Calendrier, mois, semaines et jours

mardi 16 avril 2024.
 

Durant des dizaines de milliers d’années, nos ancêtres ont dépendu de la nature pour survivre. De nombreux peuples nomadisaient en fonction de la saison. Cela nécessitait la connaissance sommaire du calendrier annuel.

A partir du néolithique, la survie de l’espèce reposait sur le travail de la terre ; or, celui-ci nécessite une connaissance du cycle solaire annuel pour prévoir les dates de semailles, de repiquage, de moisson, de taille...

Ainsi, la division de l’année en saisons, mois, semaines et jours a progressé d’une façon de plus en plus précise.

1) Calendriers de la Chine protohistorique à aujourd’hui

Le concept de mode de production asiatique ( dit aussi étatique ou tributaire) donne un éclairage global sur les grands foyers de civilisation protohistoriques, fondés sur l’existence de villages agricoles payant un tribut à l’Etat responsable des grands travaux et de la protection contre les nomades.

Le mode de production asiatique

C’est ainsi que des calendriers se sont affinés très tôt :

* en Chine (2637 avant notre ère, d’après la légende) : année basée sur le cycle du soleil mais divisée en douze mois lunaires de 29 ou 30 jours. Chaque mois commençait avec l’apparition du croissant de lune. Cette année ne comptant que 354 jours, il fallait ajouter régulièrement un mois supplémentaire intercalé après le 5ème mois lunaire.

* en Mésopotamie (Irak actuel) grâce en particulier aux astronomes chaldéens. Leur calendrier ressemble à celui des Chinois avec une année solaire (temps de rotation de la Terre autour du Soleil) et 12 mois lunaires (temps de rotation de la Lune autour de la Terre) de 29 ou 30 jours. Nous devons aux Chaldéens la semaine de sept jours (six de travail, un de repos). C’est le babylonien Hammourabi qui a imposé au 18ème siècle avant notre ère le même calendrier dans toutes les régions de l’Euphrate et du Tigre, celui de la ville de Nippur construit sur douze mois lunaires auquel était ajouté un mois supplémentaire certaines années pour tenir compte du décalage de 11 jours entre le cycle solaire annuel et les douze lunaisons. Ce type de calendrier est appelé lunisolaire.

* en Egypte où naît un calendrier strictement solaire comptant douze mois de 30 jours avec un complément de 5 jours permettant au calendrier de correspondre au cycle solaire. La division de l’année en saisons date également des Egyptiens (Inondation de juillet à novembre, Germination de novembre à mars, Sécheresse de mars à juillet)

Plusieurs peuples de l’Antiquité comme les Grecs et les Hébreux utilisaient un calendrier emprunté aux Chaldéens, ajoutant de temps en temps un treizième mois lunaire pour compenser la différence entre la durée du cycle solaire et celle de douze cycles lunaires. Cela explique la complexité du cycle religieux juif qui compte sept années de 13 mois par cycle de 19 années.

Les Romains ont longtemps utilisé des calendriers sommaires :

- celui dit de Romulus. L’année commençait le 1er mars et comptait dix mois (soit 304 à 305 jours). De la fin décembre au début de l’année on arrêtait de compter les jours en attendant la première lune de printemps (calendes de mars).

- celui attribué à Numa Pompilius (7ème roi de Rome) qui ajoute les mois de janvier et février. L’année comptant alors 355 jours, on ajoutait un "mois intercalaire" tous les 4 ans entre janvier et février.

Peu à peu le calendrier romain se décala dans l’année (oubli de certains mois intercalaires...), vit ses calendes, nones et ides supplantées par la semaine chaldéenne. Aussi, Jules César fit appel à un astronome égyptien, Sosigène d’Alexandrie, pour créer et imposer en 45 avant notre ère un calendrier stable, adapté au cycle solaire. C’est alors qu’apparaît l’année de 365 jours auxquels s’ajoutent un 366ème lors des années bissextiles (tous les quatre ans).

Cependant, ce calendrier julien reposait sur un calcul légèrement erroné : une année moyenne de 365,25 jours, soit douze minutes de plus que la réalité. Le pape Grégoire XIII imposa la modification nécessaire en 1582 ; c’est ce calendrier "grégorien" que nous utilisons encore aujourd’hui.

Au VIIe siècle après Jésus-Christ, les Arabes, peuple de pasteurs et de nomades, n’avaient pas les mêmes soucis que les paysans sédentaires juifs de sorte que le prophète de l’islam, Mahomet, put leur imposer un calendrier lunaire strict. Encore aujourd’hui, les fêtes musulmanes sont, d’année en année, décalées de dix à onze jours par rapport aux saisons, ce qui n’est pas pratique pour les travaux agricoles, jamais programmés à la même date, ni pour le jeûne rituel du Ramadan, qui tombe tantôt en hiver, tantôt en été.

