Paradis Papers : Whirlpool épinglé, Ruffin et les salariés d’Amiens ne sont pas surpris

samedi 11 novembre 2017.
 

Au cœur de la dernière présidentielle suite à l’annonce de la délocalisation de son usine d’Amiens en Pologne, Whirlpool est cité dans les révélations des Paradise Papers. Le groupe américain fait tout pour payer le moins d’impôts. A Amiens les salariés ne sont pas surpris par ces révélations.

C’est l’une des révélations du jour des "Paradise Papers". Whirlpool est épinglé par le consortium international de journalistes qui comprend la cellule d’investigation de Radio France. Des documents épluchés par les médias depuis janvier, il ressort que le groupe américain, fabricant de sèche-linge fait tout pour payer le moins d’impôts possible.

"C’est un sport national", réagit sans surprise l’un des ouvriers du fabricant d’électroménager croisé sur le parking du site industriel amiénois. "Payer le moins d’impôts possible et dégager un maximum de bénéfices, c’est bien ce qui a, selon Frédéric motivé le transfert de la production en Pologne". "Tout est bon pour faire de l’argent", poursuit-il, fataliste. En 2015 et 2016 Whirlpool a bénéficié d’un million et demi d’euros de subventions au titre du Crédit Impôts Compétitivité Emploi. "Ils ont récupéré du pognon ici et ils nous laissent comme des merdes. Si ils se font gauler, c’est bien fait pour leurs pattes", réagit amèrement Franck.

La stratégie de Whirlpool : optimiser ses mouvements financiers internes en faisant circuler des centaines de millions d’euros en argent liquide entre des sociétés dîtes boîtes aux lettres dans des paradis fiscaux, ce qui lui permet de réduire son impôt. Parmi les montages sophistiqués mis en place, les prêts entre filiales. Une filiale qui emprunte de l’argent peut déduire de son résultat imposable le montant des intérêts versés au prêteur. Si ce même organisme de prêt est basé dans un paradis fiscal, il sera exonéré d’impôts.

Face aux dispositifs mis en place par les pays qui luttent contre l’évasion fiscale, Whirlpool a aussi fait plancher, en 2015, plusieurs cabinets d’affaires sur un projet de circulation de cash, dont la finalité est de faire remonter l’argent vers la maison mère, aux États-Unis. Ce projet confidentiel en quatre étapes impliquait treize entités du groupe dans neuf pays à travers le monde avec un passage de cash via le Luxembourg, les Bermudes et l’île Maurice.

Le député Picardie Debout soutenu par la France Insoumise, François Ruffin n’est pas non plus surpris par ses révélations. L’élu samarien dénonce en revanche l’absence de réactions au sein de l’ensemble de la classe politique. "Il y a eu les Panama Papers, aujourd’hui les Paradises Papers mais la réaction des politiques est pour le moins très faible" s’étonne François Ruffin pour qui aujourd’hui "il faut mettre en place des sanctions financières à l’encontre de ces grands groupes". "L’interdiction des produits sur le territoire français, c’est une possibilité au moins à poser". Le député veut mettre "une pression maximale sur ces entreprises qui ne respectent ni ces hommes qu’ils font travailler et qu’ils jettent ensuite, ni les contribuables du pays où ils prétendent vendre leurs produits".

"En tant que société cotée, nous avons la responsabilité vis-à-vis de nos actionnaires de mener au mieux notre activité et de leur fournir un retour sur investissement", ont déclaré dans un communiqué les dirigeants de Whirlpool. L’entreprise américaine cessera son activité à Amiens en juin 2018. Le site picard est repris par l’entrepreneur d’Abbeville Nicolas Decayeux et son groupe W.N.

Par François Sauvestre et Elodie Touchais, France Bleu Picardie mardi 7 novembre 2017


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