Equateur : victoire très importante de la gauche le dimanche 30 septembre ( articles du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde, L’Humanité, Europe Sans Frontières)

jeudi 4 octobre 2007.
 

1) Equateur : le CADTM se réjouit de la victoire du mouvement de Rafael Correa à l’élection de l’Assemblée constituante

En moins d’un an, Rafael Correa a remporté quatre échéances électorales (élections présidentielles fin 2006 à deux tours, référendum en faveur de l’élection d’une assemblée constituante en avril 2007 et élections des membres de l’assemblée constituante ce 30 septembre 2007).

Alors que toute la droite faisait campagne pour faire barrage au mouvement de Rafael Correa en agitant la menace communiste, le mouvement « Alianza Pais » a remporté plus de 65% de sièges (alors que les sondages lui en donnaient 45%). Avec ses alliés (MPD et Pachakutik notamment), il devrait disposer d’une très confortable majorité.

Pour le CADTM, c’est une excellente nouvelle : le peuple équatorien va enfin disposer de la possibilité de prendre son avenir en main et de faire les choix permettant de profiter des richesses produites par le pays.

Une majorité de la population a voté sans se laisser influencer par tous les grands medias équatoriens qui, sans exception, sont hostiles à Rafael Correa. Il n’y a plus de chaîne publique de télévision et de radio dans ce pays. La création en novembre prochain d’une nouvelle radio télévision de service public est une des mesures annoncées par le gouvernement.

Rafael Correa a promis de procéder à une réforme politique profonde du pays et à mettre en œuvre des mesures de redistribution de la richesse. Il a mis en place en juillet 2007 une Commission d’audit intégral de la dette publique interne et externe (CAIC), dans laquelle Eric Toussaint représente le CADTM. Le président Rafael Correa veut réduire radicalement la part du budget destinée au remboursement de la dette publique et le CADTM lui apporte tout son soutien dans cette démarche. Simultanément, il souhaite augmenter les dépenses sociales.

Le chemin des réformes sociales est semé d’embûches. Plusieurs présidents de gauche ont été élus en Amérique latine ces dernières années en proposant de rompre avec la politique néolibérale de leur prédécesseur mais très peu ont réellement mis en œuvre leurs promesses. Le CADTM espère que Rafael Correa ne vacillera pas et réalisera une politique démocratique de justice sociale. Dans ce but, la question de la dette équatorienne est plus que jamais un enjeu central.

CADTM

Contacts :

Damien Millet, président du CADTM France, france@cadtm.org,

Eric Toussaint, président du CADTM Belgique, international@cadtm.org

2)Le temps des ruptures en Équateur (L’Humanité)

jeudi 4 octobre 2007.

Source : http://www.humanite.fr/2007-10-02_I...

Constitution . Le président Correa obtiendrait la majorité absolue de sièges dans la nouvelle Assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle charte fondamentale. La carte politique est en train d’être redessinée en Équateur. À l’issue des élections de dimanche, le président Rafael Correa obtiendrait, selon les premières estimations, la majorité absolue des sièges dans l’Assemblée constituante équatorienne, chargée de rédiger un nouveau texte fondamental pour le pays. Victoire « indiscutable », a commenté Correa dimanche soir à la fermeture des bureaux de vote, alors qu’un sondage sortie des urnes créditait le chef de file d’Alianza Pais (AP, Alliance Pays) de 76 à 79 sièges lors de l’élection des 130 membres de cette Assemblée. Toutefois, compte tenu de la complexité du scrutin, les résultats officiels ne seront pas connus avant le 22 octobre, a indiqué le Tribunal suprême électoral (TSE). Le chef de l’État a immédiatement confirmé qu’il allait procéder à la dissolution de l’actuel Congrès et qu’il imposerait au système bancaire « une diminution des taux d’intérêt ». L’ampleur du score ne laisse pas de doute quant au choix des Équatoriens. Ils ont réaffirmé leur soutien au projet de changement radical de Correa. Le président élu fin 2006 entend sortir l’Équateur de ce qu’il a appelé au moment de son investiture « la longue nuit néolibérale ». Pour 40 %, les richesses nationales de ce pays comptant 13,6 millions d’habitants sont accaparées par environ 10 % de la population.

L’élection d’une Assemblée constituante favorable à Correa lui permet de dissoudre le Congrès, actuellement dominé par l’opposition de droite et l’oligarchie, qui contrôlent le pays et l’appareil d’État depuis vingt-cinq ans. Avant son élection, il y a onze mois, Rafael Correa avait annoncé ces mesures dans son programme électoral ainsi que le « changement de modèle économique » où, dorénavant, « l’État planifie, régule et assure la promotion de l’économie sans nationaliser les moyens de production ».

