États-Unis : un pays en guerre permanente.

dimanche 28 janvier 2024.
 

« Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage ». Cette phrase est prononcée par Jean Jaurès dans un discours prononcé le 7 mars 1895 à la Chambre des députés, dans un discours intitulé « L’armée démocratique ». Il est donc logique que le pays où le capitalisme développe toute sa puissance soit le plus gros porteur de guerres. C’est l’objet de l’étude qui suit.

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Nous réunissons ici quelques études menées par des universitaires et instituts de recherche sur les guerres menées par les États-Unis d’Amérique depuis leur création.

Il apparaît clairement que c’est le pays le plus belliciste de la planète depuis au moins le XVIIIe siècle.

Il est peut-être bon de rappeler que ce pays s’est construit par : 1 la colonisation totale d’un territoire ; 2) le génocide des amérindiens ; 3) une utilisation massive de l’esclavage ; 4) l’usage à deux reprises de l’arme nucléaire contre le Japon..

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Article 1

Prologue :

Selon des recherches menées par les universitaires Sidita Kushi et Monica Duffy Toft un, les États-Unis ont mené près de 400 interventions militaires (392 exactement) depuis leur création en 1776.

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Un quart des 400 guerres américaines se sont déroulées au Moyen-Orient et en Afrique selon une étude

par Elis Gjevori

Published date : Lundi 15 août 2022

source : middleeasteye.net

https://www.middleeasteye.net/fr/ac....

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[Note info de HD : l’auteur de cet article se réfère aux auteurs suivants et à la publication :

Sidita Kushi et Monica Duffy Toft, "The Long War : A Global History of US Military Interventions since 1776", Stanford University Press, 2022. Cette source estime que les États-Unis ont mené près de 400 interventions militaires depuis leur création en 1776. (392 pour être précis)]*

Pour les auteures de cette étude, la fin de la guerre froide a libéré les ambitions militaires mondiales des États-Unis et les régions Moyen-Orient, Afrique du Nord et Sahel sont de plus en plus visées

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm estime le coût de l’armée américaine à plus de 800 milliards de dollars par an, soit près de 40 % des dépenses militaires mondiales (AFP)

Par Elis Gjevori Published date : Lundi 15 août 2022

Une nouvelle étude majeure conclut que les interventions militaires américaines ciblent « de plus en plus » le Moyen-Orient et l’Afrique, représentant près d’un quart des campagnes du pays à travers son histoire.

Depuis leur création en 1976 jusqu’en 2019, les États-Unis ont mené près de 400 interventions militaires ; plus d’un quart d’entre elles ont eu lieu dans la période suivant la guerre froide, précise le rapport.

Première étude majeure de ce type, le document intitulé Introducing the Military Intervention Project : A New Dataset on US Military Interventions, 1776–2019 révèle également que l’ère post 11 septembre 2001 a engendré des « niveaux d’hostilité plus élevés » et que les aventures militaires américaines « se sont fortement banalisées ».

« L’impact cumulatif de ce que nous avons découvert grâce à notre effort de collecte de données nous a effectivement surpris », rapporte Sidita Kushi, professeure adjointe à l’Université d’État de Bridgewater (Massachusetts) et une des auteures de l’étude. « Nous ne nous attendions pas à ce que les données révèlent une telle quantité et qualité d’interventions militaires », confie-t-elle à Middle East Eye.

« Actuellement, les forces spéciales des États-Unis sont déployées dans plus de pays que leurs ambassadeurs »

- Monica Duffy Toft, professeure à l’Université Tufts

À la suite de l’éclatement de l’Union soviétique en 1991, les États-Unis ont émergé comme la puissance militaire dominante au niveau mondial. Cependant, cela ne s’est pas traduit par une réduction des interventions militaires.

« L’ère post-guerre froide a généré moins de conflits entre grandes puissances et d’occasions de défendre les intérêts vitaux des États-Unis, pourtant les interventions militaires américaines se poursuivent à un rythme élevé et avec des hostilités croissantes », conclut le rapport. « Ce schéma militariste persiste pendant une période de paix relative, une période où on compte peut-être moins de menaces directes pour le sol américain et sa sécurité. »

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« Guerre contre le terrorisme »

Après la guerre froide, les interventions militaires humanitaires américaines ont été de plus en plus justifiées sous l’étendard des droits de l’homme.

