Front de Gauche pour changer l’Europe, où en est-on ?

samedi 31 janvier 2009.
 

Dès sa création le Parti de Gauche a appelé au Front de gauche pour les Européennes. On nous avait prédit un échec sur toute la ligne. On nous annonçait que le PC serait incapable de s’ouvrir dans un cadre d’égalité avec d’autres. On nous assurait que le NPA refuserait notre offre sans même en débattre. On nous promettait que la création du PG serait vécue comme une concurrence de plus et contribuerait à l’éparpillement de l’autre gauche. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Grâce au dialogue que nous avons mené sans exclusive et dans le respect des positions de chacun, aucune de ces prévisions ne s’est réalisée. Au contraire, le Front de gauche a beaucoup avancé.

Dès la mi-novembre, le PCF et le PG ont déclaré ensemble dans une conférence de presse leur volonté de s’unir pour les Européennes tout en expliquant leur volonté de ne pas s’enfermer dans un « tête à tête » mais d’ouvrir cette alliance à toutes les forces s’opposant à la fois au traité de Lisbonne et œuvrant pour une autre Europe sociale, écologie et démocratique. Le Front de Gauche devenait concret.

En décembre le congrès du PCF confirmait clairement, et très majoritairement, cette ligne.

ET DEPUIS ?

Les rencontres avec les Forces de gauche (décembre - janvier )

Le Parti de Gauche a entrepris la rencontre de tous les partis politiques qui avaient appelé à voter, globalement sur ces bases, contre le TCE. Dans l’ordre chronologique nous avons dialogué avec les Alternatifs, le P.O.I, le NPA et le MRC. D’autre part nous avons rencontré des réseaux et structures : le M’PEP (créé par d’anciens dirigeants d’Attac), la Coordination Nationale des Collectifs Unitaires (CNCU), l’Association des Communistes unitaires. Nous avons eu également des contacts avec les écologistes de gauche dont Martine Billard (Ecologie Solidaire, députée Vert de Paris) qui a accepté de participer à notre forum sur la planification écologique.

Avec Lutte Ouvrière, qui vient juste de répondre à notre demande de rencontre et que nous verrons début février, nous aurons fait « le tour » de toutes les forces susceptibles de participer (ou soutenir) des listes unitaires aux Européennes sur un contenu en rupture avec le traité de Lisbonne.

A ce jour, à des degrés certes divers, tout reste ouvert avec l’ensemble de ces forces. Même celles que l’on prédisait les moins disposées à l’unité aux européennes n’ont pas fermé la porte. Cela démontre que la crise renforce la nécessité de l’unité des forces antilibérales et interpelle tout le monde. Les premiers sondages indiquent d’ailleurs le potentiel de l’Autre gauche : un récent sondage IFOP donne ainsi un total de 14,5% à une éventuelle liste commune du PCF, du PG, du NPA, de LO et des Alternatifs, avant même toute dynamique de campagne. Il est donc réaliste d’affirmer que rassemblés l’autre gauche pourrait être en tête du vote populaire !

Rien n’est cependant fait et il est difficile aujourd’hui de déterminer le périmètre du Front de Gauche à l’arrivée. Il y aura au moins le PCF et le PG. Cela constituerait déjà un rassemblement unitaire unique et inédit. Nous assumerions avec fierté cette unité avec nos camarades communistes et en ferions le moteur d’une mobilisation citoyenne et populaire. Mais nous travaillons activement pour que le Front de Gauche soit plus large encore. Nous pensons que c’est un objectif crédible. C’est pourquoi nous commençons à organiser avec nos partenaires des meetings communs en proposant à chaque fois aux autres forces de les co-organiser ou au moins d’intervenir. Montpellier le 5 février, Marseille le 10, Douai le 21 seront des étapes importantes. Un Zénith à Paris devait lancer la campagne nationale début mars.

Les réponses varient selon les mouvements qui n’avancent pas les mêmes interrogations. Voilà les positions résumées (les comptes rendus détaillés sont disponibles sur le site) de ces différentes forces et nos réponses :

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Les Alternatifs ont dit leur volonté de travailler à la réussite du Front de Gauche même s’ils réservent encore leur réponse finale. Ce parti, qui fut à la charnière de la campagne présidentielle de José Bové, représente une composante importante car elle représente une sensibilité autogestionnaire qui participe de la richesse de la gauche.

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le POI a mis cette question à l’ordre du jour de son Conseil National du 17 janvier. Leur réponse a été de nous proposer une nouvelle rencontre tout en indiquant ajouter les conditions suivantes au refus du traité de Lisbonne que nous avancions comme condition de base : abrogation du traité de Maastricht-Amsterdam, sortie des institutions européennes qui y sont liées et abrogation des directives.

