Message en forum sur notre site par Marc Jutier, l’auteur des "108 propositions" bovétistes : Appel pour l’union des mouvements populaires et socialistes

mardi 7 août 2007.
 

Nous avons reçu ce texte "Pour la Création d’une nouvelle force politique à ambition majoritaire sur la base de Comité Citoyen Autonome (CCA)" en Réponse à l’article Contribution d’animateurs et militants des Comités Unitaires Avec Bové : La campagne Bové n’a pas répondu à nos attentes "Il reste possible de construire le parti de la gauche de transformation sociale".

Ayant pris l’habitude de mettre en ligne en page d’accueil les textes de forum, nous faisons de même pour celui-ci. Il aborde la question de la création d’une nouvelle force politique ; sur ce sujet, nous replaçons en "une" la sixième partie de la résolution votée par le Conseil national de PRS.


Pour la Création d’une nouvelle force politique à ambition majoritaire sur la base de Comité Citoyen Autonome (CCA)

L’accentuation de la dérive social-libérale centriste du PS appelle autre chose que la construction d’une nouvelle petite force supplémentaire à la gauche de la gauche. C’est bien un nouveau grand parti de gauche, une nouvelle force politique à ambition majoritaire véritablement socialiste, qu’il nous faut construire. Pour contrer la tendance au bipartisme et le recentrage social-libéral de la gauche, il ne suffira pas de construire une nouvelle petite formation à gauche de la gauche, version protestataire ou version aiguillon du social-libéralisme. Il faut viser plus grand et plus large.

On est certain depuis 1983 que l’on ne peut pas compter sur le PS pour proposer une véritable alternative à l’idéologie dominante de la marchandisation du monde. Revenons à Jaurès. A ses yeux, le socialisme devait être l’achèvement de la Révolution commencée en 1789. Il adhérait pleinement à l’idée centrale du socialisme, qui était la substitution, à une société fondée sur « la propriété individuelle et capitaliste, qui assure la domination d’une partie des hommes sur les autres hommes », d’une société égalitaire et finalement communiste, « un système d’universelle coopération sociale qui, de tout homme fasse, de droit, un associé ».

Le mouvement d’émancipation humaine qu’aurait pu être le communisme est historiquement la base de ce mouvement, mais il doit s’enrichir, se mixer et même se fondre dans un creuset commun des réflexions et des cultures de toute l’humanité. Depuis la publication des écrits de Marx, la société a évidemment beaucoup évolué, la pensée aussi.

Le Congrès de Tours et les 21 conditions de Lénine sont maintenant très loin ! Les rivalités entre ceux qui croient que l’Etat exprime une classe - la bourgeoisie - et ceux qui croient qu’il exprime un rapport des classes ou le rapport de leur force font partie de l’Histoire. De toute façon, qui peut penser sérieusement qu’un vrai changement de régime - une nouvelle Révolution - puisse se faire autrement que démocratiquement ? Nous sommes tous pour la République.

Le socialisme a tout intérêt de s’enrichir de philosophies extérieures au paradigme occidental. Je pense plus précisément à la non-violence de Gandhi. La réflexion socialiste ne peut pas non plus ignorer les penseurs de l’écologie politique, tels que René Dumont, Teddy Goldsmith, André Gorz, Ivan Illich, Serge Latouche, François Partant, Henryk Skolimowski ...

Ayons le courage de créer un nouveau parti qui fasse table rase de l’échec du socialisme réel et de la dictature du prolétariat. Ayons la détermination de proposer aux Français un projet de société vraiment socialiste, ce que le PCF ne fait malheureusement même plus aujourd’hui. On voit bien à quoi peut mener une acceptation des règles du jeu capitaliste. Les dirigeants du PS sont dans une phase de vide idéologique. Ils ne sont plus qu’une assemblée de loups, d’éléphants et de jeunes lions sans convictions qui cherchent comment manipuler l’opinion afin de reconquérir le pouvoir.

La plate-forme programmatique commune se doit d’être un projet de société véritablement alternatif au capitalisme. Le programme véritablement socialiste que nous devons construire ensemble, doit s’enrichir de réflexions sur les dégâts de la civilisation industrielle, sur l’absurdité d’une vision du monde purement matérialiste. Une vision de l’homme plus globale doit être envisagée. Et on ne peut pas lutter efficacement contre le capitalisme si l’on n’informe pas nos concitoyens sur la mystification monétaire, l’immense escroquerie de la finance internationale.