Pour Monica Duffy Toft, professeure de politique internationale à la Faculté Fletcher de l’Université Tufts (Massachusetts), il n’est pas surprenant que lors de la « guerre contre le terrorisme » menée par les États-Unis après le 11 septembre, Washington ait choisi d’utiliser la force militaire pour « résoudre ses problèmes ».

« La guerre contre le terrorisme est emblématique de la façon dont les États-Unis ont résolu les problèmes dans cette période : la guerre », indique Monica Duffy Toft, co-auteure de l’étude.

D’après le document, c’est la fin de la guerre froide qui a libéré les ambitions mondiales de l’armée américaine. Même alors que les rivaux des Américains réduisaient leurs interventions militaires, Washington « a commencé son escalade des hostilités », engendrant un « fossé croissant entre les actions militaires américaines [et celles de] ses opposants ».

Aujourd’hui, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm évalue le coût de l’armée américaine à plus de 800 milliards de dollars par an, représentant près de 40 % des dépenses militaires mondiales.

« Les États-Unis continuent à financer en priorité leur département de la Défense, tout en limitant le financement et le rôle de leur département d’État [ministère des Affaires étrangères] », déclare Monica Duffy Toft, ajoutant qu’« actuellement, les forces spéciales des États-Unis sont déployées dans plus de pays que leurs ambassadeurs ».

[Les États-Unis ont installé 845 bases militaires dans le monde ; la Russie en compte 3 et la Chine en compte aussi 3]

Les interventions militaires américaines sont également devenues plus obscures. On est loin de l’époque où Washington jetait tout le poids de son armée dans un conflit, comme ce fut le cas en Irak et en Afghanistan. Aujourd’hui, les bases militaires à distance, telles que la base aérienne à 110 millions de dollars d’Agadez au Niger, effectuent des frappes par drone à travers une grande partie du Sahel, loin les yeux du public.

En début d’année, l’administration Biden a étendu l’empreinte militaire américaine en Afrique en annulant la décision de l’ancien président américain Donald Trump de retirer les troupes américaines de Somalie, y établissant là-bas une base militaire permanente.

« La violence tend à engendrer la violence »

« Les Américains pourraient être surpris [par l’empreinte militaire mondiale de l’Amérique.] Malheureusement, ce n’est guère surprenant pour le reste du monde », indique Sidita Kushi, ajoutant que « la légitimité des États-Unis a énormément souffert, en grande partie à cause de leur position hyper-interventionniste depuis plusieurs décennies ».

Si pendant une grande partie de leur histoire, les États-Unis ont considéré l’usage de leur force militaire comme leur dernier ressort, ces dernières décennies ont renversé cette tradition, prévient Kushi, et avec cela, « énormément de respect pour les États-Unis, même parmi nos alliés ».

Les auteures n’hésitent pas à souligner que dans certains cas, la puissance américaine a été une force du bien, comme lors de l’intervention menée par les États-Unis au Kosovo, laquelle a empêché un potentiel génocide. Mais en général, l’étude « est un avertissement » : les interventions militaires américaines perpétuelles ont un impact moins que positif sur la sécurité nationale américaine et sur le monde.

[Dire Avez-vous une base militaire américaine près de chez vous ?]

L’élite américaine, conditionnée à voir la solution militaire comme la solution à la plupart des problèmes mondiaux du pays, ne va probablement pas changer rapidement de cap dans un avenir immédiat.

« La violence tend à engendrer la violence et même un retour à une politique étrangère multifactorielle – une politique étrangère qui compte sur la sagesse de ses alliés, qui implique la diplomatie, le commerce et l’aide humanitaire, en utilisant la force en dernier recours – pourrait ne pas porter ses fruits avant des années », ajoute Toft.

Étant donné que les adversaires de l’Amérique se sont immunisés contre les interventions militaires américaines, on peut « leur pardonner leur scepticisme » et le fait qu’ils ne croient pas que l’élite de la politique étrangère du pays pourrait changer d’avis. En matière de politique étrangère, du moins, démocrates et républicains sont sur une ligne cohérente, qui favorise plus ou moins les interventions militaires américaines à l’étranger.

