Un colonel russe, violeur et meurtrier d’une jeune Tchétchène, libéré

vendredi 26 décembre 2008.
 

Dans la nuit du 26 au 27 mars 2000, alors que les forces russes occupent la quasi-totalité du territoire tchétchène, Boudanov, commandant du 160e régiment de blindé, se rend dans le village de Tangui-Tchou et enlève une jeune fille âgée de 18 ans, Elza Koungaïeva. Quelques heures plus tard, ses subordonnés découvrent dans son cantonnement le corps dénudé et sans vie de la jeune fille, qui a été étranglée.

Contrairement à d’autres crimes passés sous silence, celui-ci est révélé par l’état-major, qui veut restaurer l’image de l’armée russe, mise à mal par les accusations sur son attitude en Tchétchénie. Au terme d’une procédure judiciaire rocambolesque, Boudanov écope finalement, trois ans après les faits, d’une condamnation à dix ans de prison. Plusieurs rapports assurent qu’Elza Koungaïeva a été violée par son meurtrier, mais le qualificatif de viol ne sera finalement pas retenu parmi les chefs d’accusation.

INDIGNATION EN TCHÉTCHÉNIE

Boudanov n’a jamais nié le crime. L’officier assure tantôt avoir été victime d’un coup de folie, tantôt être convaincu que la jeune femme était une sniper. Dans un premier jugement, le colonel, soutenu par une partie de sa hiérarchie et plusieurs titres de presse, avait été jugé pénalement irresponsable au moment des faits. Pour nombre de Russes, sa condamnation demeure injustifiée. Les nationalistes le qualifient même de "héros".

En Tchétchénie, en revanche, l’annonce de sa libération a provoqué l’indignation. Jeudi, des centaines de Tchétchènes sont descendus dans les rues de Grozny. Militants de la branche locale du parti au pouvoir Russie unie, députés, journalistes et défenseurs des droits de l’homme tenaient des affiches où l’on pouvait lire "le meurtrier doit être en prison" ou "condamnation à perpétuité pour un violeur et un tueur".

"Plus de 4 000 personnes sont toujours portées disparues. Si la décision concernant Boudanov reste inchangée, ce chiffre augmentera", a déclaré Natacha Estamirova de l’ONG de défense des droits de l’homme Memorial. "Le problème n’est pas Boudanov, mais l’attitude de la justice russe à l’égard des Tchétchènes. Au moment de vérité on leur fait comprendre qu’ils ne sont pas des citoyens russes comme les autres", a de son côté estimé Nourdi Noukhajiev, médiateur tchétchène des droits de l’homme. Selon lui, Boudanov "ne s’est pas repenti". "Derrière les barreaux, il a menacé le père d’Elza Koungaïeva", s’est-il indigné.


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