredi 6 mai 2011.
 

Cette fois-ci Xavier Mathieu est mis en examen pour avoir refusé de se soumettre à une prise d’empreinte ADN, après sa condamnation pour sa prétendue participation au "saccage" de la préfecture de l’Oise avec 200 autres salariés le 21 avril 2009. Un tel refus est considéré par la loi Sarkozy comme un délit en tant que tel. Il encourt jusqu’à un an de prison et 15 000 euros d’amende. La situation particulière de Xavier Mathieu met en lumière l’utilisation abusive des fichages ADN en France, depuis Sarkozy. Mais cet acharnement sur le leader des Conti, plus de deux ans après l’incident, illustre également la criminalisation croissante des délégués syndicaux par la droite. Symbole des têtes dures, de la résistance à la violence des licenciements boursiers, Xavier Mathieu doit être mis à genoux, pour servir d’exemple.

Le fléau du fichage génétique envahit la France depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. Au départ, la collecte d’empreintes ADN a été autorisée en 1998 uniquement pour les criminels sexuels puis, en 2001, pour les crimes les plus graves. En 2002, seules 2 100 personnes étaient répertoriées dans le fichier des empreintes. Mais à partir de l’arrivée de Sarkozy au ministère de l’Intérieur, l’avalanche de lois sécuritaires a étendu massivement la collecte de ces empreintes ADN.

Ce fichage absurde a été d’abord étendu à toutes les personnes condamnées au pénal. Cela inclut les syndicalistes pour des faits qui leurs seraient reprochés dans leur action. Ensuite ont été requises les personnes simplement mises en cause. Aujourd’hui, plus de 1,5 millions de personnes, soit 2,5 % de la population du pays sont fichées génétiquement. Cette collecte des empreintes se fait à tour de bras. Le fichier augmente de 1000 personnes en moyenne par jour. On comprend le but. Tout est en place pour aboutir à un fichage génétique de l’ensemble de la population. Et cela dès la naissance, comme le défend une partie de l’UMP, dont Estrosi. Le fichage génétique, qui devrait être l’exception réservée à "certains crimes et délits graves" selon le Conseil constitutionnel, est donc en train de se généraliser sans que ni le Parlement ni le peuple n’en aient été saisis.

Faisant d’une pierre deux coups, la prise d’empreinte quasi systématique permet aussi de criminaliser l’action syndicale. Malgré le dépôt d’une proposition de loi des députés PCF et du Parti de Gauche en septembre 2010, à l’initiative du député Pierre Gosnat, visant à interdire le fichage génétique des militants syndicaux, le gouvernement n’a pas bougé. Pourtant, la délinquance financière en col blanc, les délinquants routiers et les faucheurs volontaires d’OGM ont été exclus de la loi prévoyant le fichage des personnes condamnées au pénal. C’est que le but est de faire peur, de museler l’action syndicale. Puisque le délit de refus de test ADN est puni d’un an de prison et 15 000 euros d’amende, le fichage génétique devient un moyen de répression politique et syndicale. Pour protester contre cette assimilation des syndicalistes aux criminels de toute sorte, Xavier Mathieu et plusieurs autres en France ont refusé de se soumettre à la prise d’empreintes génétiques. Ce refus est l’objet de la mise en examen du syndicaliste de chez Conti.

Avant lui, Philippe Galano, un responsable de la CGT des autoroutes dans les Pyrénées Orientales, a été poursuivi pour le même délit : avoir refusé de se soumettre à un test ADN. Condamné en 2009 pour séquestration lors de l’occupation des locaux des Autoroutes du Sud de la France en 2003, pour protester contre le licenciement abusif de quatre délégués syndicaux, Philippe Galano ne s’est pas soumis au prélèvement ADN. Jugé le 17 mars dernier pour ce délit, il a été condamné à une amende de 150 euros avec sursis. Cette somme est bien le signe que l’objectif premier du gouvernement est d’intimider et de stigmatiser .

