Hamon candidat socialiste... Demain s’ouvre un temps de clarification...

samedi 8 février 2020.
 

- A) Chat échaudé craint l’eau froide (Jacques Serieys)

- B) La vraie campagne commence (Eric Coquerel, PG)

- C) Le PCF prendra dès demain de nouvelles initiatives

- D) Pour désigner son candidat le PS a préféré nos mots à ceux de son propre gouvernement (Jean-Luc Mélenchon)

VALLS VALSE, ENCORE UNE VICTOIRE DU DÉGAGISME ! (Jean-Luc Mélenchon)

A) Chat échaudé craint l’eau froide (Jacques Serieys)

Benoît Hamon défendra les couleurs socialistes à l’élection présidentielle après sa nette victoire face à Manuel Valls dimanche au second tour de la primaire élargie du PS. Il a réuni 58,65% des suffrages contre 41,35% pour Manuel Valls.

Dès les résultats connus, Benoît Hamon a lancé un appel au "rassemblement de la gauche" sur un programme commun pour une majorité gouvernementale, annonçant que dés le lendemain il téléphonerait à Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot dans cette perspective. Gérard Filoche en a rajouté sur la nécessaire "unité" pour battre la droite. Un peu partout en France des animateurs locaux du PS qui avaient été hautains pendant cinq ans comme quoi, eux étaient "responsables", ont soudain entonné l’hymne de l’unité nécessaire sur un programme pour changer la vie.

Je suis disposé à croire en leur attention aussi instantanée qu’improbable envers les difficultés des milieux populaires et des jeunes. Je suis disposé à croire en leur retour vers les fondamentaux de la gauche et du socialisme... mais pour que cela marche, je suis cependant certain que Benoît Hamon va devoir clarifier ses engagements politiques pour tenir compte de la déception des votants Hollande de 2012.

A1) Clarifier les engagements politiques

Benoît Hamon s’est imposé comme leader de la gauche du PS depuis trois ans en étant à la fois dans le Parti Socialiste et même dans le gouvernement mais aussi parmi les frondeurs. Il s’est imposé durant les primaires en utilisant une partie importante du programme de Mélenchon tout en restant compatible avec la direction nationale du PS. En gros, il a validé le proverbe selon lequel on ne sort de ses ambigüités qu’à ses dépens.

Le monde réel exige bien plus de cohérence pour les dirigeants politiques. François Hollande, aussi avait bien passé les primaires puis la présidentielle elle-même. C’est lors des choix dans le monde réel qu’il a totalement renié sa synthèse électoraliste.

Les choix très importants à opérer dans l’année qui vient ne laisseront pas place à l’astuce politicienne et demandent de la cohérence :

- Affronter les défis du réchauffement climatique et de la transition énergétique demandera une volonté politique jusqu’à présent trop évanescente chez Benoît Hamon

- Recréer une souveraineté populaire réelle dans le cadre d’une sixième république demandera une volonté politique appuyée sur une mobilisation citoyenne importante. Sans Assemblée constituante comme le propose Jean-Luc Mélenchon, ce projet n’est qu’une affiche électoraliste porteuse dans l’électorat de gauche.

- Lorsque la France devra donner sa position définitive sur le CETA (traité de libre-échange), il faudra une cohérence politique sans faille sinon La France mènera seulement un petit baroud d’honneur pour sauver la face devant les électeurs de gauche.

- Sur le nouveau traité européen, Benoît Hamon devra faire preuve d’une compréhension de la dynamique des traités européens qui ne l’habitait pas récemment lorsqu’il soutenait la signature du Traité de Lisbonne.

- Face aux logiques du capitalisme et de l’Union européenne qui ont imposé les lois retraite, le CICE et la loi El Khomri, Benoît Hamon va s’évaporer comme François Hollande s’il n’est pas capable maintenant de faire voter par les parlementaires socialistes l’abrogation de la loi dite Travail.

A2) Convaincre une majorité de Français

Leur déception suite au dernier quinquennat est profonde. Le président de la république lui-même a préféré renoncer en raison de son manque de soutien dans l’opinion, y compris de gauche. Jusqu’à présent, le candidat socialiste (quel qu’il soit) est resté dans les sondages à 10% maximum des intentions de vote. En janvier 2017 pour les "primaires", un quart des votants s’affirme proche du "Front de Gauche" et sont venus voter pour éliminer Valls. Au moins 1 million des 2 860 157 votants des primaires socialistes de 2011 ont choisi de ne pas se rendre aux urnes de ce mois de janvier 2017.

Le battage médiatique autour de la primaire, le sondage probablement bidouillé sorti le dimanche soir peuvent créer une ébullition médiatique conjoncturelle ; pour convaincre les Français de tenter un nouveau quinquennat avec le PS, il faudra des preuves réelles d’un changement. Hier soir, je n’ai entendu que des déclarations d’intention.

Je suis disposé à croire en leur attention instantanée ce soir-là envers les difficultés des milieux populaires et des jeunes. Je suis disposé à croire en leur retour vers les fondamentaux de la gauche et du socialisme... mais pour que j’y engage toute ma détermination, j’ai besoin d’assurances car je ne veux pas tromper les personnes qui me font confiance.

S’il ne s’agissait que de moi... passe. Mais le besoin d’assurances touche une part importante des milieux populaires et de l’électorat de gauche. Ils ne supportent plus l’électoralisme politicien pour lequel les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Hier soir, des souvenirs remontaient nécessairement de la mémoire : par exemple Ségolène Royal en 2007 sur les luttes populaires depuis Spartacus, par exemple François Hollande en 2012 sur "mon ennemi la finance".

