11 juillet 1302 Les milices communales flamandes écrasent l’armée du roi Philippe le Bel

mercredi 14 juillet 2021.
 

Le 11 juillet 1302, l’armée féodale du roi Philippe le Bel rencontre les milices communales de Flandre aux abords de la forteresse de Courtrai. Cette bataille survient quelques semaines après les « Matines de Bruges », une journée qui vit le massacre de la garnison française de la ville.

Les milices humilient les chevaliers

Les milices flamandes, les « Klauwaerts » (du parti de la griffe), encadrées par quelques chevaliers, prennent position sur une hauteur, au bord de la Lys. Les chevaliers français, en bien plus grand nombre, s’établissent sur la colline du Pottelberg, au sud de la ville. Ils sont organisés en une dizaine de troupes, sous le commandement de grands seigneurs tels le comte d’Eu, le comte d’Aumale, le connétable Raoul de Nesle, le comte de Saint-Pol...

La bataille commence avec l’intervention des arbalétriers français. Ils repoussent leurs adversaires puis les « piétons » (nom donné au Moyen Âge aux soldats à pied ou fantassins) se mettent en marche pour achever d’écraser l’ennemi.

Le comte Robert II d’Artois, qui commande l’armée française, lance à son tour sa chevalerie à l’attaque. Mais dans leur impatience d’en découdre, les chevaliers bousculent les malheureux piétons, tout cela pour s’embourber et chuter dans les fossés derrière lesquels s’abritent les Flamands. La bataille s’achève pour les Français sur un désastre sans nom.

Robert d’Artois lui-même est tué, les assaillants dédaignant de le capturer pour en tirer rançon (sa fille Mahaut et son petit-fils, également prénommé Robert, seront au coeur de la saga de Maurice Druon : Les rois maudits).

Les Flamands ramassent dans la boue de la plaine de Groeninghe les ornements abandonnés par les chevaliers français. Ces fameux éperons d’or iront orner l’église Notre-Dame de Courtrai.

Le mythe national

Le grand historien belge Henri Pirenne a voulu voir dans la « bataille des éperons d’or » la première manifestation de l’unité belge par le fait que des gens du comté de Namur (Wallonie actuelle) combattirent aux côtés des Flamands. Aujourd’hui, beaucoup de Flamands y voient quant à eux l’affirmation de leur nation.

Ces deux interprétations relèvent l’une et l’autre de l’idéologie davantage que de l’Histoire, les consciences nationales étant encore inexistantes au début du XIVe siècle, avec des combattants de toutes origines dans les deux camps. Le fait essentiel est que la bataille de Courtrai et la paix d’Athis qui lui fera suite fixeront la frontière septentrionale de la France.

Vers une paix durable

Philippe le Bel obtiendra une revanche deux ans plus tard à la bataille de Mons-en-Pévèle où il combattra lui-même vaillamment en première ligne. Les Français récupèrent illico les éperons et les transfèrent dans une église de Dijon !

Le 23 juin 1305, une paix de compromis signée à Athis permettra au roi de France d’annexer seulement Lille, Douai et Béthune. La France aura alors atteint la frontière qui sera encore sienne sept siècles plus tard en dépit de nombreuses guerres.

Dans les clauses du traité d’Athis qui conclut le conflit de Flandre, les Brugeois ne sont pas oubliés : « Le devant dit notre sire le roi pourra punir trois mille personnes de la ville de Bruges et du terroir d’icelle, celles qui lui sembleront les plus coupables des faits passés, c’est à savoir par voyages et pèlerinages : mille outre-mer s’il lui plaît, et deux mille où il lui plaira mieux en deçà de la mer, et tant comme il lui plaira. »

Il faut savoir que la ville de Bruges compte alors trente mille habitants. Obliger le dixième de la population à des pèlerinages en terre lointaine revient à ruiner la ville. Les Flamands dénoncent un « traité de misère ». En définitive, lorsque le traité sera enfin appliqué en 1307, la peine des pèlerinages sera commuée en une amende de 300 000 livres.

André Larané


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