Historicité de Jésus 2 : Trois arguments apportent, à défaut d’une preuve matérielle impossible à obtenir, une présomption positive (Mordillat et Prieur)

jeudi 9 mai 2019.
 

La question de l’existence de Jésus est abordée dans le premier livre de Daniel Mordillat et Jérôme Prieur (Jésus contre Jésus, pages 39 à 41). Ils donnent un premier argument à la page 39 : « l’existence historique de Jésus n’a jamais été mise en cause par les premiers adversaires païens du christianisme ». Argument réfuté à la page suivante : « Les Juifs, pas plus que les Grecs ne se sont jamais aventurés, dans l’Antiquité, à discuter de l’existence ou de l’inexistence de Zeus, d’Apollon ou même d’Ulysse ». Bref, dans l’Antiquité on ne discutait pas de l’existence d’un personnage, ni de Jésus, ni des dieux de l’Olympe. Il faut chercher ailleurs. Il faut chercher dans les textes qui nous informent sur Jésus, essentiellement les quatre évangiles. M et P poursuivent donc : « Mais ce sont trois arguments liés aux textes chrétiens eux-mêmes qui, paradoxalement, à défaut d’une preuve matérielle impossible à obtenir, apportent la plus forte présomption en faveur de l’historicité de Jésus. » Effectivement, il ne s’agit que de présomptions :

« Premièrement, la crucifixion. “ Un scandale et une folie ”, pour reprendre les termes de Paul dans l’épître aux Corinthiens. Pourquoi les chrétiens auraient-ils imaginé ce mode d’exécution s’ils avaient inventé le personnage de Jésus, alors que ce châtiment alors typiquement romain les désignaient immanquablement comme les adorateurs d’un ennemi de Rome, au moment même où ils avaient besoin de ne pas s’aliéner l’Empire ?

Deuxièmement, le chef d’accusation inscrit sur la croix, “ roi des juifs ”. Pourquoi les chrétiens qui, au moment de la rédaction finale des Évangiles, sont amenés à se distancer du judaïsme auraient-ils reconnu pour “ Seigneur ” le “ roi des juifs ” ?

Troisièmement, les incohérences des textes. Pourquoi les sources chrétiennes seraient-elles si diverses et surtout si disparates, pourquoi seraient-elles semées d’anomalies, d’incompatibilités, de contradictions si elles résultaient d’un plan concerté, si elles étaient l’œuvre délibérée d’un groupe unique, si tout en elles visait à accréditer la fiction ? » Mordillat et Prieur, Jésus contre Jésus pages 40 et 41.

Non, cela n’est pas clair. M et P posent trois questions (écrivent trois fois « pourquoi ? »), ne répondent pas et sous entendent que cela conforte l’existence de Jésus. Les deux premiers points relèvent de l’argument de l’embarras, un classique des défenseurs de l’existence de Jésus. Cet argument affirme que les épisodes des évangiles qui paraissent embarrassants pour les chrétiens (par exemple, la crucifixion de Jésus) sont authentiques. La logique du raisonnement m’échappe. Si la Crucifixion les gênaient, les auteurs des évangiles avaient la possibilité de modifier l’histoire de Jésus. Qu’elle soit vraie ou pas n’y change rien. Si les mêmes auteurs avaient intérêt à présenter Jésus comme éloigné du judaïsme, ils pouvaient le faire. Que Jésus ait existé ou pas n’y change rien.

Pour le dernier point, les évangiles présentent effectivement de nombreuses invraisemblances et contradictions (voir mes chapitres 3, 4 et 5). Tournez les choses comme vous voudrez, l’idée que ces anomalies renforcent la crédibilité de ces textes est une absurdité.

Mordillat et Prieur s’arrêtent là. C’est tout, le problème est réglé, leurs lecteurs peuvent considérer que Jésus a existé.

Par Nicolas Bourgeois (auteur de l’ouvrage Une invention nommée Jésus) le dimanche 26 avril 2009


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