Du RSA au « Grand marché transatlantique », la cohérence de « l’emploi jetable »

samedi 13 juin 2009.
 

Depuis quelques jours, sur nos écrans de télévision, le gouvernement a lancé une grande campagne pour populariser la généralisation du Revenu de Solidarité Active (RSA). La phase d’expérimentation est parvenue à son terme et, sans qu’une réelle évaluation du dispositif ait été menée à bien, les Conseils généraux sont tenus de mettre en ouvre cette mesure. Quand on connaît la réalité économique et sociale des Lacs de l’Essonne, on ne peut que se féliciter qu’un effort soit fait en faveur du pouvoir d’achat de nos concitoyens les plus en difficulté. Hélas, le RSA est bien loin de répondre à cette exigence !

Je ne reviendrai pas sur le mode de financement du RSA, qui a fait couler déjà beaucoup d’encre. Je sais qu’il est inquiétant pour l’avenir de la réforme et sa pérennité à l’heure où les transferts de compétences de l’État vers les collectivités territoriales sont rarement compensées à l’euro près comme la loi la prévoit.

Ce qui me préoccupe en premier lieu c’est que la réalité du RSA, au final, c’est la prime à la précarité pérenne. Plus qu’une incitation à la reprise d’emploi, le RSA est surtout une incitation envers les employeurs, auquel l’État verse un complément de salaire pérenne pour leurs emplois à temps partiels... C’est une prime aux petits boulots, devenus plus attractifs pour les employeurs, alors qu’e ces petits boulots sont eux-mêmes responsables de la pauvreté salariale.... qu’on prétend combattre. De fait, pour les entreprises, notamment les groupes utilisant beaucoup de main-d’ouvre (dans le nettoiement ou la sécurité, par exemple), le complément de revenu assuré par le RSA peut aisément les dispenser d’embaucher à un salaire décent.

En ce sens, les grandes déclarations du gouvernement et de la majorité parlementaire sur le « travailler plus pour gagner plus » se heurtent à la réalité. C’est bien de la généralisation de l’emploi précaire, de l’emploi jetable, dont il est question. Il y a une vraie cohérence, au demeurant, avec les textes adoptés dernièrement au Parlement européen, notamment celui mettant en ouvre le « Grand marché transatlantique » * avec les Etats-Unis. Il s’agit rien de moins que de procéder à l’alignement des normes commerciales, mais surtout sociales, entre les Etats-Unis et l’Europe, présentée pourtant comme un contre-modèle au mode de développement libéral en vogue outre-Atlantique. En bref, du RSA au « Grand marché transatlantique », la cohérence est celle de l’emploi précaire généralisé


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