« Étant donné le paysage actuel des interventions, et l’inertie, on s’attend à voir une tendance à la hausse concernant les interventions américaines à la fois dans la région MENA [Moyen-Orient et Afrique du Nord] et en Afrique subsaharienne », prévient Monica Duffy Toft. * Cette analyse confirme complètement celle d’Emmanuel Todd figurant dans son dernier ouvrage « La défaite de l’Occident ». On peut se reporter à son interview sur RMC en janvier 2024 : https://www.youtube.com/watch?v=R4H...

pour actualiser l’article précédent par un exemple très récent :

Attaques en mer Rouge : les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené des frappes contre les rebelles houthis au Yémen

le 12 janvier 2024. Source : France Info

https://www.francetvinfo.fr/monde/p...

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Article 2 Les États-Unis ont mené 222 années de guerres sur 239 années d’existence

Source : blog de Mediapart

https://blogs.mediapart.fr/jean-cla...

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Article 3 : Les guerres menées par les États-Unis depuis 2001 ont tué 4,5 millions de personnes

source : réseau international. 22/05/2023

https://reseauinternational.net/les...

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Article 4 : La guerre perpétuelle des États-Unis d’Amérique : Six questions importantes

21/06/2023 source : réseau international

https://reseauinternational.net/la-...

Ce long article, une véritable étude sur le système de guerre nord américain, comprend plusieurs parties. Après l’introduction qui suit nous reproduisons un extrait de la partie traitant du complexe militaro-industriel U.S. dont l’étendue et la masse dépasse de très loin ce que l’on peut imaginer.

L’ancien président américain Jimmy Carter a déclaré en 2018 qu’en Amérique [États-Unis], il y a eu 226 ans de guerres depuis son indépendance qui a eu lieu il y a 242 ans ne laissant ainsi que 16 ans de paix.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, il y a eu 32 conflits militaires américains impliquant des dizaines de pays. Certains de ces conflits militaires durent depuis plus de vingt ans et d’autres se poursuivent encore.

En d’autres termes, les États-Unis sont un pays de guerre perpétuelle.

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Comment les guerres américaines sont-elles organisées ?

Pour comprendre la nature et les implications de la guerre perpétuelle aux États-Unis, il est nécessaire d’introduire le concept d’American Pro-War Community (APWC).

Dans la littérature et les médias, on utilise la notion de complexe militaro-industriel (MIC) pour décrire le vaste système de guerres perpétuelles des États-Unis. Mais, en réalité, le système de guerre perpétuelle implique beaucoup plus d’individus et d’organisations que dans le MIC.

L’APWC est une communauté étroitement unie qui défend ses intérêts au détriment du bien-être des Étasuniens moyens et des intérêts des habitants des pays cibles. Il est si bien organisé, si bien enraciné et si puissant qu’il est quasi impossible de le dissoudre.

Le groupe central de l’AWPC comprend les sociétés en matière de guerre et le gouvernement fédéral dirigé par le Pentagone, le Congrès, le Sénat et d’autres agences gouvernementales.

Il existe deux groupes de soutien comprenant toutes sortes d’institutions et d’organisations.

Il y a le groupe soutenant l’approvisionnement en marchandises et services de guerre (war goods and services).

Ensuite, il y a le groupe soutenant la création de la demande de marchandises et services destinés à la guerre.

L’efficacité de l’ensemble du système de production et de vente de marchandises et services de guerre dépend de la manière dont le groupe central et les groupes de soutien peuvent travailler en harmonie pour atteindre les objectifs des guerres, à savoir la maximisation du profit et le partage intra-APWC du profit.

Fourniture de marchandises et services de guerre

L’approvisionnement en marchandises et services de guerre est assuré par des entreprises qui produisent des armes, des entreprises de construction qui construisent toutes sortes de bâtiments et les gèrent, des sociétés de services de restauration qui fournissent des aliments et des boissons aux GI, des sociétés d’information qui offrent des informations nécessaires aux guerres et même les universitaires qui proposent des idées et des technologies.

