Où chantent les écus vont les bénédictions (Juan Ruiz)

jeudi 14 janvier 2016.
 

Rédigé par Juan Ruiz, archiprêtre de Hita (1283 à 1350 environ), ce poème dénonce violemment la duplicité du clergé qui dénonce les tentations et prêche la pauvreté mais pratique l’inverse.

Ce texte a été chanté par Paco Ibáñez sous le titre Lo que puede el dinero (cliquer sur l’adresse URL portée en source pour l’écouter). Il fait partie d’un ouvrage connu : Le livre du bon amour, rédigé par Juan Ruiz dans la prison où l’avait enfermé Gil Albornoz, archevêque de Tolède.

Traduction du poème original de Juan Ruiz (extrait)

Il n’est point d’imbécile, de rustre, de croquant,

Que l’argent ne transforme en très noble savant ;

Plus l’animal est riche, plus grande est sa valeur,

Et plus la bourse est plate, plus petit le seigneur.

*

Si tu as des doublons, tu auras consolation (des péchés),

Plaisirs et allégresse et prébendes papales,

Tu iras en paradis, gagneras ton salut,

Où chantent les écus vont les bénédictions.

*

Les prieurs, les évêques, les abbés, il les fait

Archevêques, docteurs, patriarches, potentats,

Aux prêtres imbéciles il rend la dignité,

Vérité fait mensonge, mensonge vérité.

*

Il fait beaucoup de prêtres et beaucoup d’ordonnés,

Force moines et soeurs, religieux consacrés.

Cet argent qui les donne pour les prédestinés,

Aux pauvres on a dit qu’ils n’étaient pas doués.

*

J’ai vu bien des abbés en leur prédications

Mépriser la fortune avec ses tentations

Mais enfin, si l’on paie ils donnent leur pardon

Et dispensant du jeûne ils chantent l’oraison.

*

Frères et prêtres disent qu’ils aiment servir Dieu

Mais qu’ils flairent qu’un riche va mourir sous peu,

Que sa fortune risque d’aller sous d’autres cieux,

Et les voilà qui tirent tous les marrons du feu...


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