En Grèce, la colère de la base secoue les syndicats

jeudi 25 mars 2010.
 

Les salariés montrent leur détermination et exigent des actions fortes pour empêcher le super plan d’austérité du gouvernement socialiste de Georges Papandréou.

« Les syndicats n’en font pas assez  ! Il faut organiser plus de manifestations, appeler de nouveau à la grève générale et aussi trouver d’autres formes d’action. » Lea tient ces propos avec une conviction forte qui laisse aussi transpercer une inquiétude, celle de l’insuffisante réaction dont fait encore preuve, à ses yeux, sa confédération syndicale, la GSEE (regroupant les salariés du secteur privé). Mère de deux filles, cette secrétaire dans une agence de voyages gagne aujourd’hui environ 1 200 euros. Un petit salaire, et, pour elle, « il faut agir » car « les conditions de vie vont encore se dégrader » dans le pays. Lea est syndiquée. Mais chaque jour, la confiance qu’elle a envers les dirigeants de son organisation s’effrite. « Ils sont tous membres du Parti socialiste (Pasok, au pouvoir depuis cet automne – NDLR) », explique-t-elle.

Corinne a vingt-sept ans, diplômée de la faculté des lettres d’Athènes. Au chômage, elle est encore plus incisive  : « Les appareils syndicaux ne sont que le bras du gouvernement  ! » lance-t-elle. De toute évidence, lesdits appareils sont débordés par une base déterminée. Car l’opinion a basculé. Entre 60 et 80 % des personnes interrogées refusent désormais ce que le gouvernement leur réserve  : coupes dans la protection sociale, gel des salaires, augmentation de la TVA… (alors que des enquêtes effectuées avant les grèves pointaient encore un soutien au gouvernement).

Il y a quelques mois, pourtant, les Grecs avaient voté pour le Pasok, espérant le changement. Il semble que l’annonce, le 3 mars, d’une troisième vague de « purges » ait eu l’effet de la goutte d’eau de trop. Depuis, il ne se passe plus un jour sans que des actions « spontanées » de protestation aient lieu  : manifs, rassemblements devant des institutions publiques…

Du côté de la gauche radicale (Synaspismos et Parti communiste – KKE), on affiche sa détermination à tout faire pour « empêcher ce plan d’austérité ». Dans le secteur privé, jamais la participation aux mouvements récents n’avait été aussi importante. Comme chez Metropolis, une chaîne de vente de produits culturels. La raison  ? Au prétexte de la crise, le patron se propose de ne plus faire travailler ses équipes que quatre jours par semaine, réduisant leurs salaires de 20 %. Sachant que la hausse de la TVA risque de peser particulièrement sur l’activité de la chaîne.

Incontestablement, le plan d’austérité risque de faire exploser la pauvreté dans un pays déjà bien touché par ce fléau. Dans la base déterminée, on attend avec impatience le 24 mars, date de la journée d’action européenne programmée par la Confédération européenne des syndicats.

Fabien Perrier


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