Aux États-Unis, 40 de ces grandes entreprises réalisent un chiffre d’affaires annuel de près de 600 milliards de dollars.

Le tableau suivant montre l’importance des cinq principales entreprises du secteur militaire aux États-Unis.

Tableau 1. Cinq grandes entreprises du secteur de La Défense américaine [armement] : ventes annuelles (milliards de dollars) 2022 et croissance (dernières années : %)

Note : LM (Lockheed Martin), NG (Northrop Grumman) ; Source GD (dynamique générale)

Le chiffre d’affaires annuel total des cinq principales entreprises en armement en 2022 s’élevait à 241,8 milliards de dollars, dont 183,3 milliards de dollars pour la vente de marchandises et de services de guerre, soit 75,8% du chiffre d’affaires total.

L’approvisionnement en marchandises et services de guerre repose sur une chaîne de production étendue impliquant des fournisseurs étrangers et nationaux de matières premières et de produits intermédiaires. En outre, les universitaires et les sociétés d’information proposent des informations, des technologies et d’autres services nécessaires à la production d’armes.

Voici une liste des universités les plus connues qui sont impliquées dans les guerres américaines. Chacune de ces universités propose, pour l’industrie de guerre, une variété de marchandises (produits) et de services de guerre.

Dans cet article, pour chaque institution académique, un seul produit ou service représentatif est mentionné.

Au moins de 70% des projets de recherche universitaires sont financés par le Pentagone :

Le Boston College apporte son aide à l’armée de l’air.

L’Université du Massachusetts Lowell développe une mono-technologie pour l’armée.

L’Université Tufts améliore les performances cognitives et physiques des soldats.

Le MIT fournit une telle quantité de matériel et de services militaires qu’il est connu sous le nom de « war corporation » (« entreprise de guerre » -militaire).

Columbia University et Brown University développent, pour la DARPA (Defence Advanced Research Project Agency), le système d’ingénierie neuronale.

L’Université de Princeton produit du matériel pour la conception et la vérification de circuits intégrés à collecteur ouvert.

L’université de Dartmouth vend l’apprentissage automatique.

L’université de Pennsylvanie développe l’intelligence artificielle.

L’Université de Stanford développe une technologie pour la guerre chimique et d’autres produits et services [war goods and service] pour la guerre, à tel point qu’elle est considérée comme étant en partenariat avec des entreprises militaires [war corporations].

L’Université de Harvard développe du matériel pédagogique pour la guerre [educational materials for the war] et est la principale source de ressources humaines pour les industries d’armements. C’est aussi à Harvard que le chimiste américain Louis F. Fieser a inventé le napalm pour l’utilisation dans des bombes et les lance-flammes. La bombe au napalm a été largement utilisée pendant la guerre de Corée, la guerre du Vietnam et plusieurs guerres.

L’Université John Hopkins fabrique les outils nécessaires à l’évaluation des capacités offensives alternatives nécessaires aux combats dans l’espace aérien, maritime et cybernétique.

La triste réalité de ces universités américaines est qu’elles dépendent tellement de l’argent de la guerre [War money] qu’elles sont en train de perdre leur vocation première.

Christian Sorensen a abordé ce problème dans son livre (« Understanding the War Industry », Clarity Press 2022- Comprendre l’industrie de la guerre, Clarity Press 2022). Il estime que les universités négligent leur vocation relative à la recherche et la diffusion de la vérité.

« Mais ses liens complexes avec le Département de la guerre montrent que la vraie couleur de l’université porte davantage sur le financement gouvernemental que sur la noblesse du milieu universitaire ». (Sorenson : p.221)

Soit dit en passant, j’ai trouvé de nombreuses informations, données et idées utiles dans le livre de Sorensen, qui est certainement un apport important à la littérature critique des guerres perpétuelles.

Les sociétés de technologie de l’information participent également activement aux guerres américaines. En fait, Amazon, Microsoft et Google fournissent aux forces armées une technologie de pointe qui facilite la réduction des coûts humains et matériels des guerres.

La demande de marchandises et services de guerre

Ce qui distingue l’économie de guerre de l’économie de paix, c’est le fait étonnant que l’offre génère la demande.

