L’urgence sociale absolue : remédier au mal-logement

dimanche 22 mars 2009.
 

Face à une situation de pauvreté et de précarité accrues, toutes les associations caritatives et d’insertion soulignent le rôle essentiel du logement pour s’en sortir : Sans logement permanent décent, peu de chances de trouver ou de retrouver du travail, d’avoir une vie de famille stable, une scolarisation normale des enfants, une vie sociale et citoyenne active. C’est par le logement que, bien souvent, s’opérent les processus conduisant à la dignité et à la volonté de réagir face à l’adversité.

Une situation qui s’aggrave et qui fragilise davantage des millions de personnes

Le rapport 2009 de la Fondation Abbé Pierre est accablant parce qu’il met en évidence la gravité extrême de la situation actuelle et les carences graves de la politique gouvernementale :

3,5 millions de personnes non ou mal logées en 2009 et 6, 5 millions de personnes en situation de fragilité vis-à-vis de l’occupation de leur logement ; de nouvelles dimensions dans la crise du logement qui contribuent à accroître les inégalités :

* - Une crise de l’accès au logement qui touche les ménages les plus fragiles mais aussi de nombreux ménages des classes moyennes ;

* - Une crise du maintien des ménages dans leur logement face à l’augmentation des dépenses de loyer et de charges ;

* - Une crise de la mobilité résidentielle correspondant à une nouvelle ligne de fracture entre ceux qui peuvent choisir leur logement, leur lieu d’habitat, et ceux qui ne le peuvent pas.

Il est clair que la crise économique et sociale qui démarre va encore aggraver une situation qui était déjà critique.

Ces derniers jours, les associations comme Emmaüs, Droit au Logement, le Secours catholique, les Enfants de Don Quichotte, ...., se sont mobilisées pour :

- demander un moratoire sur les expulsions locatives qui vont reprendre du fait de la fin de la trêve hivernale,

- dénoncer les mesures régressives de la loi Boutin à ce propos (par exemple la réduction de 3 à un an le délai pendant lequel le juge peut repousser l’expulsion définitive)

- et s’indigner de la non tenue des engagements de l’Etat sur l’aide aux personnes sans abri et mal logées (Sur 100 mesures urgentes annoncées, 37 seulement de mises en œuvre.

Les estimations faites montrent qu’on va en 2009, avec la montée du chômage, vers un chiffre de 700 000 à 1 million de personnes en situation d’impayé de plus de deux mois. Dans ces conditions, le moratoire demandé est une nécessité immédiate

Personne n’est dupe de la déclaration du Ministre C.Boutin « Pas d’expulsion sans relogement ». Cela revient, faute de construction suffisante de logements sociaux à changer un habitat permanent pour un habitat précaire. Et, comme pour la loi DALO, l’Etat ne tiendra pas ses promesses ; on n’en veut pour preuve que la diminution des crédits réservés aux fonds départementaux d’aides aux locataires et propriétaires en difficulté.

Le Parti de Gauche soutient pleinement les revendications des associations de lutte contre le « mal-logement » et s’associera à la poursuite nécessaire de cette mobilisation

Par delà cette question des expulsions locatives et de l’absence de réponse de l’Etat aux difficultés des plus fragiles, c’est bien toute la politique nationale du logement suivie par N.Sarkozy et son gouvernement qui est en cause : Malgré un diagnostic établi par l’ensemble des acteurs sur la gravité de la situation-« les Etats Généraux du logement »-, la loi Boutin « de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion » non seulement ne règle rien sur l’exclusion, mais se traduit de fait par une ségrégation sociale accrue, favorise le désengagement financier de l’Etat et ne s’attaque à aucune des raisons qui font que le budget logement est de plus en plus lourd à supporter pour tous les ménages moyens et modestes. Elle s’accompagne par une baisse réelle des crédits d’Etat réservés aux logements sociaux avec une recherche desespérée de trouver des recettes ailleurs, notamment dans le 1% logement, ce qui ne représente qu’une solution à courte vue ; ce recul se traduit aussi par un pouvoir solvabilisant plus faible de l’APL.

C’est pourquoi, dans le cadre de son plan d’urgence face à la crise le Parti de Gauche a demandé une série de mesures en faveur du logement social confortant le droit à un logement pour tous, et notamment :

Recours aux logements vacants, suppression du dépôt de garantie pour les locataires et garantie du maintien dansles lieux, moratoire sur les prêts-relais. Blocage des loyers pour deux ans. Baisse desloyers de 10% dans les zones ayant enregistrées les plus fortes hausses depuis cinq ans.Indexation des loyers sur le coût de la vie. Construction de centres d’hébergementd’urgence en chambre individuelle ou familiale. Substitution immédiate de l’État auxmunicipalités pour la mise en application effective de la loi SRU, quand celles-ci ne votent pas un plan visant les 20% de logements sociaux.

Pour une remise à plat radicale de la politique sociale du logement

Face à cette énorme crise qui mine la société toute entière, on ne saurait s’arrêter aux mesures d’urgence ; c’est toute la politique du logement qui appelle des changements structurels profonds pour :

* - Augmenter la construction de logements sociaux dans un esprit de mixité, mieux répartis sur le territoire et convenant à une large palette de ménages, et surtout les plus fragiles ; ce qui signifie revoir complétement les mécanismes financiers pour l’habitat social

* - Permettre aux autorités publiques de mieux contrôler le foncier, de planifier une accélération de la construction de logements, de lutter contre la spéculation en cassant les mécanismes de rente au profit des propriétaires,

* - Solvabiliser les ménages les plus modestes pour faire en sorte de déboucher sur un taux de 18% du poste logement dans le budget des ménages (contre 27% actuellement)

* - Engager un programme ambitieux d’amélioration de l’habitat dans une optique d’économie d’énergie, de prise en compte des exigences environnementales et d’amélioration de la santé des occupants

* - Lutter contre la ségrégation urbaine et promouvoir le droit à la ville et à la mobilité

* - Revoir le système de production et de gestion du parc social pour donner corps à ce que devrait être unvrai « service public du logement »

Pour opérer cette remise à plat qui appelle des solutions radicales et coordonnées entre tous les échelons (Etat et collectivités) , le Parti de Gauche appelle tous les partis de gauche, les associations et les professionnels responsables à le faire ensemble au cours d’Assises de l’Habitat Solidaire et Durable pour Tous (prolongeant les Etats Généraux du logement en Ile de France dont la quatrième édition a eu lieu en Ile de France en Novembre 2008 ). Une invitation en ce sens sera lancée dans les prochains jours.

D’ores et déjà, la manifestation du 19 mars portera certaines revendications sur la lutte contre le chomâge, la revalorisation des salaires et des minima sociaux et sur un véritable Plan de Relance qui contribuent de fait, si elles étaient prises en compte, à réduire un peu l’énorme crise du logement à laquelle nous avons à faire face.


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