Education : Philippe Meirieu, le coupable idéal

jeudi 12 juin 2008.
 

« Le coupable idéal »

L’école va mal, va très mal, et le coupable, c’est lui.

Il a participé au Conseil National des Programmes heureusement disparu, nous dirons qu’il a bradé des savoirs auxquels il ne croit pas.

Il a contribué à mettre en place, y compris au niveau du bac, des formes de « travaux collectifs », nous dirons qu’il s’efforce par tous les moyens de maintenir nos élèves dans l’évitement du vrai savoir.

Il est devenu une référence pour la formation des maîtres, nous dirons qu’il a formaté les esprits des jeunes enseignants en les enfermant dans des dogmes qu’il leur est interdit de contester.

Il a disséqué l’acte d’apprendre et d’enseigner, nous dirons qu’il a privé les maîtres de leur juste conscience d’exercer un art personnel, indicible, supérieur à tous.

Il a expliqué comment on pouvait différencier, nous dirons qu’il est à l’origine du vaste nivellement par le bas à l’œuvre dans une école qui n’ose plus exclure personne.

Il a montré qu’on pouvait enseigner autrement, nous dirons qu’il a découragé et culpabilisé des centaines d’enseignants en imputant l’échec de cancres et trublions patentés au manque de savoir-faire de leurs maîtres.

Et c’est ainsi que répètent à l’envi, non seulement ses traditionnels adversaires, mais certains journalistes décidément bien peu spécialistes malgré leur titre : c’est la faute à Meirieu ! Avec une assurance ahurissante, une envoyée de Marianne lui lance récemment lors de Ripostes : « Et voilà l’école que vous avez faite, M. Meirieu ! ». On croit rêver devant un tel déni de la réalité... Des gens qui n’ont pas lu sérieusement un ouvrage de pédagogie ni ne sont allés voir ce que sont les classes ordinaires répètent paresseusement, parce que ça fait bien, parce que ça évite de penser, que l’école va mal en raison d’un mélange de démission et d’impuissance savamment entretenues.

Si les profs sont malheureux, si à l’école tout n’est que jeu, si à Pisa nous sommes piteux... c’est la faute à Meirieu. Pas terrible, mais ça marche !

Florence Castincaud, Revue Les Cahiers Pédagogiques


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