Dans l’économie de guerre américaine, la demande finale de marchandises (biens) et services de guerre est déterminée par le Pentagone (le ministère de la Défense) et certains pays étrangers.

Cependant, le Pentagone ne dispose pas de toutes les informations nécessaires pour estimer la demande de guerre, de sorte qu’il s’appuie sur les informations fournies par les entreprises de guerre.

Par conséquent, les entreprises de guerre qui fournissent des produits et services de guerre ont le rôle étonnant de déterminer la demande.

Ainsi, sur le marché des produits et services de guerre, l’offre détermine la demande.

C’est la racine de la nature perpétuelle des guerres américaines et du profit qui revient à l’APWC.

Or, pour avoir la guerre, il faut avoir des ennemis. Cependant, les entreprises de guerre n’ont pas la capacité de recherche pour trouver de vrais ennemis ou fabriquer des ennemis. Le rôle de trouver ou de fabriquer des ennemis revient aux groupes de réflexion qui sont généreusement financés par les sociétés de guerre.

Lorsque les think tanks trouvent ou fabriquent des ennemis, de nouvelles guerres ou la poursuite d’anciennes guerres sont justifiées.

D’un autre côté, les groupes de pression font maintenant pression sur les législateurs et les décideurs politiques pour qu’ils reconnaissent l’identité des ennemis produits par les think tanks ; cela se fait par le biais du lobbying (pots-de-vin).

Quant aux médias, ils ont pour rôle de préparer au mieux la pensée et l’âme des Étasuniens à accepter le budget colossal de la Défense sans se rendre compte des conséquences destructrices des guerres perpétuelles.

Il va sans dire que les groupes de pression et les médias sont financés par les entreprises de guerre.

La demande de marchandises et de services de guerre créée par ces individus et organisations pro-guerre se traduit par le budget annuel de la défense des États-Unis qui s’élève, en 2023, à 886 milliards de dollars.

Cela signifie que le budget de la Défense de Washington en 2023 représente 50% du PIB de la Corée du Sud en 2023, qui s’élève à 1800 milliards de dollars. Le budget de la Défense américaine représente 40% du budget de la défense mondiale de 2200 milliards de dollars.

Les Cinq Grandes Entreprises d’Armement : Lockheed Martin, Raytheon Technologies, Boeing, Northrop Grumman, General Dynamics reçoivent jusqu’à 150 milliards de dollars du budget de la défense.

Les Think Tanks (Groupes de réflexion)

Les « think tanks » jouent un rôle majeur dans la perpétuation des guerres américaines. Leur fonction est de produire des rapports et des documents pour montrer la gravité de la crise et la nécessité d’augmenter le budget militaire afin que la crise puisse être gérée par la force militaire.

Ce qui suit montre comment certains grands groupes de réflexion (Think Tanks) sont généreusement financés par des sociétés de guerre. Les données sont tirées d’un article de Global Research d’Amanda Yee (« Six War Managing Think Tank and the Military Contractors that finance them », 7 mars 2023).

Le Centre d’Études Stratégiques Internationales (Center for Strategic International Studies – CSIS)

Le CSIS a reçu en 2022 100 000 $ ou plus des entreprises de guerre suivantes : Northrop Grumman, General Dynamics, Lockheed Martin, SAIC, Bechtel, Cummings, Hitachi, Hanhwa Group, Huntington Ingalls Industries, Mitsubishi Corp., Nippon Telegraph and Telephone, Raytheon, Samsung.

Le Centre pour une nouvelle sécurité américaine (Center for a New American Security -CNAS)

Le CNAS a reçu en 2021, 50 000 $ ou plus des entreprises de guerre suivantes : Huntington Ingalls Group, Neal Blue, BAE System, Booz Allen, Hamilton Intel Corp, General Dynamics.

Institut Hudson (HI)

Le HI a obtenu, en 2021, 50 000 $ ou plus des entreprises de guerre suivantes : General Atomics, Linden Blue, Neal Blue, Lockheed Martin, Northrop Grumman, Boeing, Mitsubishi.

Le Conseil Atlantique (CA)

En 2021, l’AC a reçu 50 000 $ ou plus des entreprises de guerre suivantes : Airbus, Neal Blue, Lockheed Martin, Raytheon et SAIC.