L’assimilation des syndicalistes à des criminels est un plan d’action global pour ce gouvernement depuis le premier jour de son arrivée aux affaires. On se souvient des premières lois dans l’été 2007 sur le service minimum dans le secteur des transports et les premières provocations. Elles n’ont pas cessé depuis. En témoigne l’envoi de commandos du GIPN contre les marins grévistes CGT de la SNCM le 10 mars dernier. Les marins étaient en grève depuis 5 semaines pour protester contre le démantèlement de leur entreprise, la SNCM. Ils dénonçaient notamment la menace que cela fait peser sur la continuité territoriale du service public de transport maritime entre la Corse et le continent. Pour ne pas laisser isoler leur grève, ils avaient engagé un blocage partiel des accès à certains bassins du port de Marseille. Le Préfet a fait alors un choix d’intervention sans précédent. Il a décidé de recourir au Groupement d’Intervention de la Police Nationale (GIPN) pour déloger les marins ! Totalement disproportionné. Equipés de pistolets mitrailleurs et de fusils d’assaut, les policiers du GIPN sont chargés d’intervenir dans des situations particulièrement dangereuses face à une menace armée : terrorisme et grand banditisme, prises d’otages ou forcenés retranchés. Tout cela est sans aucun rapport avec l’action de syndicalistes en lutte qui n’étaient ni armés ni dangereux. Ils ont pourtant été délogés et 14 d’entre eux ont été arrêtés et menottés par des commandos marins du GIPN, appuyés par un gros dispositif de CRS et de gendarmes. Voilà comment d’épisodes en épisodes est installée l’idée que la lutte sociale n’est pas légitime et que ses protagonistes sont des délinquants. C’est le vieux groin de droite qui est de retour sans masque.

4) Un mois de sursis requis contre Xavier Mathieu

Hier, 600 personnes ont défilé en soutien à Xavier Mathieu, l’ex-porte-parole des Conti convoqué au tribunal correctionnel pour avoir refusé de se soumettre aux tests ADN.

C’est bien « Tous ensemble, tous ensemble » que les Conti de Clairoix, dans l’Oise, ont accompagné Xavier Mathieu au tribunal correctionnel de Compiègne. L’ex-porte-parole de leur lutte était convoqué hier pour avoir refusé de se soumettre à un prélèvement de son empreinte génétique.

Lors de l’audience, une peine d’un mois de prison avec sursis a été requise à l’encontre du syndicaliste. Un ultime acharnement, qui fait suite aux condamnations, en février 2010, des six salariés pour la destruction de matériel dans la sous-préfecture de l’Oise, après la confirmation du licenciement des 1 120 salariés. Les dégradations avaient été « condamnées », par Michèle Alliot- Marie, alors ministre de l’Intérieur, ajoutant qu’il fallait des « syndicalistes responsables ». Un élément que n’a pas oublié de rappeler Xavier Mathieu : « Que les gens qui me demandent d’être exemplaire le soient aussi parce que c’est loin d’être le cas ! »

Quelques heures avant l’audience, sous une banderole « Non à la criminalisation des luttes », en scandant notamment : « Du fric pour les salariés, des tests ADN pour les actionnaires », 600 manifestants s’étaient retrouvés devant la gare, où, un an auparavant, les 1 120 salariés de l’usine de pneumatiques prenaient le train pour Hanovre, en Allemagne, afin de dénoncer la fermeture de leur entreprise devant les actionnaires.

Outre les salariés de Continental, le soutien à Xavier Mathieu et à son refus d’effectuer des tests ADN s’élargit, contre les dérives d’une loi où les syndicalistes se retrouvent traités comme des criminels. À ce jour, 7 000 personnes ont signé la pétition publiée sur Facebook, exigeant l’arrêt des poursuites et fustigeant l’acharnement du pouvoir contre les travailleurs de Continental. Cinq mille personnes sont membres du comité de soutien. Peu avant l’audience, hier, une manifestation a traversé la ville. Dans le cortège, un collectif d’étudiants de Compiègne, seau à la main, a invité les manifestants à cracher pour récolter leur ADN. Plusieurs représentants des partis de gauche (LONPA- PCF-PG-EELV-PS) ont fait le déplacement. « L’ADN de Xavier, on le connaît, a revendiqué Olivier Besancenot, ex-porte-parole du NPA, c’est celui de ceux qui combattent le système. »

« Quand on se défend contre le capital, quand il y a de la colère qui s’exprime, il faut parfois être plus radical, a affirmé Marie-George Buffet. C’est une attaque contre les droits syndicaux dès lors qu’on ne peut plus choisir les formes de lutte, au risque de devenir un criminel. » La députée communiste a promis d’abroger ces lois ADN. Jean-Marie Le Guen, député PS, également dans le cortège, a dénoncé la « criminalisation des mouvements sociaux ». Jean-Luc Mélenchon a quant à lui rappelé qu’il faut changer de majorité pour changer les lois et a invité les ouvriers à y contribuer. À sa sortie du tribunal, Xavier Mathieu était accompagné par On ne lâche rien du groupe HK & les saltimbanks venu le soutenir.

