Deuxième tour : le MODEM n’apporte rien à la gauche

mardi 18 mars 2008.
 

Je sais bien que l’essentiel, à cette heure, c’est l’extension de la crise financière. Peut-être est-ce le tournant de notre temps. Qu’est ce qui va arrêter ça ? Pas le stupide aveuglement des libéraux de tous poils qui continuent à ânonner leur archaïque catéchisme de recettes dépassées. Et surement pas non plus nos gouvernants de droite qui prétendent retenir comme leçon du vote de dimanche qu’il leur serait demandé d’en faire davantage encore côté déréglementation. Les fous !

Mais nous avons plutôt le nez sur l’évènement électoral qui nous semble plus proche politiquement. C’est bien naturel de consacrer du temps à le comprendre. Je n’ai pas l’intention d’ajouter à la masse des commentaires disponibles à propos des élections municipales et cantonales. Mais je veux insister sur l’idée que l’analyse des résultats est un enjeu. Savoir ce qui se passe. Sinon ce sera le royaume des bavardages. Je note que le repère des élections cantonales est toujours aussi peu évoqué. Pourtant il est absolument clair. Peut-être est ce pour cela, non ? Gauche : 51% droite : 44 %. Un point c’est tout. Et je veux revenir sur le Modem, cette baudruche de confort pour animer la conversation des soirées éléctorales. Au premier tour on avait déjà vu l’absence d’effet positif des cas d’alliance du PS avec le Modem. L’échec de cette stratégie est encore plus manifeste au second.

Le Modem est inutile là où la gauche est sortante

Là où la gauche était sortante, comme à Grenoble ou Montpellier, l’alliance du PS avec le Modem n’a produit aucune dynamique. Allié au Modem, le PS fait même moins bien dans ces deux villes qu’en 2001. Démonstration supplémentaire : à cette époque au second tour l’alliance s’était faite avec les Verts et une partie de la gauche radicale ! A Grenoble, la liste PS régresse de 51 % en 2001 à 48 % en 2008 et à Montpellier de 56,3 % à 51,88 %. Dans ces deux villes « laboratoires » de l’alliance socialiste avec le Modem, la colère d’un grand nombre d’électeurs de gauche a renforcé nettement le vote pour les listes de gauche alternativeslorsqu’elles se maintenaient au second tour. A Montpellier le tandem Verts-LCR dépasse ainsi les 18 %. A Grenoble, les Verts alliés aux alternatifs et à la gauche citoyenne s’envolent à 22,5 %. A Lille, autre ville de gauche sortante, le seul effet réel de l’alliance surprise du PS avec le Modem entre les deux tours semble être d’avoir poussé un nombre croissant d’électeurs dans l’abstention. Elle atteint son record historique dans cette ville ancrée à gauche.

Le Modem n’apporte rien à la gauche face à la droite

A Marseille, Perpignan, Melun ou Briançon, l’alliance du PS avec le Modem entre les deux tours n’a donné aucune dynamique à la gauche contre la droite sortante. Ainsi à Marseille, en dépit d’une énorme énergie de campagne socialiste, la gauche ne perce que dans le 1er secteur, là où le vote LCR était fort. Ce vote a fourni l’appoint décisif pour la victoire. Mais, à l’inverse, la gauche échoue dans le 3ème secteur de Marseille où la réserve de voix du Modem était pourtant potentiellement bien plus forte.

Autre constat. Les listes PS-Modem obtiennent souvent au second tour des scores plus faibles que l’addition de leurs scores du premier tour. Exemple. A Melun. La liste PS-Modem termine à 48 %. L’addition des scores de premier tour donnait 52 % ! A Briançon le total PS-Modem se tasse de 49 % à 48 % entre les deux tours. L’alliance du PS avec le Modem ne crée donc aucune dynamique pour la gauche. Le brouillage politique qui en résulte peut même parfois plomber complètement le PS. On l’a déjà signalé au 1er tour à Ales où l’alliance du PS avec le Modem a reporté les électeurs de gauche vers le PCF. Tant mieux. Le même phénomène s’est produit au second tour à Brignolles dans le Var où le PCF parvient à l’emporter face à l’UMP sortante en captant tout l’électorat socialiste désemparé par le tandem PS-Modem qui s’écroule à 10 %.

Certes, on trouve de très rares exceptions à ce naufrage général des alliances PS-Modem. Mais il faut alors les regarder de près. C’est le cas à Asnières et Brive la Gaillarde. Mais dans ces deux cas, le PS l’a emporté en fusionnant non seulement avec le Modem mais aussi avec des dissidents de droite, ex-RPR et UMP. Ces cas sont tellement isolés, fantaisistes et peu exemplaires qu’ils n’ont aucune signification généralisable.

Là où le Modem gagne, c’est contre la gauche

Le Modem ne conserve ou gagne des villes que contre la gauche. Alliés à la droite, ses listes prennent Mont de Marsan et Saint Brieuc au PS. De même il conserve Arras, Biarritz, Epinay sur Seine et Talence en alliance avec la droite et contre la gauche.

Là où la gauche gagne, c’est contre le Modem ou sans lui

Déjà au 1er tour, la quasi-totalité des villes prises par la gauche à la droite l’avaient été sans le Modem et souvent contre lui : Alençon, Rodez, Laval, Rouen et ainsi de suite. Même phénomène au second tour. A Toulouse, Périgueux, Colombes, Vandoeuvre les Nancy, Niort ou Noisy le Sec, la gauche l’emporte contre des listes de droite fusionnées avec le Modem ou soutenues par lui. A Saint Etienne et à Pau, la gauche l’emporte face au Modem et à l’UMP qui s’étaient maintenus séparément en triangulaire.La gauche gagne aussi sans le Modem à Amiens, Strasbourg, Caen, Evreux où le parti de Bayrou n’avait donné aucune consigne de vote.

EN CONCLUSION

Bien sur, l’analyse d’un aspect du résultat ne contient pas l’étude de toutes ses significations. Mais les faits réels à ce sujet doivent être pris au sérieux. Nous avons trop été gavés de commentaires absurdes sur le « réalisme électoral » qui exigerait cette alliance. Puis sur le mythe du Modem « arbitre » du deuxième tour. Pour la gauche, le deuxième tour s’est joué sur la qualité des alliances et des reports de voix à gauche. Pour le reste, dans tous les cas de figure, le Modem apparait donc dans ces élections municipales sous sa vraie réalité politique : un parti de droite avec lequel la gauche n’a rien à gagner.


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