L’Institut international d’études stratégiques (IISS)

L’IISS a reçu, en 2021, 25 000 $ ou plus par les entreprises de guerre suivantes : BAE System, Boeing, General Atomics, Raytheon, Rolls-Royce, Northrop Grumman.

Il y a eu un cas où un groupe de réflexion a exprimé une « opinion d’expert » afin de protéger les intérêts de son commanditaire (entreprise de guerre). C’était le 12 août 2021.

Le gigantesque entrepreneur militaire CACI qui avait un contrat de 907 millions de dollars pour 5 ans en Afghanistan a été déçu du retrait américain d’Afghanistan, ce qui signifiait une perte de profit.

Son groupe de réflexion était l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW). La présidente de l’ISW, Kimberly Kagan, a déclaré que le retrait américain ferait de l’Afghanistan un second terrain du djihadisme. Soit dit en passant, le général à la retraite Jack Keane est membre de l’IWS.

Groupes de pression

Les groupes de pression sont dirigés par des individus ayant des liens étroits avec les entreprises de guerre, au Pentagone et au Congrès. Voici la liste partielle des groupes de pression.

L’Aerospace Industry Association (AIA) : Son PDG est l’ancien vice-président d’une entreprise produisant des fusées. AIA représente plus de 340 sociétés aérospatiales et de défense

La National Defense Industry Association (NDIA) compte 1600 membres

Le comité d’action politique

L’Association of United States Army (AUSA) : Elle produit un guide de l’industrie pour les entreprises de guerre.

Business Executives for National Security (BENS) est composé de 450 cadres d’entreprises à but non lucratif qui discutent des questions de sécurité.

L’Association des Old Crows (AOC), C’est une confrérie d’anciens combattants de la guerre électronique et de chefs de guerre. Il est soutenu par des sociétés de guerre telles que AECOM et Raytheon.

L’Institut Américain d’Aéronautique et d’Astronomie (AIAA)

Le Conseil des ressources de sécurité nationale

Le Conseil de la politique de la Guerre, Département de la Défense. (The War Dept Defence Policy Board)

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Médias pro-guerre

La plupart des médias américains sont pro-guerre. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les médias ne critiquent pas la guerre perpétuelle, voire sont carrément pro-guerre.

Premièrement, étant des médias d’entreprise, ils sont principalement préoccupés par le gain d’argent plutôt que par le bien-être collectif de la société américaine.

Les médias d’entreprises, dont CNN, MSMBC et Fox News, accordent la priorité à l’évaluation des programmes.

Ils n’ont aucune opinion sur les conséquences terriblement destructrices de la guerre perpétuelle. Même s’ils ont des opinions utiles, ils n’osent pas les exprimer. Lorsqu’ils expriment une opinion, ils se réfèrent généralement à l’opinion de la classe d’élite.

Deuxièmement, il est de longue tradition aux États-Unis que les médias ne critiquent pas le gouvernement.

Troisièmement, le gouvernement censure les médias, en particulier les médias hors ligne.

Quatrièmement, le nombre de médias est directement lié à l’industrie de guerre. Par exemple, dans Defense News, T. Michael Mosely, général à la retraite 4 étoiles de l’Air Force, a écrit en avril 2019 que l’Air Force était terriblement sous-équipée.

Il existe une longue liste de médias pro-guerre, principalement des médias liés aux forces armées.

Cinquièmement, les sociétés de guerre font ouvertement pression sur les médias sans parler de la racine de la guerre. Par exemple,

« General Dynamics veut que les médias d’entreprise ne remettent jamais en question la cause profonde de la guerre ». (Sorensen : p.72)

Sixièmement, le Smith Mundt Modernization Act de 2012 permet une plus grande propagande sur les médias d’entreprise.

En résumé, la demande de guerre est formée par les opinions pro-guerre coordonnées créées par les corporations de guerre, les groupes de réflexion, les groupes de pression et les médias.

Ces avis sont transmis au Pentagone, qui détermine l’ampleur des moyens financiers et humains à allouer à la guerre.

La remarquable coordination entre ces individus et organisations ressemble à un orchestre symphonique bien préparé.

