Ukraine, Turquie : Etat, minorités nationales et culturelles

mardi 7 avril 2020.
 

Les pays riverains de la Mer noire résonnent à nouveau de bruits de guerres et conflits entre Etats nationaux et minorités culturelles nationales. Dans les cas emblématiques de l’Ukraine et de la Turquie, nous devons soutenir les droits des minorités.

A) Ukraine

Le 22 février 2014, un coup d’état appuyé sur un fort mouvement social porte au pouvoir à la tête de l’Ukraine une alliance de pro-européens et de fascistes. Dès le lendemain, 23 février 2014, la vieille loi sur les langues régionales est abrogée. Le Parlement retire ainsi le statut de langue officielle au russe dans 13 des 25 régions ukrainiennes. Or, de 58 à 91 % de la population ukrainienne parle le russe, principalement dans les oblasts de Crimée (91%), de Donetsk (84%), de Louhansk(82%), de Kharkov (71%), de Dnipropetrovsk, d’Odessa (70%), de Zaporijia et de Mykolaïv.

Cette décision va enclencher un processus de mobilisation dans les territoires russophones et de répression militaire de la part du gouvernement de Kiev appuyé sur des groupes paramilitaires pro-nazis.

Au printemps 2014, les provinces du Donbass (grand bassin houiller et métallurgique) constituent la République populaire de Donetsk (7 avril), puis la République populaire de Lougansk (11 mai).

Sous la pression des Etats Unis, de l’Union européenne et de la Russie, le gouvernement ukrainien et les autorités du Donbass ont signé le 12 Février 2015 l’accord Minsk 2 qui prévoit en particulier d’introduire avant la fin 2015 une autonomie plus renforcée dans les territoires du Donbass (dont possibilité de former leurs propres forces de police et nommer leurs juges et procureurs).

Cette solution de type Etat fédéral est évidemment la seule viable dans l’état actuel des choses et doit être soutenue. Notons que Minsk2 maintient le Donbass dans le cadre de l’Etat ukrainien ; son autonomie pour la police et la justice ne va guère plus loin que l’autonomie de chacun des 50 états des USA.

B) Turquie

Les populations arméniennes, kurdes et grecques sont présentes sur le territoire actuel de la Turquie depuis au moins trois à six millénaires. Venant du centre de l’Asie, les Turcs ont envahi ce territoire beaucoup plus tard.

L’état national turc s’est constitué dans les années 1890 à 1930 sur la base d’un refus total de prise en compte des populations d’origine devenues des minorités culturelles.

Le génocide arménien en fut la première conséquence.

24 avril 1915 : Le génocide arménien commence

L’éradication ethnique des populations grecques d’Asie mineure au début des années 1920 en fut la seconde conséquence catastrophique.

La guerre à outrance et sanglante menée depuis quarante ans contre les Kurdes en est la troisième étape.

Notons que la logique centralisatrice unificatrice nationaliste de chaque Etat conduit celui-ci à accorder des broutilles en guise de sauvegarde culturelle mais à tout faire en réalité pour éradiquer les langues et cultures minoritaires.

Depuis bien longtemps, les revendications culturelles kurdes auraient pu s’intégrer dans l’Etat national d’Ankara si des courants turcs d’extrême droite ne pesaient pas au sein de celui-ci.

Voir notre rubrique sur les Kurdes :

http://www.gauchemip.org/spip.php?r...

Jacques Serieys


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