Au cinéma ce soir, un anniversaire : il y a 25 ans disparaissait Romy Schneider

mardi 29 mai 2007.
 

Le jour de sa mort, il y a exactement 25 ans, les journaux titraient « La fin d’un conte de fées. » Les imbéciles !

Qui l’a vue dans « L’important c’est d’aimer » sait que le conte de fées c’est juste pour le papier glacé. 25 ans sans la voir vieillir, sans savoir comment elle aurait abordé le temps des plus jamais, toutes les questions sans réponses qu’on se pose toujours pour celles qui sont parties si jeunes (pareil pour Marilyn).

Romy, c’était autre chose. Tout sauf une star. On avait l’impression qu’on la connaissait, que c’était une espèce de grande cousine qu’on voyait de temps en temps entre deux, et qui changeait, comme nous, finalement. Alors, bien sûr, pour encore plein de monde (merci la télé de Noël...) elle est Sissi. On ne saura jamais à quel point elle était Sissi... Le même destin tragique, la perte d’un enfant, l’errance et les hommes, l’anorexie pour l’une, et pour l’autre... Va savoir... L’une assassinée, l’autre aussi, par la vie. Et d’ailleurs, Visconti a fait un magnifique pied de nez à la légende en lui faisant reprendre le rôle, 17 ans plus tard, dans le « Crépuscule des Dieux », sans chantilly, sans valses sirupeuses cette fois, la vraie Sissi, l’impératrice nomade, dans toute sa douleur et ses fantômes.

Alors, puisque ici, c’est notre avis qu’on donne, allons-y. Celle que je préfère, c’est la Romy des films de Sautet. Revu tout ça il y a peu, tous les cinq. « Les Choses de la Vie », souvenez-vous, lorsqu’elle dit à Piccoli, qui veut l’emmener sur son île : « Je ne veux pas d’une île qui a déjà servi... », avec cet accent inimitable (et heureusement) qui la faisait unique, et inimitable... dans le même, ce mouvement de tête qui se penche lorsque Piccoli, toujours lui, mord dans les cerises qu’elle porte aux oreilles. Si on cherche la définition du mot « grâce » c’est là qu’il faut aller.

Un autre ? La dernière image de « César et Rosalie », elle est partie, puis elle revient. Les deux hommes de sa vie sont attablés. Ils la voient pousser la grille et l’image se fige, les couleurs se succèdent en fondu-enchaîné, et toujours le sourire de Romy qui semble planer, comme celui du chat d’Alice, comme dans un rêve. C’est Romy.

Encore ? « Une histoire simple », où elle est une femme libre, prise entre deux amours, entre deux histoires, entre deux hommes, entre deux vies possibles, et elle choisira. Elle choisira l’enfant qu’elle attend.

Quoi d’autre ? Un autre morceau d’anthologie, dans « Le Vieux Fusil » de Robert Enrico. Un film très dur, très noir, d’une brutalité absolue, mais la guerre est la brutalité absolue... Avec pourtant, là au milieu, une pépite. Ils sont au café, lui, c’est Noiret. Elle porte un chapeau à voilette et elle la soulève pour boire un peu. Il la regarde, fasciné, le regard de Noiret, ça c’était quelque chose, aussi... Et il lui dit qu’il l’aime, comme ça, il la connaît depuis un quart d’heure. Ils sont l’incarnation du mot « coup de foudre ». Voyez ça, vous ne pourrez plus jamais dire que ça n’existe pas. Elle suspend son geste, et ses yeux s’illuminent, dans un rire de cristal, derrière lequel on entend une fêlure, une faille, quelque chose de tragique, comme une prémonition. C’est Romy.

Si le cinéma a été inventé, c’est pour que nous puissions dire aujourd’hui, 25 ans après, que Romy Schneider, c’est pour toujours la plus émouvante, la plus fragile, la plus forte, la plus belle, la plus merveilleuse. Le cinéma, ça sert à aimer Romy. Le cinéma, ça lui servait à oublier cette vie de folle qu’elle menait, pour ne plus penser aux drames, aux hommes qui partent, aux verres qu’on vide et qui ne règlent rien. Le cinéma a fait au monde un cadeau magique. C’était Romy.

brigitte blang prs 57


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