La base même de ce projet doit donc inclure une ré appropriation du contrôle de la monnaie et une éducation du peuple à propos de l’outil de mobilisation de l’énergie humaine. Car sans capacité de battre monnaie et sans une compréhension fondamentale de l’outil monétaire par le peuple, le pouvoir politique n’est que la marionnette de la finance internationale. Ce premier point implique une abrogation du traité de Maastricht, un retour de la Banque de France et du franc ainsi qu’une nationalisation des banques. Les autres mesures à mettre en place : le revenu citoyen d’existence, la nationalisation de toutes les entreprises cotées en Bourse, la dissolution de la Bourse des valeurs mobilières ainsi que toutes autres mesures qui s’imposent par le bon sens pour le bien commun aux niveaux écologique, sanitaire, agricoles, éducatif, administratif, judiciaire... seront discutées abondamment d’ici 2012 par les militants puis par tous les Français durant les prochaines pré-campagnes électorales nationales.

Pour nous rendre crédibles auprès de la population la plus proche des idées progressistes, il faudrait faire la distinction entre objectif et programme. Les Français sont conscients du fait que le capitalisme fait du tort à la grande majorité des citoyens, des peuples et de la planète, mais ils ne croient pas qu’il est possible de faire autrement et les médias sont là pour le leur fait croire. Ils nous considèrent comme des utopistes, des doux rêveurs qui croient encore à l’être humain. Notre rôle devrait être de faire comprendre que nos objectifs ne seraient atteints que par étapes, et que nous ne pouvions que nommer les quelques premières, la suite étant tributaire de l’implication des citoyens et des peuples du monde.

Il nous faudra donc insister sur la notion d’étapes, de processus et de priorités, en montrant les liens avec nos objectifs. Il nous faut convaincre que nos étapes sont réfléchies, calculées et réalistes.

Une des conditions pour organiser un mouvement populaire qui soit en ordre de bataille pour affronter les échéances électorales de 2012 est de se débarrasser de cette vision hypocrite et défaitiste qui consiste à tenir un discours plus ou moins révolutionnaire et à ensuite courir après le PS pour obtenir un strapontin. Nous n’accepterons de négocier avec le PS que si nous sommes en position de force.

Il nous faut croire que c’est possible, que l’on peut gagner. Sinon, il vaut mieux rester couché et laisser ces pharisiens du PS abreuver le peuple de sa démagogie.

Une autre condition c’est que le PCF accepte de se dissoudre dans ce mouvement populaire et citoyen. La LCR, les Verts et les Alternatifs seront obligés de suivre par la force des choses (c’est au plus gros de ce lancer !). Nous sommes des dizaines de milliers de citoyens qui n’attendent que cela. Des déçus des Verts, des unitaires de la LCR, des altermondialistes et même des bouddhistes-marxistes-écologistes comme l’auteur de ce texte seraient enchantés de participer à cette nouvelle aventure que serait la création du premier parti politique vraiment novateur de ce troisième millénaire. Poursuivre dans la voie des concurrences et de l’éparpillement, amènerait à se résigner à l’inexistence politique. D’ailleurs, si le PCF comme les autres petits partis de gauche n’acceptent pas de se dissoudre, on pourra très légitimement se demander si leurs dirigeants, ne font pas passer leur petit intérêt personnel avant le bien commun, l’intérêt général.

C’est donc bien du courage, de la sagesse, de l’abnégation et de la détermination qu’ils nous faut pour gagner en 2012.

Notre objectif, ne l’oublions pas, c’est de gouverner pour mettre en place un projet véritablement alternatif au capitalisme. Pour cela il nous faut faire naître un parti, un mouvement, une force politique structurée qui puisse négocier avec le PS dans un rapport de force à notre avantage.

Notre objectif est d’être rassembler et unis derrière un candidat unique à l’élection présidentielle et des candidatures unifiées aux législatives en 2012.

Le rassemblement au niveau national pourrait s’appeler Union des mouvements citoyens socialistes (UMCS) ou Union des mouvements populaires et socialistes (UMPS). Juste pour faire un pied de nez aux deux partis qui détiennent 90 % des sièges à l’Assemblée nationale !

Au capitalisme mondialisé ne peut s’opposer qu’un internationalisme. En outre, compte tenu de la diversité des luttes altermondialistes, comment construire une alternative commune ? La base même, c’est la souveraineté populaire, l’appartenance à un peuple. Ils nous faut partir de l’identité humaine des peuples qui composent les Etats pour défendre l’intérêt universel des droits de l’homme contre celui des transnationales de droit privé.

Pour recueillir l’adhésion populaire et donc une majorité aux élections, il ne faut pas, bien que le combat contre la mondialisation libérale soit un combat international, nier l’identité nationale qui est un repère pour le peuple afin de résister et construire de nouveaux modèles du vivre ensemble sur un territoire. Mais gardons-nous, bien sûr, de tomber dans l’étroitesse d’esprit du nationalisme qui consiste à caresser dans le sens du poil les idées et les émotions les plus simplistes. L’identité de la France, debout, devant le monde, c’est celle de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, d’une conception universelle de l’identité humaine, sans critère de naissance ou de fortune.

