Sociaux-démocrates pour Barroso

dimanche 7 juin 2009.
 

A Tarbes mercredi nous étions cinq cents et à Perpignan jeudi nous étions plus de sept cents. A Agen vendredi où l’on nous prédisait une ambiance confidentielle, la salle était comble avec plus de quatre cents personnes entassées dans une chaleur suffocante ! Pour le Front de gauche donc carton plein sans discontinuer depuis quatre mois. Mais à côté de cela, il semble que les commentaires sur les élections européennes concentrent leurs feux de façon très exagérée sur les rivalités égotiques internes du PS. Jamais les analyses ne vont à la racine politique des difficultés et débats politiques qui en constituent pourtant la matrice. J’y viens donc avec une nouvelle étonnante concernant la reconduite de José Manuel Barroso par les socialistes allemands. De même je note que les difficultés de la droite UMP, le rétrécissement spectaculaire de sa base électorale à moins du quart des électeurs est tout juste survolé par les analystes. Pourtant cette suspension du pouvoir au dessus du vide de l’abstention, combinée à une mise en minorité de fait devant le total des intentions de vote à gauche, est la prémice de cette crise politique qui est à l’ordre du jour. Du reste, la campagne électorale de l’UMP, loin d’être une promenade de santé est plutôt un ratage et une démonstration d’inefficacité qui est vraiment nouvelle à l’UMP depuis que Nicolas Sarkozy l’a formatée. C’est pourquoi la dernière crise d’agitation sécuritaire du gouvernement doit être mise en perspective dans son contexte.

NAÏFS !

On ne nous croyait pas vraiment. Quand bien même les éléments de preuves s’accumulaient le doute subsistait. Le PS l’a nié pendant des semaines. Peut-être va-t-il continuer. Pourtant les faits sont là. Après avoir reçu le soutien des principaux gouvernements sociaux-démocrates (portugais, espagnol et britannique), le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, bénéficie désormais du soutien de fait du plus grand parti social-démocrate d’Europe, le SPD allemand. Par la bouche de son président Franz Müntefering qui s’exprimait lors d’une conférence de presse à la Foreign Press Association à Berlin mercredi 27 mai. Pour que les sceptiques se fassent leur opinion sur pièce, je reproduis ici la dépêche publiée à ce sujet par la très sérieuse agence Reuters :

Reuters économique. Mercredi 27 mai 2009 - 17:31:40 GMT - par Erik Kirschbaum

UE -Le SPD allemand juge inutile d’opposer un candidat à Barroso

BERLIN, 27 mai (Reuters) - Le chef du parti social-démocrate allemand a estimé mercredi qu’il ne serait guère utile pour le bloc socialiste au parlement européen de proposer un candidat à la tête de la Commission européenne. Selon le président du SPD, Franz Müntefering, la réélection à ce poste et pour un deuxième mandat de cinq ans du conservateur José Manuel Barroso ne fait en effet aucun doute. Müntefering a déclaré à des journalistes que Barroso s’était montré compétent à la tête de l’exécutif européen et rappelé qu’il disposait du soutien de plusieurs gouvernements socialistes européens, au Portugal, son pays, mais aussi en Espagne. Interrogé sur l’éventualité que le Parti socialiste européen présente un candidat face à Barroso, le chef du SPD a répondu : "Quel en serait l’intérêt ?" "Une telle action serait naïve. Il y a 27 pays dans l’Union européenne dont 21 sont dirigés par des gouvernements conservateurs. Et au moins deux autres, le Portugal et l’Espagne, sont pour Barroso. Croyez-vous que les quatre restants devraient présenter un candidat ? "Müntefering a ajouté que son parti espérait une place au sein de la prochaine commission pour l’Allemand Martin Schulz, actuel président du groupe socialiste au parlement européen. Le SPD et l’Union chrétienne-démocrate allemande (CDU), qui se partagent le pouvoir à Berlin dans un gouvernement de coalition, peinent à s’entendre sur le prochain membre allemand de la Commission. L’actuel, Günther Verheugen, appartient au SPD. Il détient le portefeuille de l’Industrie. "Jusqu’ici nous avons eu une coopération étroite (avec Barroso) et je ne vois pas qui pourrait l’arrêter s’il est à nouveau présenté par les conservateurs", a déclaré Müntefering. Barroso, qui ne s’est pas officiellement déclaré candidat, avait cependant lui-même indiqué bénéficier du soutien du Portugal et de l’Espagne, ainsi que du gouvernement travailliste britannique. Le PS français fait quant à lui campagne contre la réélection de Barroso à la tête de l’exécutif européen. » (Version française Gregory Schwartz)

LE PLAT DE LENTILLE

Vous avez bien lu. Non seulement il n’y aura pas de candidature alternative du PSE face à Barroso mais la « coopération étroite » des sociaux-démocrates avec la droite va continuer pour gérer la Commission. Se référant à d’autres sources, le journaliste Jean Quatremer, le correspondant à Bruxelles de « Libération », toujours très ami intime des sociaux démocrates, donne une clef pour comprendre cette évolution du SPD. Sur son blog il révèle que le soutien du SPD à Barroso, et donc la neutralisation de toute velléité de candidature alternative du PSE, serait acquis en échange d’un poste de commissaire pour Martin Schulz. Tel quel. Martin Schultz est l’actuel président du groupe socialiste au parlement européen. C’est lui qui dénonçait à Toulouse, au meeting des socialistes français ceux qui comme Bayrou « parlent comme Karl Marx en France » et votent avec les libéraux en Europe. Voilà le genre de politicien sans conviction qu’est ce « socialiste » qui rêve d’être membre de la prochaine ‘équipe Barroso ! Voilà à quoi sont appelés à donner leur appui les électeurs socialistes à qui l’on a chanté depuis le début de la campagne les merveilles du « stop Barroso » des socialistes français et de leur « Manifesto », programme commun des socialistes des 27 pays de l’Union ! Évidemment je ne peux manquer de rappeler ici la brillante trouvaille de Pierre Moscovici, qui s’était aventuré le 22 mai sur Radio Orient à proclamé que « le PSE a voté contre M.Barroso et toujours voté contre M.Barroso ». Mensonge pour le passé et donc dorénavant mensonge pour le futur immédiat ! Et bien sûr le moment est venu de lui retourner, preuve en main à présent, le compliment qu’il m’avait adressé en déclarant : « toute voix qui se porte sur le NPA d’Olivier Besancenot ou sur Mélenchon est une voix en moins pour le parti socialiste et donc une voix en plus pour Barroso ». Avec ce nouveau renoncement des sociaux-démocrates on mesure pour finir qu’il n’y a pas d’autre moyen pour changer l’Europe que de changer la gauche.


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