Rupture avec le modèle néolibéral

La rédaction d’une nouvelle Constitution devrait marquer ainsi le début d’un processus de rupture avec le modèle néolibéral, qui ouvre la voie au « socialisme du XXIe siècle », que Correa - revendique à l’instar de son allié vénézuélien Hugo Chavez. Les constituants auront 180 jours, 60 jours supplémentaires si nécessaire, pour élaborer à la majorité absolue, en disposant « des pleins pouvoirs », un texte qui respectera dans le cadre d’une économie solidaire « les droits fondamentaux des citoyens, approfondissant leur contenu social et progressiste » en particulier dans les domaines de l’éducation et la de santé. La Constitution sera ensuite approuvée par référendum en mars ou avril 2008.

Huit présidents en onze ans

Au cours de ce marathon, les partis politiques que les Équatoriens jugent corrompus ont été rejetés dans l’ombre par les victoires successives de Correa, un président sans parti mais à la tête d’une coalition regroupant différents groupes progressistes. Ils vont tenter de jouer leur va-tout, comme ils n’ont cessé de pratiquer l’obstruction depuis janvier dernier. Contestant le scrutin de dimanche, l’ancien président Fabian Alarcon, comme les principaux dirigeants de l’opposition de droite, l’ancien candidat à la présidentielle et milliardaire Alvaro Noboa et l’ex-président Lucio Gutierrez ont ainsi suspecté le chef de l’État de mettre en oeuvre un « projet totalitaire en concentrant tous les pouvoirs ».

La presse équatorienne estimait hier que les partis de droite se sont présentés très affaiblis et divisés à cette élection et qu’une victoire de Correa ne fera que renforcer ses pouvoirs dans un pays réputé instable, et où huit présidents se sont succédé en onze ans. Dimanche les électeurs avaient à choisir parmi 3 229 candidats, issus de 497 partis et mouvements politiques, pour désigner les membres de la future Assemblée. Pour la première fois, l’État a intégralement financé la campagne électorale afin de mettre fin au discrédit de la « particratie » jonglant joyeusement avec les fonds privés. La transparence du système politique, c’est aussi un enjeu de la future Constitution.

Bernard Duraud

3) La gauche remporte les élections pour la nouvelle Constitution en Equateur ( http://www.europe-solidaire.org/spi...)

Le nouveau gouvernement d’Equateur, présidé par Rafael Correa, et les forces de gauche, ont remporté une très importante victoire ce dimanche 30 septembre 2007, lors des élections des délégués pour l’Assemblée constituante. La nouvelle force Alianza Pais a remporté entre 75 et 80 sièges sur les 130 sièges de l’Assemblée et dispose donc largement de la majorité absolue nécessaire pour faire passer les propositions.

La victoire est très importante et significative, d’autant plus que dans la province de Guayas, Alianza Pais est devenue la première force politique. Or la droite tentait de faire de la capitale de cette région, Guayaquil, le bastion de l’opposition, un équivalent de Santa Cruz en Bolivie. Or la droite s’est effondrée là comme dans tout le reste du pays.

Les médias internationaux ont commencé leurs attaques, en présentant cette victoire comme celle d’un gouvernement souhaitant concentrer le pouvoir et tout étatiser. C’est une travail de diffamation, similaire à celui qui est mené contre les gouvernements du Venezuela et de Bolivie.

En réalité la réforme constitutionnelle est absolument indispensable pour mener à bien le programme électoral qui a amené le gouvernement progressiste au pouvoir et notamment pour démocratiser le pays, en permettant une participation effective en politique de larges couches de la population marginalisée, organiser la sortie du néolibéralisme « chimiquement pur » qui a dévasté le pays depuis plus de 15 ans, pour reprendre un certain contrôle des ressources naturelles du pays, notamment les richesses pétrolière, et pour mener des programmes sociaux après avoir rétabli les finances de l’Etat en maîtrisant le paiement de la dette extérieure.

Les élections de dimanche vont faciliter la participation de l’Equateur à l’intégration régionale alternatie, prônée par les gouvernements progressistes du Venezuela et de Bolivie, en lançant notamment la banque du Sud, por s’émanciper des institutions financière internationales, et de nombreuses autres initiatives concrètes d’intégration régionale.

Le gouvernement du Président Correa est un important facteur de paix dans la région, puisqu’il refuse de participer au Plan Colombia, cette aventure militariste menée par les Etats Unis et le gouvernement colombien d’Alvaro Uribe. Il a d’ores et déjà programmé la fermeture de la base militaire américaine de Manta (Equateur) qui en est une pièce maitresse.

Cette victoire confirme que le rejet du néolibéralisme par les peuples latinoaméricains. Or le néolibéralisme, le consensus de Washington et les ouvertures de marchés à tout va, que les économistes rejettent aujourd’hui dans leur grande majorité, continuent de façon anachronique à constituer le principal angle d’approche de l’Union européenne vis-à-vis de l’Amérique latine.

Paul-Emile Dupret



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