Afrique dont Niger : il n’y a pas d’avenir sans les Africains

vendredi 25 août 2023.
 

Le Niger a retenu l’attention et l’émotion de tous les Insoumis engagés dans l’action internationale. Au total c’est beaucoup de monde, entre les officiels des groupes parlementaires et ceux du Mouvement engagés dans les associations et sur le terrain. Je ne fais ici l’injure à personne de raconter l’impasse dans laquelle le gouvernement français s’est enfoncé, non pas à cause de renseignements défaillants (et quoi, s’il avait « su » avant ?). Est en cause une incompréhension totale du nouvel état d’esprit des générations montantes africaines. La grossièreté de Macron à l’égard du président du Burkina, puis à l’égard de celui de la République démocratique du Congo ne s’explique par ses mauvaises manières habituelles d’« occidental » dominateur. Ici, c’est juste l’arrogance d’un paternalisme qui se lâche.

De notre côté, ces jours-ci, sous la houlette d’Arnaud Le Gall, nous avons publié une tribune de presse prudente mais claire. Prudente, car l’évacuation de nos compatriotes n’est pas finie. Et personne ne sait comment cette opération va être conduite. Le souvenir lamentable du convoi militaire français évacuant le Mali et traversant pour ça trois pays et se faisant mal recevoir partout est encore vif. D’autant qu’au Niger précisément, il se mit à tirer pour se dégager, se croyant sans réplique. La réplique est là ! Cela nous fait toujours craindre le pire de la part des organisateurs de tant de désastres absurdes depuis l’ère Macron.

Aujourd’hui, ce serait une erreur de participer à une opération militaire pour renverser le pouvoir de fait mis en place par les militaires nigériens, au nez et à la barbe des soldats français présents sur place et désormais déclarés indésirables, comme au Mali, comme Burkina, comme en Centrafrique, et ainsi de suite, demain, avec la même politique. Cette équipe n’est pas légitime ? Mais Macron n’a-t-il pas été lui-même adouber sur place le fils d’Idriss Deby comme président du Tchad après l’assassinat de celui-ci ? Pourtant, la constitution de ce pays donne ce rôle, dans ce cas, au président de l’Assemblée nationale ? Et s’il s’agit de rétablir militairement un pouvoir précédent, compte-t-on en faire autant au Mali et au Burkina ?

Tout cela est absurde. L’entrée de troupes venant de quinze pays plus les Français promet une violence sans fin, comme le Libéria et la Sierra Leone l’ont connue en leur temps. La communauté nigérienne de France s’est clairement positionnée contre cette formule, en connaissance de cause. L’Union des États africains aussi. Elles doivent être soutenues en France. Nous devons être cette autre voix de la France. Car par là passe la possibilité de construire une autre relation avec les pays africains et avec les peuples qui les composent. Et il n’y a pas d’avenir sans les Africains. Il est temps de leur demander à quelle condition, au lieu de vouloir les imposer de force.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message