Clotilde Mathieu

Source : L’Humanité du 4 mai 2011

3) Xavier Mathieu Des soutiens nombreux, certains venus de très loin

Plus de 700 personnes ont manifesté hier au côté de Xavier Mathieu pour dénoncer la convocation du leader des Conti au tribunal et le caractère liberticide du prélèvement ADN.

Des représentants de tous les partis de gauche étaient notamment présents : Olivier Besancenot (NPA), Karima Delli (Europe Ecologie-les Verts), Jean-Marie Le Guen (PS), Nathalie Arthaud (LO), Jean-Luc Mélenchon (PG) ou encore Marie-George Buffet (PC).

Mais Xavier Mathieu a également pu compter sur des soutiens venus de très très loin. Des syndicalistes sont en effet venus de Corse, du Pays basque, de Martinique et même de Nouvelle-Calédonie pour soutenir leur homologue compiégnois. « Nous sommes venus dénoncer la répression antisyndicale qui a lieu trop souvent », a expliqué Alain Mosconi, du STC (Syndicat des travailleurs corses). « En Martinique, les syndicalistes n’ont pas encore été confrontés à des demandes de prélèvement d’ADN. Mais nos voisins guadeloupéens l’ont déjà été à plusieurs reprises et nous sommes tous solidaires », a confié Patrick Doré, qui représentait l’UGTM (Union générale des travailleurs de Martinique). Près de 17000 km séparent Compiègne de la Nouvelle-Calédonie. Mais le Kanak Rock Haocas n’a pas non plus hésité à faire le déplacement, au nom de l’USTKE (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités), principal syndicat du territoire (indépendantiste) : « Nous défendons Xavier Mathieu car partout l’action syndicale est discriminée. Chez nous, le président de l’USTKE a été enfermé plusieurs mois après une action syndicale à Nouméa. Pourtant, notre priorité reste la défense des travailleurs. »

Ces représentants syndicaux vont profiter de leur présence en métropole pour participer à un débat sur la lutte contre la répression antisyndicale, ce soir à 18 heures à la bourse du travail, à Paris.

Source : Le Parisien du 4 mai 2011

2) Au côté de Xavier Mathieu, nous sommes tous concernés

Source :

http://www.lepartidegauche.fr/edito...

Mais quel grave délit Xavier Mathieu a-t-il commis pour avoir l’obligation de se soumettre au test ADN et être fiché comme un criminel ? A-t-il commis un meurtre, une agression sexuelle, un acte de terrorisme, etc... ?

Non, Xavier Mathieu s’est légitimement battu, avec tous les salariés de l’usine Continental de Clairoix, et comme de nombreux travailleurs, afin de sauver son outil de travail contre la fermeture et délocalisation de leur usine.

Et c’est pour cette raison que nous sommes tous concernés !

Parce que demain, ce sera le tour d’autres salariés de se battre pour sauver le leur, d’outil de travail ! Ce sera leur tour de se battre pour maintenir leurs emplois ! De se battre contre des patrons-voyous, des “ importants ” qui essaieront de les bâillonner, de remettre en cause les droits syndicaux et les libertés fondamentales !

Le Parti de Gauche dénonce la répression du mouvement social aujourd’hui à l’oeuvre à l’encontre de nombreux militant-e-s syndicaux et associatifs. Il condamne ce recours aux tests ADN qui instaure un fichage politique totalement contraire aux libertés républicaines.

Le Parti de Gauche, représenté par Jean-Luc Mélenchon, Co-président du Parti de Gauche, Danielle Simonnet, Laurence Sauvage, Manuel Bompard, secrétaires nationaux et de nombreux militants, sera présent auprès de Xavier Mathieu et participera à la mobilisation qui se tiendra à partir de 11 heures devant la gare de Compiègne (60) et qui se rendra au Palais de justice à 13h30.


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