ATTAC La mondialisation de quoi, comment, pour qui ? (1 Introduction)

vendredi 25 août 2006.
 

Dans sa forme la plus générale, la mondialisation est un processus ancien. Les grands empires de l’Antiquité avaient poussé leurs conquêtes aussi loin que leurs armées pouvaient les porter. Plus tard, les empires coloniaux, au nom de l’intérêt supérieur de la métropole, ont imposé leurs lois et leurs priorités à l’ensemble des continents de la planète.

Dans sa phase actuelle, la mondialisation n’est pas portée uniquement par des puissances politiques et leurs armées, mais par des empires privés, les corporations transnationales (CTN). Ce sont désormais les multinationales qu’on appelle aussi les transnationales, les banquiers, les financiers, les spéculateurs ou les investisseurs qui imposent leurs droits et qui, ce faisant, poussent les pouvoirs publics à redéfinir la gestion de l’économie nationale. La création d’entreprises géantes transforme complètement les règles du jeu économique.

Mais la mondialisation, c’est aussi la globalisation des marchés financiers. La prépondérance du capital spéculatif sur le capital investi dans la production directe est un révélateur de ce phénomène. Actuellement, plus de 95% des capitaux en circulation dans le monde sont de type spéculatif alors que cette proportion était de 10% au début du siècle. Les spéculateurs font circuler leurs capitaux à la recherche de profits à très court terme en jouant sur la fluctuation des monnaies et de la Bourse. Ils peuvent ainsi bouleverser l’économie d’un pays, comme ce fut le cas au Mexique en 1994-95, comme ce fut le cas récemment en Asie du Sud-est et comme c’est le cas présentement au Brésil et en Amérique latine.

Une des caractéristiques centrales du nouvel ordre mondial, c’est la transformation du rôle de l’État qui privilégie désormais le soutien aux entreprises et non plus le développement social. Parallèlement, les écarts croissent entre pays riches et pays pauvres d’une part, et d’autre part entre riches et pauvres à l’intérieur d’un même pays. Un double phénomène qui a conduit à l’émergence de ce que l’on identifie comme la pauvreté absolue.

Dans la première partie du document, nous allons nous pencher sur les quatre grands acteurs de la mondialisation, à savoir les gouvernements, les organisations internationales, les grandes entreprises et les forces de changement social. Bien sûr, ces acteurs n’ont pas le même poids, puisque trois d’entre eux sont les véritables vecteurs de la mondialisation, tandis que l’ensemble des forces sociales, même s’il représente l’immense majorité en termes de nombre, représente un contrepoids dont les revendications demeurent encore dispersées et faibles face au pouvoir conjugué des trois autres.

En deuxième partie, nous décrirons quelques instruments de la mondialisation. Nous commencerons avec ceux qui ont été retenus dans le contexte nord-américain, en particulier, à savoir les accords de libre-échange. Par la suite, nous aborderons les zones franches qui se sont développées à un rythme croissant depuis le début des années soixante dans les pays sous-développés pour attirer les investissements venus de pays développés. Enfin, nous traiterons des programmes et politiques d’ajustement structurel (PAS) qui ont été imposés par des organisations internationales à des pays sous-développés.

Dans la troisième partie, nous étudierons quelques effets négatifs ou quelques conséquences de la mondialisation des marchés. Parmi ces effets, nous retiendrons la question de l’emploi, les crises, l’appauvrissement, la militarisation et la détérioration de l’environnement.

Dans la quatrième partie, enfin, nous illustrerons à grands traits ce qui se passe ici et nous proposerons quelques pistes de réflexion susceptibles d’infléchir le cours de cette mondialisation économique pour y substituer une véritable mondialisation sociale.

Une idée centrale de la démarche proposée, c’est que l’international nous touche tous et chacun dans tous les aspects de notre vie quotidienne. Si l’international ou le mondial nous affecte à ce point, il faut alors intervenir pour changer nos conditions de vie et de travail au niveau local même. Il ne s’agit pas de deux dimensions séparées, mais bien de deux aspects du même phénomène : l’international, c’est nous tous ici pour ceux de l’extérieur, pour ceux et celles d’ailleurs.

En ce sens, l’international et le national sont deux facettes d’une seule réalité, la nôtre. Comme quoi l’international ou le mondial, c’est le local sans les murs !


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