1er mars 1382 Soulèvement des Maillotins à Paris

jeudi 16 août 2007.
 

Le 1er mars 1382, les bourgeois de Paris, marchands, artisans et notables, s’assemblent et prennent à parti les agents du fisc mais aussi les juifs. C’est le début de la révolte des « Maillotins », la plus grave des révoltes fiscales de cette fin du Moyen Âge, en France.

Embellie au royaume de France

Sous le précédent règne, la France avait commencé à se remettre d’un douloureux conflit avec les Anglais grâce à Charles V le Sage et à son connétable, le breton Bertrand Du Guesclin. Elle avait été débarrassée des Anglais, qui ne tenaient plus que cinq ports : Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux et Bayonne, ainsi que des Grandes Compagnies, épuisées par la guerre en Espagne. C’était le début d’une longue embellie dont témoignent les enluminures des Très riches Heures du duc de Berry. Le conflit entre les monarchies anglaise et française aurait pu s’arrêter là.

Charles VI n’a pas tout à fait 12 ans quand il succède à son père, le 16 septembre 1380. Il est sacré à Reims selon l’antique coutume le 4 novembre 1380. Les habitants de la ville saluent le sacre par les cris de « Vive le roi de France ! Montjoie Saint Denis ! » C’est qu’ils viennent d’apprendre, à leur grande satisfaction, qu’est confirmée la suppression des fouages décidée à la fin du règne précédent (les fouages étaient un impôt extraordinaire perçu sur chaque ménage (on dit aussi feu ou foyer).

Une régence détestée

Mais le roi étant encore mineur à son avènement, ses puissants oncles, Louis d’Anjou, Jean de Berry, Louis de Bourbon et Philippe de Bourgogne, assurent la régence. Ils profitent de leur pouvoir pour dilapider les ressources du royaume et instaurer de nouveaux impôts pour leur profit personnel.

C’est ainsi que le 28 février 1382, le duc d’Anjou instaure une nouvelle taxe sur les comestibles. Dès le lendemain, sur le marché, un percepteur est massacré alors qu’il réclame l’impôt à une marchande.

C’est le début de la révolte. Les bourgeois de Paris, déjà exaspérés par les désordres de la cour, se rassemblent et se soulèvent.

Ils s’emparent de l’Arsenal et de l’Hôtel de ville. À l’intérieur de celui-ci, ils trouvent environ deux mille maillets de plomb entreposés en prévision d’une attaque de la ville. Ils s’en emparent (d’où leur surnom de « Maillotins ») puis descendent dans la rue. Ils s’en prennent aux juifs, dont plusieurs sont massacrés, et aux percepteurs.

Le conseil de régence instaure sans attendre la loi martiale. On ferme les portes de Paris et tend des chaînes à travers les rues. Les émeutiers demandent à parlementer. Le 4 mars, le roi consent à abolir la taxe incriminée et accorde l’amnistie aux émeutiers sauf aux meneurs. Une douzaine d’entre eux sont pendus.

Mais la situation reste tendue. La monarchie a besoin d’argent pour mener la guerre contre les milices flamandes et ne renonce pas à lever de nouveaux impôts.

Enfin, les Flamands de Jacob van Artevelde sont écrasés à Rosebeke le 27 novembre 1382. Le jeune roi entre en vainqueur dans la capitale, à la tête de ses troupes. Là-dessus, en janvier, le conseil de régence fait arrêter un grand nombre de suspects parmi les marchands et les notables de la ville. Puis il rétablit à compter du 1er février les aides et autres impôts indirects. Il supprime également la prévôté des marchands, l’équivalent de la mairie de Paris, par laquelle les bourgeois sont associés à l’administration de la capitale. Enfin, le 1er mars, le roi consent à accorder son pardon aux Parisiens.

La révolte des Maillotins est la dernière et la plus grave des grandes révoltes fiscales qui secouent le pays en ces premières années de régence, après la révolte des « Tuchins » en Languedoc et les « Hardelles » à Rouen.

Éphémère éclaircie

En 1388, le roi Charles VI reprend en main les affaires du royaume. Il chasse ses oncles prévaricateurs et rappelle les sages conseillers de son père, gens de modeste extraction, que les princes surnomment avec mépris les « Marmousets ». Ce terme péjoratif désignait à l’époque les parvenus. Il vient du nom donné aux figures grotesques qui ornent les heurtoirs de portes.

André Larané.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message