Les calendriers des peuples nomades ont toujours été liés aux cycles lunaires et moins stables que ceux des civilisations agricoles. Tel est celui de l’Islam créé par Mahomet au 7ème siècle. Ainsi, le jeûne du ramadan se pratique tantôt en été, tantôt en hiver.

Le calendrier annuel chrétien hérite du calendrier solaire romain amélioré sous Auguste pour certaines célébrations (Noël au 25 décembre, Epiphanie au 6 janvier...). Il conserve cependant des aspects lunisolaires dus aux racines juives pour d’autres : la date de Pâques fixée au concile de Nicée à la première pleine lune après l’équinoxe de printemps entraîne la mobilité de fêtes comme l’Ascension et Pentecôte.

2) Les noms de mois

2A) Sur les noms des mois

Les noms des douze mois correspondent :

* soit à des divinités (Mars, Aphrodite, Maïa, Janus, Februa),

* soit à leur place dans une année commençant en mars (7ème septembre, 8ème octobre, 9ème novembre, 10ème décembre).

* soit aux deux grandes figures de la Rome antique, César et Auguste. Le 5ème mois (Quintilis) devint celui de Jules César (juillet), puis le 6ème (Sextilis) celui d’Auguste (août).

2B) Sur le mois de janvier

Le nom du mois de janvier vient du dieu Janus : januarius.

L’encyclopédie en ligne Wikipedia donne les informations suivantes quant à l’origine de ce Dieu : "Janus est une divinité romaine veillant sur les ouvertures : ouverture de l’année, de la guerre (les portes de son temple étaient fermées quand Rome était en paix). Les mythologues ne sont pas d’accord sur son origine[1]. Les uns le font Scythe ; les autres, originaire du pays des Perrhèbes, peuple de Thessalie ; enfin, d’autres en font un fils d’Apollon et de Créuse, fille d’Érechtée, roi d’Athènes, ce qui ferait de lui un parfait équivalent latin du héros grec Ion, fils traditionnel d’Apollon et de cette princesse athénienne (sources : divers auteurs grecs). Devenu grand, Janus, ayant équipé une flotte, aborda en Italie, y fit des conquêtes et bâtit une ville qu’il appela de son nom Janicule. Toutes ces origines sont obscures et confondues. Mais la légende le fait régner, dès les premiers âges, dans le Latium. Saturne, chassé du ciel, se réfugia dans ce pays, et fut accueilli par Janus qui même l’associa à sa royauté".

Cet article concernant Janus est surprenant. J’ai toujours cru les spécialistes qui donnent une origine très ancienne à ce Dieu, dans le cadre des civilisations protohistoriques de la Méditerranée occidentale. Janus représente le Dieu des origines, le Dieu du début de l’Univers, le Dieu du chaos primordial d’où tout est né.

Dans la mythologie romaine, il est d’ailleurs considéré comme le Dieu des premiers âges dans le Latium. Aussi, c’est lui qui accueille Saturne chassé du ciel. D’après Ovide, lorsque l’Univers commença à naître, que l’air, l’eau, la terre et le feu furent séparés, apparut un Dieu : Janus. A Rome, il figure toujours en tête de tous les dieux.

Principal dieu de civilisations comme celle des Ligures, il n’est pas étonnant de retrouver ce nom pour désigner des hauteurs comme le mont Janus dans les Alpes.

Cependant le Dieu Janus était essentiellement associé au Soleil, dieu habituel des religions naturelles. Aussi, l’association du nom Janus avec la racine Djan, Dian, Djes, Dies signifiant le jour, la lumière me paraît également justifiée et intéressante.

3) Semaines et jours

Dans la semaine de sept jours codifiée en 1562, les noms des jours correspondent à des divinités (ayant déjà servi à désigner des astres) :

- lundi pour la Lune,

- mardi pour Mars,

- Mercredi pour Mercure,

- Jeudi pour Jupiter,

- Vendredi pour Vénus,

- Samedi pour Saturne.

- Le 7ème jour, le plus important, était celui du Soleil ; cette dénomination est conservée, par exemple en anglais (sunday) et en allemand (sonntag). Dimanche vient du latin dies dominicus (jour du Seigneur).

Les calendriers chrétiens reposent sur la correspondance entre un jour et la fête d’un saint particulier.

Jacques Serieys


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