Les groupes de réflexion jouent du violon pour produire un son doux pour les sociétés de guerre ;

Les groupes de pression jouent de la trompette pour rendre le son plus fort ;

Les médias jouent du tambour pour attirer l’attention du public sur la nécessité des guerres.

Tous ces acteurs sont dirigés par les corporations de guerre.

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Quel est le but des guerres américaines ?

Lire la suite sur le site source en utilisant l’URL précédente.

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Guerre en Ukraine : tout était écrit ? Voici un exemple récent du travail d’un think tank sur la possibilité d’une intervention militaire russe en l’Ukraine :

Le rapport de 2019 de la Rand Corporation sur une intervention russe en Ukraine, intitulé

Assessing the Risks of Russian Military Intervention in Ukraine

examine les facteurs qui pourraient conduire à une intervention militaire russe en Ukraine, ainsi que les conséquences possibles d’une telle intervention notamment en termes de sanctions économiques contre la Russie et la possibilité de son isolement politique sur la scène internationale.

Ce rapport est disponible, en anglais, avec l’adresse suivante :

https://www.csis.org/analysis/asses...

Ce même think tank qui travaille pour la CIA et le Pentagone a publié un rapport plus récent, début 2023, donnant des indications, différents scénarios sur la fin de la guerre en Ukraine. On a un résumé de ce rapport en français sur le site :asafrance.fr

https://www.asafrance.fr/item/guerr...

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Article 5 Liste des guerres des États-Unis d’Amérique. Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste...

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J’ai contrôlé les sources primaires utilisées par les articles précédents.

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Note HD sur les sources primaires.

L’affirmation que les États-Unis ont été en guerre approximativement 220 ans sur 240 ans d’années d’existence invérifiable à partir des deux sources primaires suivantes :

Première étude : Elle est intitulée "The United States’ Wars : From 1775 to the Present". Elle a été publiée en 2023 par le Carnegie Endowment for International Peace. L’auteur principal est Michael Mandelbaum, professeur de sciences politiques à l’Université Johns Hopkins.

L’ouvrage examine l’ensemble des guerres menées par les États-Unis depuis leur création, en 1775. Il analyse les causes, les objectifs, les résultats et les implications de ces guerres.

La publication est divisée en trois parties. La première partie, intitulée "The Origins of American Military Power", examine les origines de la tradition militaire américaine. La deuxième partie, intitulée "The American Way of War", analyse les caractéristiques distinctives de la guerre américaine. La troisième partie, intitulée "The Future of American Military Power", examine les défis et les opportunités auxquels les États-Unis seront confrontés dans les années à venir.

L’ouvrage est un ouvrage de référence important sur l’histoire militaire des États-Unis. Il est accessible au grand public, mais il est également utile aux étudiants et aux chercheurs intéressés par les relations internationales et la sécurité nationale.

Ce livre mentionne que les États-Unis ont été en guerre pendant 218 années soit 91 % de son temps d’existence.

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Deuxièmes sources primaires : Une étude de 2015 de l’Institut Watson de l’Université de Brown a estimé que les États-Unis ont été en guerre pendant 222 ans sur 239 ans d’existence, soit 93 % de ce temps. Cette étude définit la guerre comme "une confrontation militaire entre deux ou plusieurs États ou groupes non étatiques".

Il s’agissait d’une étude du projet Costs of War, un projet de recherc de l’Institut Watson de l’Université de Brown. L’étude a examiné l’histoire militaire des États-Unis depuis la Révolution américaine et a conclu que le pays a été en guerre pendant 222 ans sur 239 ans d’existence.

L’Université de Brown est une université privée située à Providence, dans l’État de Rhode Island. Elle a été fondée en 1764 et est l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses universités des États-Unis. (Elle était à l’époque de son ouverture en septembre 1764 dans une colonie anglaise)

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Annexe

Nous n’avons pas mentionné ici la liste des coups d’état organisés par le gouvernement nord américain.

Pour cela, on peut se référer à une étude figurant sur un blog de Mediapart : CIA à, 70 ans de coups d’état et d’assassinats

https://blogs.mediapart.fr/jean-mar...


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