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Au NPA nous avons dit notre volonté de ne poser aucun préalable à la discussion. Nous leur avons notamment demandé de formuler la proposition de Front durable qu’Olivier Besancenot semble « opposer » au Front de gauche. Nous avons compris de leur part ce front comme un processus liant mobilisation et élections jusqu’aux élections régionales. Nous leur avons dit que nous pourrions ouvrir une discussion sur cette proposition dès lors que Front durable irait des européennes jusqu’aux présidentielles, élection autrement plus engageante et importante que les régionales. Notre Congrès sera l’occasion de renouveler notre proposition au NPA, qui réunit son Congrès une semaine après le notre.

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Le MRC nous a indiqué son souhait d’une alliance de toute la gauche, y compris du PS. Nous leur avons dit ce qu’était pour nous à la fois irréaliste et non souhaitable car cela revenait à faire l’impasse sur le refus du Traité de Lisbonne. Leur réponse est pour le moment « ni oui, ni non ».

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Le M’PEP a dit sa volonté d’intégrer le Front de Gauche

- Le réseau des objecteurs de croissance (OC), animé notamment par Paul Ariès, nous a fait part de son souhait de dialogue et de convergence avec le FDG, nous allons les rencontrer prochainement.

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La CNCU et les Communistes unitaires ont exprimé eux la volonté de s’associer au Front de Gauche. L’Association des Communistes Unitaires seraient prêts à y œuvrer s’il ne s’agit pas d’un simple accord « d’états-majors politiques » (dixit). La situation de double appartenance de ces mouvements, et notamment de l’A.C.U, pose cependant des interrogations dans le cadre d’une alliance électorale, en particulier vis-à-vis du Parti dont la plupart de ses membres font partie. Lors de notre rencontre nous nous en sommes ouverts avec franchise.

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Pour le moment les structures qui représentent les courants gauche des Verts, Alterekolo de Francine Bavay et Ecologie Solidaires de Martine Billard, s’ils ont décidé de ne pas soutenir la liste Cohn-Bendit/Bové ne paraissent pas pour autant enclin à intégrer une autre liste. Martine Billard a cependant fait un geste fort en acceptant de participer le 24 janvier à notre Forum pour la Planification Ecologique. Il est évident que cette sensibilité aurait toute sa place dans l’alliance.

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Enfin, on trouve dans les régions plusieurs réseaux, associations, acteurs du mouvement social, personnalités qui pourraient se montrer disponibles à la constitution de comités régionaux ou locaux du Front de Gauche.

Le Front de Gauche pour changer d’Europe se concrétise avec le PCF

Une rencontre de travail avec le PCF qui a donné lieu à un communiqué de presse le 21 janvier a permis d’accélérer le Front et de lui donner un nom définitif : FRONT DE GAUCHE POUR CHANGER D’EUROPE.

Nos deux partis ont décidé d’agir pour ouvrir largement ce Front en proposant de rencontrer ensemble les forces susceptibles de l’intégrer. Lors de ces rencontres nous proposerons à la discussion un texte qui servira de base à la plateforme électorale et la co-fondation d’un Comité national de liaison. C’est un geste fort qui prouve qu’il n’y a pas volonté d’un "tête à tête" mais au contraire une démarche ouverte.

L’appel unitaire « Ce n’est pas à la population de payer la crise »

Un texte en commun sur les licenciements et de soutien aux mobilisations dont le 29 janvier vient d’être signé par le NPA, le PCF, le PG, les Alternatifs... C’est une heureuse nouvelle. Ce n’est pas un simple appel unitaire à la mobilisation, il s’engage sur des premières mesures d’urgence. Cette quasi plateforme démontre que ces forces sont capables de proposer quelque chose ensemble. C’est un début mais il prouve l’unité possible. Dès lors que l’on peut imaginer porter en semble ces mesures devant les portes des entreprises, comme l’espérait très justement Olivier Besancenot à la conférence de presse de lancement de cet appel, il devient plus réaliste de penser faire de même lors des élections européennes.

Plus que jamais le Parti de Gauche sera un vecteur utile de l’unité et des combats sociaux, un trait d’union facilitateur du rassemblement. Mais ce travail unitaire et indispensable envers les forces organisées ne doit pas occulter l’aspect fondamental de cette campagne : il est plus que jamais nécessaire de s’adresser à tous ceux qui se mobilisent dans leurs syndicats et associations, qui souffrent de la crise, et plus globalement à la population à commencer par les classes populaires.

Eric Coquerel, Secrétaire National chargé des Relations extérieures et unitaires


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