2 juin 1793 Arrêter la Révolution française avec les Girondins ou vaincre avec les Montagnards

lundi 7 janvier 2008.
 

Premier texte ( causes) : Daniel GUERIN

Une forme d’ « état d’urgence politique »

« Deux mondes chevauchaient l’un sur l’autre dans la Révolution française »

Extraits de La lutte des classes sous la 1ère République

" La France de 1793 était, du point de vue de l’évolution des formes de production et de propriété, une combinaison hétéroclite d’éléments rétrogrades et d’éléments modernes, de facteurs qui retardaient sur la révolution bourgeoise et d’autres qui tendaient à enjamber la révolution bourgeoise. Les conditions archaïques de l’appropriation et de la culture du sol dans certaines régions comme la Vendée et la Bretagne avaient contribué à maintenir ces provinces dans la nuit de la servitude.

Par contre, les progrès de la technique, les débuts de la révolution industrielle, l’évolution économique qui avait concentré dans les villes, et surtout dans la capitale, face à une bourgeoisie déjà riche et puissante, une masse déjà considérable de travailleurs, avaient fait prendre aux sans-culottes (et notamment aux sans-culottes parisiens) sur les paysans de l’Ouest et du Midi une avance de plusieurs siècles. Paris comptait déjà, en 1793, plus de 700 000 habitants.

La France de la Révolution était double. Par bien des côtés, elle était encore la France du moyen âge. L’analphabétisme, la superstition, l’habitude séculaire de la soumission pesaient encore sur certaines populations.

Mais, en même temps, la France moderne se dégageait à pas de géant de la gangue du passé. Tandis que, dans les provinces arriérées, le féodalisme et le fanatisme n’étaient pas encore liquidés et que la révolution bourgeoise restait à faire, à Paris et dans un certain nombre d’agglomérations urbaines, une avant-garde laborieuse, poussée par l’aiguillon de ses intérêts matériels, exaspérée, au surplus, par la vie chère et la disette, conséquences de l’inflation monétaire, tenta plus ou moins confusément (et, en fin de compte, vainement) de franchir les bornes de la révolution bourgeoise.

Deux mondes chevauchaient l’un sur l’autre : dans la voiture même qui conduisait Louis, roi par la grâce de Dieu, à l’échafaud, avait pris place, en tant que représentant de la Commune parisienne, l’enragé Jacques Roux, pionnier (encore balbutiant) de la révolution prolétarienne.



Deuxième texte Robespierre

L’entrée du peuple dans l’histoire

Intervention populaire et changement politique dans la Révolution française

L’apprentissage de l’élection et l’éveil de la vigilance civique

« Vous allez confier à un petit nombre d’entre vous vos libertés, vos droits, vos intérêts les plus précieux ; sans doute vous vous proposez de les remettre en des mains pures ; mais quels soins, quelle vigilance, vous devez apporter pour apercevoir la plus légère tâche qui aurait pu les flétrir ! Prenez-y garde, le choix est difficile ; il m’épouvante lorsque j’entreprends l’énumération des vertus que doit avoir un représentant du tiers état. [...]

Défiez-vous du patriotisme de fraîche date, de ceux qui vont partout prônant leur dévouement intéressé, et des hypocrites qui vous méprisaient hier et qui vous flattent aujourd’hui pour vous trahir demain. Interrogez la conduite passée des candidats : elle doit être le garant de leur conduite future. Pour servir dignement son pays, il faut être pur de tout reproche. [...] »

ROBESPIERRE, adresse aux citoyens d’Arras, pendant l’élection des représentants aux Etats-généraux et la rédaction des cahiers de doléance (Robespierre se met au service de la corporation des savetiers et cordonniers, la plus pauvre d’Arras, pour les aider à rédiger leurs cahiers). Mars 1789


Troisième série de textes

Une révolution qui échappe à tous ceux qui veulent la finir

1) « La Révolution est finie. Il faut la fixer et la préserver en combattant les excès. Il faut restreindre l’égalité, réduire la liberté et fixer l’opinion. Le gouvernement doit être fort, solide, stable ».

17 mai 1791, Adrien DUPORT (qui forme avec Barnave et Lameth un « triumvirat » à la tête des patriotes modérés, favorables à une monarchie parlementaire, dans l’Assemblée constituante puis la Législative)

2 « La Révolution vient de s’achever, hâtons-nous d’assurer ses bienfaisants effets. Nos représentants ont juré la Liberté, l’Egalité, elles ne doivent plus être séparées, c’est par elles que vous devez faire aimer les lois. Plus d’excuse, plus d’hésitations, plus d’espérances criminelles. »

Lettre du Ministre de l’Intérieur ROLAND ( girondin)adressée aux administrations le 16 août 1792.

3) L’accélération du temps politique dans la dynamique révolutionnaire

« Nos descendants auront du mal à croire que la nation française ait pu faire une révolution en si peu de temps. »

« La force des choses nous conduit peut-être à des résultats auxquels nous n’avions point pensé. »

LEPOUTRE, député à l’assemblée constituante, décembre 1789


Quatrième série de textes

Ceux qui dirigent la Révolution

1) SAINT JUST, 26 février 1794

« Nous avons consommé 6 siècles en 6 années. »

2) BOISSY D’ANGLAS, 1794

Le moteur populaire de la révolution

« Nous devrons encore une fois notre salut au peuple parisien ».

3) BOULLE, député à l’assemblée constituante, pendant les journées d’octobre 1789

« Qu’importe ces hommes qui ont marqué la révolution, ce n’est pas quelques hommes qui l’ont faite, mais la nation tout entière. »

4) BOISSY d’ANGLAS, député, 14 janvier 1791

« Il faut très impérieusement faire vivre le pauvre, si vous voulez qu’il vous aide à achever la révolution. »

5) Jean BON SAINT ANDRE, député du Lot à la Convention, 26 mars 1793 (en réaction à la politique libérale des Girondins, en pleine crise des subsistances)

« Les dangers intérieurs viennent des bourgeois ; pour vaincre les bourgeois, il faut rallier le peuple. »

6) ROBESPIERRE, dans son carnet, pendant les journées des 31 mai - 2 juin 1793

« Le peuple témoigna sa reconnaissance par ses nombreux applaudissements à ce décret [le décret de la Convention qui indemnise les citoyens modestes pour leur permettre d’assister aux réunions de section et les limitent à deux par semaine]. [...] Les artisans & la classe honorable des ouvriers ne peuvent pas toujours assister aux assemblées, où leurs intérêts les plus chers sont traités ; qu’il n’y ait que deux assemblées de sections par semaine, ils pourront alors y siéger ; mais comme le citoyen pauvre ne peut pas faire le sacrifice de ces deux journées, nous avons décrété une indemnité qui assure la subsistance de sa famille, tandis qu’il s’occupe des grands intérêts de la patrie. »


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