C’est au peuple français de trouver les solutions particulières qui correspondent à sa culture, à son histoire, à son territoire. Et de toute façon, il n’est pas possible de lutter contre la mondialisation financière sans un réel pouvoir qui puisse s’opposer fermement aux transnationales, aux fonds de pensions, au pouvoir financier mondialisé.

Ce nouveau socialisme, ce socialisme du XXIe siècle finira par devenir, tôt ou tard, majoritaire dans ce pays. Et peut-être plus tôt que prévu ! L’Histoire nous réserve parfois la surprise de soudains retournements ! Qui aurait pu imaginer la Révolution en 1785 ou la crise des années 30 en 1925 ? Même si le capitalisme apparaît aujourd’hui comme indépassable à la plupart de nos concitoyens, il s’agit d’avoir une vision historique un peu plus large pour déceler que le capitalisme finira par n’être qu’une petite parenthèse de l’histoire de l’humanité.

Le 18 juin dernier, j’ai fait une proposition de texte pour un appel à la création d’un parti, mouvement, rassemblement, véritablement socialiste, écologiste et altermondialiste, à faire circuler parmi les militants du PCF, de la LCR, des Verts, d’Alter Ekolo, des Objecteurs de croissance, d’Attac, des collectifs unitaires antilibéraux, des Alternatifs...et de tous ceux qui n’ont pas renoncé à construire un projet alternatif au capitalisme. J’ai proposé le titre suivant : Appel pour l’union des mouvements populaires et socialistes (Disponible sur :www.jutier.net). Je vous invite à l’amender, à l’adapter ou à en écrire un autre et à le diffuser.

Autonomie des comités citoyens et organisation de la primaire pour la présidentielle de 2012.

Je crois, comme Claude Debons, que la seule option susceptible de redonner du pluralisme et de l’unité aux collectifs locaux, que j’appellerais plus volontiers « Comité Citoyen Autonome (CCA) », c’est de garantir leur autonomie locale la plus large avec un cadre national d ‘échange très souple (et non une structure pyramidale avec un secrétariat devenu aujourd’hui un nouveau collectif national de fait et demain une direction politique). Donc, sur les bases des collectifs unitaires pour un rassemblement antilibéral de gauche, il s’agit de construire des entités indépendante et souveraine, des comités citoyen autonome (CCA). Ces CCAs devraient se « constituer formellement », c’est à dire par une inscription et une cotisation annuelle de 5 ou 10 € par an et par personne. Il n’est pas nécessaire, pour autant, de leur donner un cadre associatif (loi 1901). Ces CCAs devraient correspondre au territoire de la circonscription électorale législative et auraient toute latitude pour désigner ses candidats aux élections cantonales et législatives. Les membres seraient libres d’être encartés dans n’importe quel parti de gauche. Mais quel est l’intérêt d’être encarté dans des partis qui n’ont pas d’avenir et qui vont se dissoudre ! L’objectif est d’atteindre une moyenne de 360 membres par CCA et ainsi de pouvoir annoncer aux médias et à la France un parti de 200 000 militants.

La primaire pour la présidentielle de 2012 (la campagne interne et les scrutins) pourrait être organisée en 2011 voir même fin 2010. Plus la désignation du candidat se fera tôt, plus le candidat aura le temps de faire une pré-campagne suffisamment longue pour se faire connaître dans toutes les circonscriptions et de tous les Français.

Si nous disposons de CCA constitués ; seul leurs membres dûment enregistrés - avant janvier 2010 par exemple - pourront voter lors de cette primaire. Et je ne vois pas comment on pourrait procéder autrement si on veut un candidat légitime et incontestable. Le double consensus, quelle blague ! De la même façon, les membres regroupés dans leurs CCAs éliront leur représentant et il n’y aura donc pas de parachutage possible pour les élections législatives.

Conclusion

Il n’est jamais trop tard, mais il est grand temps de changer de cap ! Cela ne sera pas facile, mais si nous acceptons de nous écouter les uns et les autres, sans toujours penser être les seuls, dans chacun de nos petits clans, à détenir la vérité, sans toujours manipuler nos camarades des autres clans, alors un beau projet, un nouveau paradigme, une grande idée, une vision pour le futur de la France et du genre humain est possible.

La France pourrait, comme il y a un peu plus de deux siècles, montrer l’exemple d’un changement radical de régime. La France, terre d’accueil, de tolérance et d’échange, territoire relativement homogène aux niveaux linguistique, historique, géographique et culturelle pourrait être le théâtre d’une vraie révolution non-violente, d’une révolution profonde des rapports sociaux et de notre relation à la nature. L’avenir nous appartient. L’avenir sera ce que nous en ferons.

Marc Jutier (site :jutier.net)


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