A3) Le temps presse

Oui, le temps presse. Benoît Hamon parle d’unité pour gagner et faire appliquer son programme mais ne donne aucun élément concret permettant de le croire. Peut-être veut-il à la fois gagner les intentions de vote pour Mélenchon tout en faisant marcher avec lui les élus proches de manuel valls et Emmanuel Macron ?

Oui, le temps presse. En juin 2016, les "frondeurs" ont validé à l’unanimité dans le Conseil national du PS la date de leurs primaires fin janvier 2017 ; à mon avis, ils choisissaient ainsi une tactique électoraliste pour seulement jouer le prétendu "vote utile" alors qu’une unité de la gauche pour 2017 aurait demandé un processus autrement plus sérieux. C’est en votant la motion de censure contre la loi El Khomri qu’il aurait fallu se rendre crédible pour rassembler la gauche sur une orientation de gauche en ayant le temps de bâtir un programme pour une majorité gouvernementale.

Je ne suis pas né d’hier. En voyant par exemple François Lamy parader aux côtés de Benoît Hamon lors de cet appel à "rassembler la gauche", j’ai eu seulement l’impression de revivre les appels électoralistes au "vote utile pour le PS". Si tel n’est pas le cas, le Parti socialiste va devoir rapidement clarifier son bilan depuis 2012 et son programme pour 2017. J’attends avec espoir et perplexité.

Je voudrais pour conclure prendre un pari. Si Benoît Hamon n’a avancé un programme "gauche" que pour gagner la primaire, sauver les parlementaires PS lors des législatives et marquer un rapport de force interne au PS, il va privilégier dans les jours qui viennent une compréhension mutuelle avec Valls, Hollande, Cazeneuve, Cambadélis, les parlementaires... S’il veut vraiment contribuer à gagner les présidentielles sur une orientation de gauche, il donnera au contraire les preuves de sa volonté.

Jacques Serieys

A) La vraie campagne commence (Eric Coquerel, PG)

La défaite écrasante de Manuel Valls à la primaire du PS est une bonne nouvelle. Le vent de l’insoumission est si fort dans le pays qu’il a même secoué cette consultation socialiste. Celui qui a joué le premier rôle dans l’application de la politique libérale et austéritaire est ainsi dégagé comme Sarkozy l’a été avant lui dans la primaire des républicains.

Lundi débute la vraie campagne électorale. Dans la primaire, Benoit Hamon était le bulletin permettant de châtier la politique gouvernementale. Désormais il sera le candidat du Parti Socialiste aux affaires depuis cinq ans. A l’entendre, il est décidé à maintenir sa candidature quoi qu’il arrive. Il pourrait dans ce cas porter une lourde responsabilité pour la suite.

Car sa désignation ne change pas l’équation de cette élection. Ceux qui restent au milieu du gué seront emportés, il faut aller au bout de l’insoumission. Seule une politique en rupture avec celles menées par le gouvernement Hollande/Valls/Macron peut fédérer le peuple sur un projet progressiste. Fort de son programme l’avenir en commun et de la cohérence de sa position depuis cinq ans, Jean-Luc Mélenchon est ce candidat capable de gagner.

B) Le PCF prendra dès demain de nouvelles initiatives dans la construction d’une gauche anti austérité pour faire renaitre l’espoir

Le résultat du second tour des primaires organisées par le PS confirme, avec la très nette défaite de Manuel Valls, le rejet du quinquennat. La victoire de Benoit Hamon, avec des propositions s’inscrivant dans le débat pour une alternative de gauche au Hollandisme, est donc une bonne nouvelle pour la gauche toute entière.

Au cours des derniers mois, le PCF et son secrétaire national n’ont cessé de proposer des dialogues, des échanges et des passerelles pour faire converger le plus de forces possibles vers des solutions et un rassemblement de gauche face à la droite et au FN. En soutenant Jean-Luc Melenchon, le PCF s’est engagé dans la construction d’une gauche anti austérité pour faire renaitre l’espoir.

L’intensification du débat à gauche pour des solutions de rupture avec la crise du capitalisme financier est plus que jamais à l’ordre du jour. Le PCF prendra dès demain de nouvelles initiatives en ce sens.

Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF,

C) Pour désigner son candidat le PS a préféré nos mots à ceux de son propre gouvernement (Jean-Luc Mélenchon)

Le candidat de la France insoumise a exprimé sa "satisfaction" dans une note publiée sur Facebook, que Benoît Hamon ait "chanté des paroles si proches des nôtres" car, explique-t-il, "dans le combat politique, il est essentiel de commencer par l’élargissement de la surface d’usage des mots que vous employez".

"Pour moi, sixième République, planification écologique, indépendance de la France, couvrent désormais un champ plus large que celui qu’ils occupaient lorsque nous étions seuls à les prononcer", poursuit celui qui a opposé jeudi dernier une nette fin de non-recevoir à toute idée d’un rassemblement avec M. Hamon si ce dernier l’emportait dimanche.

"Que pour désigner son candidat le PS ait préféré nos mots à ceux de son propre gouvernement est un fait qui donnera ses fruits le moment venu", se félicite-t-il, y voyant la preuve de l’"hégémonie culturelle" de son programme, "l’Avenir en commun". "À présent les gens sérieux, qui sont les plus nombreux, s’intéresseront au contenu, à la cohérence du programme qui se déduit de ces mots", estime-t-il.

"C’est à nous qui avons porté ce choix tant d’années d’être à la hauteur pour le rendre victorieux, la campagne des +Insoumis+, et ma candidature sont là pour cela. Rien que pour cela", conclut M. Mélenchon.


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